mardi 3 avril 2012

De Medicine Hat à Etzikom ou Tintin au Canada.



Imaginez d’abord une province, l'Alberta, ainsi nommée en l'honneur de la princesse Louise Caroline Alberta, quatrième fille de la reine Victoria. Pour un français digne de ce nom, ça commence mal. Pour le Sud du 55° de latitude Nord et à l'Ouest du 111° de longitude, le blase couronnée d'un rejeton d 'une reine allemande, impératrice des Indes.  
En bref, tous ces gens sont des sujets et ont le portrait d'une vielle gâteuse sur leur biffetons. Nous, en France, nous sommes des citoyens. Ce qui est différent. Raisonnement polémique... c'est donc français!
La-bas, en Alberta... une ville: Medicine Hat. "L’enfer comme sous-sol" selon Kipling (c'est LA ville du gaz!). Rien que le nom. Qu'est ce que c'est ? Chapeau de médecin? Médecine du chapeau? Une ville avec un nom de gallurin. On aura tout vu. Bizzare... Sauf que la-bàs, c'est tout a fait normal. 
C'est THE HAT. 
En fait, une bourgade de colons devenu une ville et dont le centre "historique", au sens européen du terme, est une gare, plus quelques vieux hôtels en briques digne d'une nouvelle de Jack London ou Kerouac. Vous savez ces grandes bâtisses de western victoriens. Aujourd'hui leurs rez de chaussée est occupée par ces espèces de troquets locaux qui ne sont ni des pubs ni des bars, mais des débits de boissons gigantesques où la jeunesse locale peut venir s'amuser. A l’entrée, une pancarte indique que les militaires ne sont pas les bienvenus. Il s'agit des militaires "anglais" casernés dans ce coin de l'empire et qui comme toujours, provoquent des troubles et des bagarres quand leur vient l'idée de s'en jeter un.



La ville, c'est encore quelques quadrilatères bien jetés. Des tatoueurs, des boutiques, des banques, des feu rouge qu'ici les gens respectent et des sortes de "starbucks" fréquentables. Je dis ça parce que, là-bas, ça reste dans l'esprit "local". Mais, comprenez moi! Quant on voit que dans une ville comme Paris, une ville où la tradition (la bonne) est aussi dans les troquets, les comptoirs en zincs et les loufiats malpolis, quand on voit  que des connards viennent siroter un café dans une boîte en carton sur canapé. Je parle des starbucks... Ces lieux n'ont rien à faire dans une ville comme Paris. Un jour, pour le bien-être culturel de la vieille capitale, il faudra faire sauter ces lieux de perdition. Un jour...
Je m'égare.



Alors dans les rues de Medcine Hat, a part les grosses voitures dont les canadiens sont si friands à l'instar de leurs "cousins" étatsuniens.  Pas de flics. De tout mon séjour dans cette lointaine contrée, je n'aurais pas vu l'ombre d'un flicard. 
Heureux pays. 
J'ai vu deux peaux-rouges, un couple. Pas très jeune. Ils sortaient du "Trading Post" de la Nation Métis. A travers la vitre, je vois un immense portrait de Louis Riel, chef et prophète malheureux de la cause métisse de la Rivière-Rouge à la Saskatchewan, pendu par les british en 1885. En Alberta, les Métis, ces descendants d'indiennes et de coureurs des bois français, mais aussi (dans une moindre mesure) anglais, écossais, irlandais sont plusieurs dizaines de milliers. A vrai dire, de nos jours, comme nos vieux alliés Hurons au Québec, ils ressemblent à n'importe quel européen. En un peu plus brun.



La bonne femme qui tient le lieu est fort aimable, elle est elle même descendante de métis francophone, mais ne parle pas français... Je m’escrime avec mon angliche aussi accentué que Louis de Funès ou Claude François. C'est dur. Pour quelques bifetons, elle me refile une cassette audio de musique "proud to be metis", une écharpe et quelques gadgets. D'après ce que j'ai compris, les métis et les indiens subissent encore une forte discrimination. En tout cas, l'Etat canadien a bien fait son boulot. Ici, les gens de descendance francophone ne parlent plus guère le français. A noter que pourtant, le Canada reconnaît le français comme langue officielle au même titre que l'anglais. J'ai eu plusieurs fois cette désagréable surprise. A une exception près, chez un antiquaire, où un grand diable barbu m'a parlé français, presque heureux de pouvoir s'exprimer dans ce qui semblait être sa langue maternelle.
Ceci dit, les gens sont très avenants, courtois, aimables. Autant au fond de l'Acadie, quand on dit que vous êtes les français, les gens se jettent sur vous pour vous rouler des pelles. A Medicine hat, c'est à peu près la même chose, mais de façon moins démonstrative, moins française quoi! Les gens viennent facilement vers vous pour parler, causer. Malgré l'Histoire, ce sont des espèces d'anglais francophiles. 
Étrange, n'est-ce pas ?


Aux alentours, il y a encore cette fabrique de poterie. The Medalta potteries. Autrefois commerce florissant (on fabriquait des briques, des tas de briques). Aujourd'hui, c'est plus touristique, disons traditonnel. Le musée. Un FLQ tracée dans la neige (c'est plus fort que moi,même si la vieille province est à des milliers de kms). La tasse avec au fond "Now back to work." C'est aussi ça Medicine Hat! J'ai quand même fait remarquer au guide que cette devise n'allait guère avec mon poil dans la main très-français.








Quittons la ville. Autour c'est un décor digne de "Dans avec les loups". La prairie, rien que la prairie et les rocheuses qui se profilent à l'horizon. L'Alberta, le trou du cul du monde ? Pas vraiment. Mais le bout de l'empire britannique. Le long des routes est bordée de casinos et de vieilles églises en bois, abandonnée. Il faut dire que dans Medicine Hat, des églises, il y en a tout les coins de rues.
Plus loin, assez loin même, il y a Etzikom. C'est un hameau dont le nom est d’origine Blackfoot. Pas mal de gens ont déserté l'endroit pendant la crise des années 30. Pour le coup, on a vraiment l'endroit l'impression d'être au bout du monde. Mais ou est Clamart et le Kremlin-Bicêtre? Etzikom, c'est là qu'on m'avait emmené et merde c'était bel et bien l'endroit le plus magnifiquement sinistre qu'on puisse imaginer.

Quelques tofs. D'abord des environs de Medicine Hat et puis de ce charmant endroit qu'est Etzikom, où au moins on est sûrs que personne ne viendra vous faire chier.


















































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire