samedi 30 juin 2012

Passion de détruire.



La passion détruite se transforme en passion de détruire.

Raoul Vaneigem.

COMPRENDRE LA GUERRE DE SÉCESSION


Docteur en histoire, Farid AMEUR est spécialiste des Etats-Unis. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont La Guerre de Sécession (PUF, 2004), La victoire ou la mort !, Les derniers jours de Fort Alamo (Larousse, 2007), Le Ku Klux Klan (Larousse, 2009), Sitting Bull, héros de la résistance indienne (Larousse, 2010) et Philippe d'Orléans, comte de Paris, Voyage en Amérique, 1861-1862. un prince française dans la guerre de Sécession (Perrin, 2011).





ENTRETIEN AVEC FARID AMEUR, COMPRENDRE LA GUERRE DE SÉCESSION

« Beaucoup de gens s’imaginent que les nordistes ont pris les armes pour débarrasser leur pays de la plaie de l’esclavage. C’est inexact. »

Le traumatisme de la guerre de Sécession est-il encore perceptible aux États-Unis ?

Tout à fait. Depuis maintenant cent cinquante ans, cette tragédie tient une place particulière dans la mémoire collective. C’est le seul conflit qui ait opposé des Américains à d’autres Américains. Et si l’on regarde de près, les cicatrices ne sont pas totalement effacées. Le traumatisme est encore palpable dans certains états du Sud, comme le Mississippi, l’Alabama et l’Arkansas, où persistent violence, pauvreté et tensions raciales. Par bravade, nombre de sudistes continuent à appeler « Yankees » leurs compatriotes du Nord. Surveillés de près par le FBI, des extrémistes se regroupent dans des organisations patriotiques, des clubs de tir et des sociétés secrètes comme le Ku Klux Klan. L’occasion, pour eux, d’évoquer avec nostalgie la civilisation esclavagiste du Sud, de brandir le drapeau confédéré à tous crins et d’entretenir le mythe de la « cause perdue ». Bref, un héritage encombrant avec lequel les autorités publiques ont parfois du mal à composer.

La victoire d’Abraham Lincoln à l’élection présidentielle de 1860 qui entraîne une première sécession de sept états du Sud est-elle un premier pas vers la guerre ?

Les sudistes ont fait un procès d’intention à Abraham Lincoln. Son élection a créé une onde de choc dans le Sud. La victoire du candidat républicain, un parti fondé en 1854 et porté par le Nord, y a été ressentie comme une menace à l’égard des propriétaires d’esclaves. La répartition géographique des suffrages, d’ailleurs, a clairement démontré que nordistes et sudistes empruntaient des voies irréconciliables. Malgré ses positions modérées, Lincoln, qui a bénéficié des divisions du Parti démocrate, s’est vu l’élu d’une partie de la nation, celle vivant dans le Nord et l’Ouest. À cette époque, le nouveau président entrait en fonction le 4 mars, soit quatre mois après son élection. Ce délai a été habilement mis à profit par les sécessionnistes pour organiser une levée de boucliers. Le 20 décembre 1860, la Caroline du Sud a été la première à franchir le pas décisif en proclamant l’Union dissoute. Dans un climat d’exaltation populaire, la rébellion s’est alors étendue à la majorité des états esclavagistes. En février 1861, lorsque la Confédération prend forme, elle compte déjà sept états. Au total, elle en rassemblera onze, de la Virginie au Texas. Mais, contrairement à une idée reçue, les Américains espéraient éviter de recourir aux armes. Une conférence de la paix s’est d’abord tenue, sans succès, à Washington. Jefferson Davis, le président des états confédérés, a répété que les sudistes désiraient avant tout que le gouvernement fédéral les « laisse en paix ». De son côté, Lincoln a lancé des paroles d’apaisement, de conciliation et des appels à la fraternité lors de son discours inaugural. Mais aucun terrain d’entente n’était possible…

Quel événement va finalement mettre le feu aux poudres ?

Le bombardement de Fort Sumter, un bastion fédéral situé à l’entrée de la baie de Charleston, en Caroline du Sud. Fidèle à l’Union, le commandant de la garnison avait refusé d’évacuer cette position stratégique. Le 12 avril 1861, les canons confédérés ont commencé à tonner. Cet acte d’hostilité a aussitôt précipité le pays dans la guerre civile. L’opinion nordiste a été indignée de l’insulte faite à la bannière étoilée. Elle a crié à la trahison et réclamé un châtiment exemplaire. En apprenant la nouvelle, le président Lincoln s’est résigné à choisir la manière forte pour faire respecter l’autorité du gouvernement national. Personne ne pouvait alors imaginer que la lutte allait durer quatre ans !

Les états du Sud étaient-ils, par tradition, plus indépendantistes, refusant la tutelle d’un gouvernement fédéral ?

Sans aucun doute. En 1832, la Caroline du Sud avait déjà menacé de faire sécession pour protester contre le vote d’un tarif protectionniste qui affectait son économie exportatrice. D’une manière générale, les sudistes s’enorgueillissaient de leur civilisation agrarienne et patricienne, ce « Dixieland » qu’il jugeait supérieur à l’Amérique des affaires, de l’industrie et du profit que symbolisait le Nord. Ils étaient farouchement attachés à leurs particularismes locaux et aux droits des états. Mais il faut préciser qu’au milieu du XIXe siècle, le sentiment national est encore embryonnaire aux États-Unis. On se sentait orléanais, louisianais et sudiste avant d’être un Américain.

La sécession prend-elle en réalité ses racines dans l’histoire des États-Unis, dès l’indépendance du pays ?

La guerre civile est un pur produit de l’histoire américaine. À vrai dire, elle est le fruit d’un demi-siècle de rivalités internes. Le contraste était frappant entre le Nord, fer de lance de l’industrie et du progrès, où l’on prônait des vertus égalitaristes, et le Sud, terre d’élection d’une société patriarcale et agrarienne fondée sur l’institution de l’esclavage. Deux mondes les opposaient. Ce clivage n’a fait que s’accentuer au fil des années car il existait entre eux un antagonisme de mœurs, d’instincts, mais aussi d’intérêts. Sur le plan économique, les divergences étaient nettes entre le protectionnisme préconisé par le Nord et le libre-échange réclamé par le Sud pour favoriser ses exportations de coton, sa principale source de production et de richesse. Surtout, les tensions se sont cristallisées autour de la question de l’esclavage. Au-delà du débat moral, celle-ci est devenue peu à peu un problème politique à mesure que s’est développé le mouvement d’expansion vers l’Ouest. Très vite, les planteurs du Sud et les fermiers libres du Nord se sont disputés la possession de ces terres réputées riches et fertiles. En partie parce que la culture du coton épuise les sols, les sudistes voulaient y exporter le modèle de la plantation, donc le système esclavagiste, ce qui portait directement atteinte aux intérêts politiques et économiques du Nord. À trois reprises, le gouvernement fédéral a recouru à des compromis pour contenter les deux parties. Mais ils n’ont apporté qu’un équilibre précaire. Le mal était trop profond. Dans le Kansas, notamment, une guérilla sanglante a opposé des propriétaires d’esclaves à des colons antiesclavagistes. Ce fut une sorte de préambule à la guerre civile…

L’abolition de l’esclavage est-elle le seul but idéologique de cette guerre ?

Beaucoup de gens s’imaginent que les nordistes ont pris les armes pour débarrasser leur pays de la plaie de l’esclavage. C’est inexact. Dès le début, Lincoln a refusé d’apparenter sa politique à une sainte croisade pour libérer les esclaves. Il l’a dit et répété. Son objectif dans cette lutte est de restaurer l’Union, non de sauver ou de détruire l’esclavage, ne serait-ce que pour rassurer les états esclavagistes qui n’ont pas fait sécession. À ses yeux, les sudistes ont porté sur la Constitution une main parricide, et la guerre devait servir à préserver les acquis de la révolution américaine. La sécession remettait en cause la pérennité de la nation, son idéal de bonheur et de prospérité. Sur la question de l’esclavage, Lincoln a avancé ses pions à pas comptés. À mesure que s’est prolongée la résistance du Sud, il en est venu à se montrer opportuniste. Sa politique s’explique autant par ses convictions personnelles que par la pression exercée par les radicaux du Parti républicain, encore que des mobiles de politique étrangère soient entrés en considération. Le 1er janvier 1863, il a signé l’acte d’émancipation des esclaves, ce qui a donné une nouvelle dimension à la lutte. À compter de cette date, la cause de l’Union était aussi celle de l'abolition de l’esclavage…

On a du mal à comprendre encore aujourd’hui que l’esclavage ait été autorisé dans un pays qui prône les libertés. Comment l’expliquer ?

L’esclavage est un legs du passé. Chose singulière, il est presque aussi ancien sur le sol américain que la colonisation britannique puisque les premiers esclaves ont débarqué dans le port de Jamestown, en Virginie, en 1619. En 1787, les Pères de la Constitution américaine ont été unanimes pour dénoncer l’horreur de la condition servile et ils ont bien songé à abolir l’esclavage, qui leur paraissait incompatible avec les idéaux exposés dans la Déclaration d’indépendance. Mais ils n’ont rien fait d’autre que de prescrire la suppression de la traite à partir de 1808, pensant que cela signifierait son arrêt de mort. Tout au contraire, l’esclavage a pris un essor imprévu dans les états du Sud au début du XIXe siècle avec le développement de la culture du coton. À la veille de la guerre de Sécession, il y a presque 4 millions d’esclaves dans le Sud. Les sudistes, qu’ils possédaient ou non des esclaves, étaient attachés à ce qu’ils désignaient pudiquement sous le nom d’ « institution particulière ». Les propriétaires avaient besoin de cette main-d’œuvre servile pour accroître le rendement des récoltes. Ceux qui n’en possédaient pas se raccrochaient aux privilèges que leur conférait leur couleur de peau. Et, contrairement à ce que l’on croit, peu de nordistes adhéraient aux thèses abolitionnistes et étaient encore moins tentés par le militantisme antiesclavagiste. Entre le Nord et le Sud, l’esclavage était plus un problème politique qu’un débat moral.

La bataille de Gettysburg au début de juillet 1863 où le général Lee est défait par les forces de l’Union marque-t-elle un tournant de la guerre ?

Bien sûr. Le général Lee voulait porter un coup décisif en envahissant la Pennsylvanie et, de là, menacer Washington par le Nord. Lancées à sa poursuite, les forces de l’Union l’ont obligé à livrer bataille sur un terrain qu’il n’avait pas choisi. Après trois jours de combats, Lee perd environ le tiers de ses troupes… Cette défaite a condamné le Sud à une stratégie plus défensive sur le front de l’Est. Inversement, du côté nordiste, la victoire a été célébrée en grande pompe, d’autant qu’elle est intervenue après une série de revers… L’été 1863 est décisif également sur le front de l’Ouest. Le 4 juillet 1863, le général Grant a obtenu la reddition de la citadelle de Vicksburg, sur le Mississippi, succès d’une importance cruciale dans la mesure où il a coupé la Confédération en deux et octroyé aux nordistes la navigation intégrale sur le grand fleuve. L’Union était aux portes du Vieux Sud…

Cette guerre, sur le terrain, oppose-t-elle la force numérique du Nord aux stratèges du Sud ?

Oui, en quelque sorte. Le Sud comptait dans ses rangs de brillants stratèges, tels que Lee, Jackson, Stuart, Longstreet et Beauregard. Presque toujours en infériorité numérique, ils ont su remporter de belles victoires et prolonger la résistance pendant quatre ans. Mais les Unionistes n’ont pas été en reste. Les soldats nordistes étaient aussi valeureux que leurs adversaires. Lincoln, malheureux dans ses premiers choix, a fini par trouver la perle rare pour conduire l’armée fédérale en la personne du général Grant. Ses principaux lieutenants ont été aussi à la hauteur de la situation pour inverser la tendance et tirer plein avantage de la supériorité de leurs moyens humains et matériels. Sur le front de l’Ouest, Sherman a mené une guerre de dévastation qui a affaibli le ressort moral des Sudistes. En Virginie, la cavalerie de Sheridan a mené d’importantes opérations de harcèlement pour détruire les communications adverses. La ténacité a fini par prendre le dessus sur le talent…

Comment expliquer cette guerre dans la guerre à laquelle on assiste à l’ouest du Mississippi, qui est également le théâtre de massacres atroces perpétrés entre autres par William Quantrill ou William Anderson au nom de la Confédération !

Au début des hostilités, le mouvement sécessionniste n’a pas réussi à gagner ces états frontaliers, notamment le Kentucky et le Missouri, où l’esclavage était légal. Le Kansas, tout près, n’avait pas encore le statut d’état fédéré, mais les mêmes divisions y avaient cours. Ces territoires sont restés fidèles à l’Union, mais une partie de la population n’a pas caché ses sympathies pour la cause rebelle, si bien que les deux camps y recrutaient des volontaires. De plus, les routes y étaient rares et peu sûres, tout comme les villes. Très nombreux dans l’armée fédérale, les immigrants allemands s’étaient fait connaître pour leurs penchants abolitionnistes et étaient la cible des pro-esclavagistes. De vieilles inimitiés ont refait surface… Sur ce théâtre des opérations, la guerre a donné lieu à des règlements de comptes entre voisins. Des bandes de partisans ont vu le jour. Dans le Missouri, en particulier, une terrible guérilla a fait rage entre les Bushwackers, ces francs-tireurs confédérés chez lesquels le jeune Jesse James fait ses premières armes, et les Jayhawkers, ces sympathisants de l’Union tout aussi enclin à la maraude et au pillage. Une véritable école pratique de banditisme pour nombre de futurs hors-la-loi…

Dans quel état cette guerre de Sécession laisse-t-elle les États-Unis sur le plan humain, économique, politique et social ?

Le pays sort exsangue de ces quatre années de lutte. Environ 620 000 Américains, peut-être plus d’après des estimations récentes, ont payé de leur vie l’expérience de la guerre civile, soit 2,5 % de la population totale. En moyenne, un combattant sur cinq a été tué. C’est sans compter les blessés, invalides et mutilés dont le nombre est difficile à évaluer. Plus touché proportionnellement, le Sud a perdu 20 % de sa population active. La marche des armées et l’intensité des combats ont réduit les états sécessionnistes en cendres. Richmond, Atlanta et Savannah, pour ne citer que quelques exemples, ont été livrés aux flammes. La reconstruction nationale a été rendue plus difficile par la disparition brutale de Lincoln, assassiné dans un théâtre de Washington le 14 avril 1865, seulement cinq jours après la capitulation du général Lee… Pour veiller au maintien de l’ordre et garantir aux Noirs leurs nouveaux droits, le gouvernement fédéral a écarté les anciens dirigeants rebelles des affaires publiques et appliqué la loi martiale, au grand dam des sudistes, rendus amers par le poids de la défaite et la suppression de l’esclavage, institution sur lequel reposait tout leur édifice socio-économique. Il a fallu attendre 1877 pour que les dernières troupes fédérales d’occupation quittent le Sud. Cela n’a pas résolu tous les problèmes. La rancœur est restée vive. Ce n’est qu’en 1941, pour vous donner un exemple, que les habitants de Vicksburg, dans le Mississippi, hissent à nouveau la bannière étoilée pour les festivités du 4 juillet. Les ratés de la Reconstruction ont favorisé l’éclosion d’un climat de violence endémique et de tensions sociales. Les ravages de la guerre ont condamné les Etats du Sud à un sous-développement tenace dont ils ne sont sortis, pour la plupart, qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, suite aux travaux entrepris dans le bassin du Mississippi, l’exploitation du gaz et du pétrole dans le golfe du Mexique et, enfin, la migration des Américains vers la Sun Belt. Surtout, l’abolition de l’esclavage n’a pas réglé la question raciale. En 1896, la Cour suprême, par l’arrêt Plessy versus Ferguson, a reconnu la légalité des lois discriminatives que les Blancs conservateurs du Sud avaient remis, peu à peu, au goût du jour pour rétablir l’ancien ordre social. La désagrégation a été un long processus. Elle a durablement marqué les mémoires. Malgré les garanties constitutionnelles fédérales, les Noirs américains devront patienter jusque dans les années 1960, sous la présidence de Lyndon Johnson, pour conquérir, enfin, la plénitude de leurs droits civiques.

Malgré l’épisode traumatisant qu’a été la guerre de Sécession pour tous les Américains, signifie-t-elle la naissance d’une nation enfin unie ?

Absolument. La guerre a servi à cimenter la nation américaine. En assurant la pérennité de l’Union, elle a préservé les fondements d’un pays dont Alexis de Tocqueville avait prédit l’essor. Cette expérience macabre a constitué les Américains en un peuple uni, conscient de vivre une aventure commune. Ce qui revient à dire qu’on peut parler, à juste titre, d’une deuxième naissance des États-Unis.



Propos recueillis pas Nicolas Valiadis

DANS UNE STATION DE METRO


DANS UNE STATION DE METRO
L'apparition de ces visages dans la foule:
Pétales sur un rameau humide, noir.

Ezra Pound

vendredi 29 juin 2012

SILAS SOULE - Un combat pour la dignité et la vérité.

O captain, yes, my Captain Silas Soule, a greater one than Lincoln...

James E. Tochihara

You and Mother write for me to be a Christian and not to be too wild, etc., but the Army don’t improve a fellow much in that respect.  

SILAS SOULE.




Silas Stillman Soule (1838-1865) eut une vie brève mais les circonstances historiques le placèrent plusieurs fois au centre de luttes américaines contre des injustices.

Il est né le mardi 26 juin 1838 en Nouvelle-Angleterre, à Woolwich plus exactement, dans le Maine. Deux de ses aïeux, George Soule et John Alden étaient venus avec le Mayflower en 1620. Son père, Amasa Soule (1804-1860), était un abolitionniste religieux (certains textes l'appellent le Révérend Soule mais il n'y a pas de trace qu'il ait été pasteur, en revanche il a pu être imprimeur, voir simplement tonnelier). C'était en tout cas un homme lettré et la soeur de Silas, Annie, a raconté à quel point la lecture de "La Case de l'oncle Tom" enflammait la famille poussa sûrement Amasa de rejoindre le Kansas, afin d'en faire un Etat libre et où l'esclavage ne serait pas toléré.



La Guerre du Kansas - "Bleeding Kansas"

En effet, à l'époque, une des questions qui électrisait l'opinion publique était de savoir si les nouveaux territoires frontaliers comme le Kansas, ferait partie du nord ou bien du sud, esclavagiste.
Dès 1854, les Sudistes se battent pour que ces nouveaux Territoires acceptent l'esclavage (afin de garantir la pérennité du système aux USA et éviter que les Etats "libres" n'aient la majorité). En mai 1854, avec l'accord du Président démocrate Franklin Pierce, la Loi sur le Kansas et le Nebraska énonce que ces territoires pourront choisir par vote populaire des habitants d'être Etat Libre ou esclavagiste.

Des abolitionnistes créent alors une société, "The Massachusetts Emigrant Aid Company", pour envoyer des colons favorables à leur cause au Kansas. Au même moment, les Sudistes, notamment de l'autre côté du fleuve Missouri, ont aussi organisé leur société, les "Missourian Emigrates" (que la presse appellera aussi les Border Ruffians). Dès la formation de leur groupe, ils menaçaient de mort tout abolitionniste qui s'installerait au Kansas. Les missouriens demeurent souvent dans leurs Etat mais viennent acquérir des terrains au Kansas pour pouvoir peser sur la future Constitution de l'Etat. On a donc deux types de colons, ceux qui veulent créer une prolongation du sud esclavagiste vers l'ouest et ceux qui veulent au contraire établir une barrière contre ce dernier. C'est sans compter ceux qui n'ont pas de camp à proprement parler, établissent des liens avec le plus offrant, agissent selon leurs propres intérêts, voir prennent prennent parti, mais uniquement dans un but politique personnel ou pour se laver de déboires financiers (on pense à "Jim" Lane...) 

Les Soule, ne seront pas de ceux-là.


Amasa Soule est un abolitionniste fervent, lecteur de The Liberator et admirateur du fondateur de ce journal, le radical William Lloyd Garrison (1805-1879, celui qui disait que si la Constitution protégeait l'esclavage, il valait mieux la brûler ou plus solennellement: "La constitution américaine en tant que contrat entre le nord et le sud est un pacte avec la mort et un accord avec l'enfer.") C'est d'ailleurs on son honneur, que le fils aîné de la famille Soule s’appelle William. Accompagné de ce dernier, Amasa Soule quitte la Nouvelle Angleterre et participe à l'automne 1854 à la création de Lawrence, une ville qui compte à peine 50 famille à l'époque et qui doit son nom à Amos Lawrence, célèbre philanthrope de Boston.


Lawrence en 1854.

Un an après, le reste de la famille, dont Silas (17 ans), ses soeurs Emily (15ans) et Annie (13 ans), quitte le confort de Chelsea, Massachusetts pour s'installer à Coal Creek, à quelques miles au sud de Lawrence. Parce que l'hiver fut rude, les femmes durent repartirent vers l'est, laissant seuls les hommes. C'est seulement quelques années plus tard, que la jeune communauté de Coal Creek  décidèrent qu'ils avaient besoin de loisirs, et a établi le Coal Creek "Social Library Association". Une bibliothèque dans laquelle chaque colon anti-esclavagiste pouvait rencontrer ses voisins, se réunir dans le but de chanter, lire ou de participer à des jeux en commun. La bibliothèque de Coal Creek existe encore dans le village de Vinland, elle est la plus ancienne du Kansas. À l'automne  2011, on pouvait encore visiter la bibliothèque le dimanche après-midi et se laisser guider par le bibliothécaire Martha Smith, petite-nièce de Silas Soule. Martha a fait fonction de bibliothécaire depuis Août 1926, et a eu 107 ans à en Septembre 2012.

Le bibliothèque de Coal Creek vers 1910.
Damned! Un portrait de Lane...

Dès cette époque, le jeune Silas travaille pour l'Underground Railroad, le réseau d'évasion des esclaves qui sont envoyés vers le Canada (car les Etats du Nord devaient renvoyer les esclaves en fuite, selon la "Fugitive Slave Law" de 1850 et l'affaire du malheureux Dred Scott en 1857). Silas connaît tous les recoins du Kansas par lesquels il fait passer les fugitifs vers la liberté au Nord.

Silas dans sa prime jeunesse.

La tension montre entre les deux camps de colons. En 1856, une foule menée par un Sheriff esclavagiste, vient détruire les bâtiments et imprimerie de la ville nouvelle de Lawrence. C'est ainsi que commence la "Border War" ou "Bleeding Kansas" entre ruffians du Missouri et abolitionnistes du Kansas. Après cette attaque, des Abolitionnistes (dont le célèbre John Brown) tuèrent (à coups d'épée) cinq colons esclavagistes.


Lawrence en 1856, après sa mise à sac par les ruffians du Missouri.

Les Abolitionnistes envoient des carabines Sharps à leurs colons (appelées les "Bibles du Kansas" car elles furent envoyées dans des caisses avec l'étiquette "Bible"). Silas Soule devient un Jayhawker (mot formé à partir de "blue jay", geai bleu et "sparrowhawk", épervier), un guerrillero en lutte contre les esclavagistes. Il est connu pour ses raids rapides (le nom subsiste encore comme celui de l'équipe de foot de Kansas University).

L'Evasion de John Doy

Le Dr John Doy était un médecin né en Angleterre qui était venu au Kansas pour participer à la fondation de la ville de Lawrence. Il participait aussi au réseau du Underground Railroad.

En janvier 1859, le docteur Doy et son fils furent capturés par des chasseurs d'esclaves missouriens près de Lawrence, alors qu'il faisait passer des esclaves en fuite. Doy et les esclaves furent conduits en prison à Saint Joseph, Missouri, juste de l'autre côté du fleuve.
Le Major James Abbot prit en juillet 1859 un groupe de dix miliciens dont Silas Soule. Soule monta une opération d'évasion et réussit à convaincre les gardiens de le laisser entrer dans la prison. Pour cela il usa de ses talents de "comédien". En effet Soule avait à plusieurs reprises travaillé avec des immigrants irlandais, il imitait leur accent à merveille. C'est donc en se faisant passer pour un ivrogne irlandais qu'il pu être arrêté et conduit dans la même prison que le docteur Doy. Ainsi le petit groupe réussit à délivrer le médecin de la prison sans tuer personne. Ils s'enfuirent à cheval, repassant la frontière missourienne de nuit dans des barques.






On appela les dix raiders, " The Immortal Ten". L'homme assis sur la photo est le docteur Doy et Silas Soule est l'avant-dernier à droite.

La Mort de John Brown

John Brown (1800-1859) était un des plus radicaux abolitionnistes. En août 1856, il avait défendu la ville d'Osawatomie (est du Kansas) contre une petite armée esclavagiste.


Financé par un groupe de philanthropes (les Six Hommes Secrets), Brown commence à lever des armes et des hommes pour une rebellion des esclaves du Sud. Il est capturé après le raid sur Harpers Ferry de l'armée et est condamné à mort en 1859 en Virginie.



Une nouvelle opération est montée pour sauver le militant.

Silas Soule (qui a 21 ans) vint tenter de le faire l'évader et réussit même à entrer dans la prison en se faisant passer pour un irlandais ivre. Technique qui avait réussit avec Doy et réussit également avec Brown, sauf que le vieux rebelle refusa catégoriquement de fuir sa geôle, disant qu'il était prêt à mourir en martyr de la cause de l'émancipation, arguant même que cela serat plus utile à la cause (ses actions radicales furent d'ailleurs désapprouvées par les Abolitionnistes, y compris le plus grand d'entre eux, l'ancien esclave Frederick Douglass, qui défendait une voie plus constitutionnelle).

John Brown fut pendu le 2 décembre 1859. Sa mort avait radicalisé les deux camps. La Guerre Civile éclata un an après avec la victoire électorale d'Abraham Lincoln (dont le programme se limitait pourtant à ne pas étendre l'esclavage).

Victor Hugo écrivit une lettre célèbre pour demander la grâce de Brown :

Devant une telle catastrophe, plus on aime cette république, plus on la vénère, plus on l’admire, plus on se sent le cœur serré. Un seul état ne saurait avoir la faculté de déshonorer tous les autres, et ici l’intervention fédérale est évidemment de droit. Sinon, en présence d’un forfait à commettre et qu’on peut empêcher, l'Union devient Complicité. Quelle que soit l’indignation des généreux états du Nord, les états du Sud les associent à l’opprobre d’un tel meurtre ; nous tous, qui que nous soyons, qui avons pour patrie commune le symbole démocratique nous nous sentons atteints et en quelque sorte compromis ; si l’échafaud se dressait le 16 décembre, désormais, devant l’histoire incorruptible, l’auguste fédération du nouveau monde ajouterait à toutes ses solidarités saintes une solidarité sanglante ; et le faisceau radieux de cette république splendide aurait pour lien le nœud coulant du gibet de John Brown.
Ce lien-là tue.

Lorsqu’on réfléchit à ce que Brown, ce libérateur, ce combattant du Christ, a tenté, et quand on pense qu’il va mourir, et qu’il va mourir égorgé par la République Américaine, l’attentat prend les proportions de la nation qui le commet ; et quand on se dit que cette nation est une gloire du genre humain, que, comme la France, comme l’Angleterre, comme l’Allemagne, elle est un des organes de la civilisation, que souvent même elle dépasse l’Europe dans de certaines audaces sublimes du progrès, qu’elle est le sommet de tout un monde, qu’elle porte sur son front l’immense lumière libre, on affirme que John Brown ne mourra pas, car on recule épouvanté devant l’idée d’un si grand crime commis par un si grand peuple.

Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.

Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté.


Le Massacre de Sand Creek et la Conscience du Capitaine Soule


Quand la Guerre Civile éclate (après la mort de son père Amassa), Silas Soule, qui n'a que 23 ans, devient officier comme volontaire dans la Cavalerie du Colorado.

Silas Soule en haut à gauche.

Son frère aîné, William Lloyd Garrison Soule, fut le Marshall de Lawrence pendant le second massacre de ce sanctuaire par les Missouriens, le 21 août 1863 (William ne fut pas blessé et finit sa vie comme politicien républicain en Californie).
Silas sert sous les ordres du Colonel John Chivington (1821-1892, un ancien militant abolitionniste).

Chivington.

En 1864, la Cavalerie est envoyée pour "pacifier" une révolte de Cheyennes. En novembre, partant de Fort Lyon, le colonel Chivington et 800 hommes appartenant aux 1e et 3e régiments de cavalerie du Colorado, ainsi qu'une compagnie du 1e régiment de volontaires du Nouveau-Mexique, mènent un raid sur le campement indien. Dans la nuit du 28 novembre, les soldats et miliciens s'enivrent aux alentours du camp. Le lendemain matin, Chivington ordonne à ses troupes d'attaquer. Chivington ne cachait pas qu'il avait pour doctrine que la seule solution était de les tuer tous.Un seul officier, (cependant appuyé par le lieutenant Joseph Cramer), le capitaine Silas Soule, refusa de suivre les ordres et demanda à ses hommes de ne pas ouvrir le feu. Le reste des troupes attaqua immédiatement, sans égards pour le drapeau des États-Unis flottant sur le camp, ni pour un drapeau blanc qui est brandi peu après les premiers coups de feu. Les soldats de Chivington massacrèrent la plupart des indiens présents, souvent désarmés.

Au cours de cet assaut, les troupes de l'armée perdent 15 hommes et plus de 50 sont blessés. Entre les effets de la boisson et le chaos résultant de l'assaut, la plupart de ces pertes sont imputables à des tirs amis. Les estimations des pertes indiennes sont de 150 à 200 morts, principalement des femmes et des enfants. Lorsque Chivington rédige son témoignage qui est plus tard produit devant un comité du Congrès des États-Unis, il estime que le nombre d'indiens tués se situe plutôt entre 500 et 600, et que la grande majorité d'entre eux étaient des hommes.

Une source Cheyenne rapporte qu'environ 53 hommes et 110 femmes et enfants ont été tués. Bon nombre des cadavres sont mutilés, et pour la plupart ce sont des femmes, des enfants et des vieillards. Chivington et ses hommes coiffent leurs armes, leurs chapeaux et leur équipement de scalps et différents morceaux humains, y compris des organes génitaux, avant d'aller afficher publiquement ces trophées de bataille à l'Apollo Theater et au saloon de Denver.

Chivington accusa le capitaine Soule d'insubordination et de lâcheté. Soule fut mis aux arrêts.


Silas Soule, accroupi en bas à droite.


Chivington déclara que ses troupes avaient combattu dans une bataille contre des indiens hostiles et l'action fut d'abord célébrée comme une victoire, quelques soldats arborant avec cynisme des parties de corps humain indiens comme des trophées. Cependant, le témoignage de Soule et de ses hommes, malgré les intimidations faites à son encontre, fit déclencher une commission d'enquête sur l'incident, qui conclut que Chivington a mal agi. Soule et les hommes qu'il commandait vinrent témoigner des crimes de guerre et de la volonté génocidaire de Chivington contre un camp de civils qui se rendaient.  


Il décrivit des atrocités. Voici un extrait d'une lettre qu'il écrit le 14 décembre 1864 :

The massacre lasted six or eight hours (...)

It was hard to see little children on their knees have their brains beat out by men professing to be civilized.

One squaw was wounded and a fellow took a hatchet to finish her, and he cut one arm off, and held the other with one hand and dashed the hatchet through her brain. One squaw with her two children, were on their knees, begging for their lives of a dozen soldiers, within ten feet of them all firing - when one succeeded in hitting the squaw in the thigh, when she took a knife and cut the throats of both children and then killed herself. One Old Squaw hung herself in the lodge - there was not enough room for her to hang and she held up her knees and choked herself to death.

Some tried to escape on the Prairie, but most of them were run down by horsemen. I saw two Indians hold one of anothers hands, chased until they were exhausted, when they kneeled down, and clasped each other around the neck and both were shot together.

They were all scalped, and as high as half a dozen taken from one head. They were all horribly mutilated. You would think it impossible for white men to butcher and mutilate human beings as they did.


Mais certains considéraient le témoignage de Soule comme une trahison de l'armée en pleine guerre dont Chivington qui dénonça Soule comme un menteur.
Entre temps, Silas Soule put concrétiser son projet de mariage avec Hersa Coberly. Celle-ci, née dans l'Illinois et venue à Denver avec sa famille au début de la ruée vers l'or dans le Colorado (1858-1859), était la fille de Sarah Coberly. Sa mère, qui avait demandée le divorce en 1863, depuis que son mari l'avait abandonnée, elle et ses quatre enfants (William, Jospeh, Hersa et Martha) tenait un hôtel à mi chemin entre Denver et Colorado Springs. Hersa, qui ne manquait pourtant pas de prétendants et qui était déjà une "femme de la frontière" malgré ses 19 ans, se laissa séduire par Silas Soule. Celui-ci, en plus de son humour et de ses manières affables, était quelque peu auréolé par son passé d'abolitionniste et de vétéran du "Bleeding Kansas".


Hersa Coberly qui allait devenir l'épouse de Silas Soule.


Le dimanche 23 avril 1865, Silas Soule (qui était devenu Marshall de Denver, Colorado) rentrait chez lui avec Hersa Coberly, la femme qu'il venait d'épouser trois semaines avant, le 1er avril. C'est alors qu'il fut abattu par Charles Squires, un des militaires qui avaient participé au massacre de Sand Creek. Ses funérailles, suivirent ainsi de peu son mariage. Certaines rumeurs de l'époque impliquent Chivington dans la réalisation de cet assassinat ou du moins la vengeance d'un de ces partisans (Squires en était un). 

Silas Soule au moment de son mariage.

Un des anciens subordonnés de Soule, le Lieutenant Cannon réussit à capturer Squires au Nouveau Mexique. Mais Cannon fut ensuite retrouvé assassiné à son tour et Squires put s'échapper. Il ne fut jamais retrouvé. Bien que nous ne pouvons rien afformer, c'est dire si la thèorie de Silas Soule, simple "victime de son devoir d'officier de Paix" peut paraître bancale, tant les rancunes, les haines, étaient exacerbés entre les partisans de Chivington et ceux qui avaient dénoncés le massacre de Sand Creek. De même, après les funérailles, les amis de Silas Soule s'occupèrent de mettre Hersa et sa famille en sécurité au Kansas. Elle ne revient au Colorado qu'un an plus tard où elle se remaria avec un mineur (Alfred Lea) en 1871, avant d'y mourir en 1879. Un de ses fils, Homer Lea, fut conseiller militaire en Chine et notamment auprès du révolutionnaire Sun Yat Sen, avant d'écrire des ouvrages de stratégie.



La Commission d'enquête du Sénat américain se prononça après son assassinat, déclarant que le massacre de Sand Creek avait été la pire infamie jamais accomplie par l'armée américaine (le massacre des Sioux Lakota de Wounded Knee n'eut lieu qu'en 1890). Certains pensent que l'intervention de Soule arrêta de nouveaux massacres qui étaient préparés.

Le Colonel Chivington fut amnistié après sa Cour martiale à la fin de la Guerre Civile mais fut renvoyé de l'armée. Il finit sa vie comme sheriff adjoint en Ohio.


Charles Peguy a dit ceci : "L'idéal, c'est quand on peut mourir pour ses idées, la politique, c'est quand on en vit."
Soule périt à moins de 27 ans, victimes de ceux qu’il avait dénoncé pour cet odieux massacre auquel il avait refusé de prendre part au nom de ses idéaux, de sa conscience et de l’uniforme qu’il portait.




A lire (en anglais), la biographie de Tom Bensing sur Silas Soule: 




http://www.silassoule.com/

A lire également (en anglais), ce roman, où le rôle de Silas Soule au Colorado et à Sand Creek est largement évoqué.



jeudi 28 juin 2012

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Ce que les gens disent...



Les gens disent: «il est intelligent», parce que vous êtes de leur avis.

Jules Vallès

Gustave Cluseret et la guerre de sécession.


Gustave Cluseret, délégué  à la guerre de la Commune de Paris du 6 au 30 avril 1871. Le personnage est incontournable. Pendant son bref commandement pendant le mouvement communaliste, il aura le temps de se faire remarquer par ses habits civils, son chapeau mou... et cela aux côtés d'officiers de la garde nationale parisienne chamarrés, "dorées sous toutes les coutures" comme il l'avait dénoncé lui-même.

Sa nomination il la devait à sa réputation acquit pendant la guerre civile américaine, auquel il avait pris part. Le rôle qu'il a joué le futur communard, dans ce combat fratricide nous ai raconté  dans cet article écrit par David Delpech du Club Confédéré et Fédéral de France.


http://ccffpa.perso.sfr.fr/ Leur site riches en articles pointilleux offre une autre vision de" l'american civil war", que les français qui l’appellent guerre de sécession ont trop tendance à simplifier voir à vulgariser.

Gustave Cluseret et la guerre de sécession.



Parmi les innombrables rues qui couvrent les flancs du Mont-Valérien, près de Paris, 1'une porte le nom de rue Cluseret. Rien d'original en apparence, si ce n'est de rappeler aux passionnés d'histoire américaine, le nom d'un général français de la guerre de sécession. Ici, à Suresnes, le général Gustave Paul Cluseret est connu avant tout pour son rôle pendant la Commune de Paris : on raconte notamment qu'il fut prévenu par les Suresnois de l'imprécision de son artillerie, lorsque des obus s'abattirent sur le vieux cimetière de la ville ou étaient inhumés ses parents; et où il repose aujourd'hui !


La maison familiale, ou Cluseret vécut jusqu'en 1859, se dresse encore au milieu d'un ilôt vétuste, voué à une démolition prochaine. Cette bâtisse, occupée actuellement par un magasin d'appareils sanitaires, fut l'ultime résidence de Cluseret avant son départ pour l' Algérie, l'Italie, l' Amérique... Aventurier infatigable, il combattit d'abord aux cotés de Garibaldi, puis dans les rangs de l'armée nordiste, enfin avec les Fénians d'Irlande en 1867. II revint à Suresnes, sa ville d'adoption, en 1868, mais dut s'expatrier l'année suivante en raison de ses  activités révolutionnaires. La Commune fut pour lui l'occasion d'un nouveau séjour en France, avant treize années supplémentaires d'exil ! I1 finit sa carrière mouvementée en tant que député socialiste du Var, à Hyères, après avoir publié en 1887-88 ses mémoires.
Réponse aux innombrables controverses qui affectèrent la carrière de Cluseret, ses Mémoires sont consacrées principalement à l'épisode de la Commune. Celles-ci comportent néanmoins de nombreuses références à la guerre de Sécession. En effet, Cluseret utilise ses souvenirs, non pour donner le simple récit de sa vie, mais comme arguments de sa propre défense. C'est pourquoi il a fallu ici recomposer chronologiquement divers extraits de ses Mémoires, afin de rendre lisible le passionnant récit de son expérience américaine.

L'apprentissage militaire : de « l'obéissance passive » à la contestation.

Lorsqu'il s'engage en Amérique à l'age de 38 ans, Cluseret possède vingt années d'expérience militaire. Issu de la bourgeoisie libérale, Cluseret entre à l' Académie de Saint-Cyr en 1841, après avoir échoué au concours de l'Ecole Polytechnique. Du reste, avoue t-il, les études militaires correspondent plus à son « caractère belliqueux.» En 1843, il sort comme sous-lieutenant dans le régiment de son père, colonel du 55e régiment de ligne, et se fait remarquer pour son penchant à l'indiscipline. Cette même année, Cluseret passe sa nuit de réveillon à faire frire des crêpes en compagnie de Ferri-Pisani (futur observateur militaire pendant la guerre de Sécession) et Polignac (frère du futur général confédéré) (1) .« Pour ma part, confie t-il, je les envoyai plus souvent dans la cendre que dans la poêle. » L 'avenir fit de ces trois noms, trois symboles de la diversité de l'attitude française devant la guerre civile américaine. Lorsque arrive la révolution de février 1848, Cluseret se résigne à « l'obéissance passive », par fidélité envers les traditions familiales. Son père, en effet, avait servi dans la Maison militaire de Louis XVIII., Charles X et Louis-Philippe.
En juin 1848, Cluseret est nommé chef du 23e bataillon de la Garde Mobile, à la tête duquel il prend une part très active dans la répression de l'insurrection socialiste. Son âpreté au combat lui vaut le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur. Cluseret ne renonça jamais à cette distinction, même après son virement dans le mouvement révolutionnaire; mais ce comportement lui fut sévèrement reproché pendant la Commune ! 


Garde Mobile en juin 1848.

Ainsi, la révolution de 1848 marque le fléchissement de Cluseret vers l'idéal démocrate-socialiste : « c'est en combattant les insurgés que je suis devenu insurgé », affirme-t-il en 1887. La rencontre avec la jeunesse prolétarienne dans les rangs de la Garde Mobile (2) explique sans doute cette évolution soudaine . Rentré avec le grade de lieutenant dans son ancien régiment, Cluseret met son esprit d'indiscipline au service de ses idées politiques. En 1849, il incite ses camarades à voter contre le parti de l'ordre de Louis-Napoléon, en jetant par deux fois son bulletin au pied de ses supérieurs ! Le 31 mars 1850, il est mis à la retraite pour ses opinions politiques, et passe sous la surveillance des autorités. Les rapports de police soulignent ses idées « très exaltées » et ses fréquentations avec les milieux socialistes, mais concluent en 1851 qu'il est « un jeune orgueilleux, professant des opinions progressistes, mais non dangereuses. » Suite au coup d'état du 2 décembre, Cluseret affirme qu'il préférerait servir le pape ou le bey de Tunis, plutôt que l'empereur. Mais grâce à l'intervention du Maréchal Magnan, ami de son père (mort en 1847), il est réintégré dans l'armée en février 1853, comme lieutenant au 4e bataillon de Chasseurs à pied en Algérie. Envoyé en Crimée, il s'y distingue en secourant une compagnie de zouaves. Blessé à deux reprises, il est à nouveau décoré, et le général Regnault le propose comme officier de la Légion d'Honneur. Mais l'empereur s'y oppose en 1857. Après une ultime campagne en Kabylie, Cluseret démissionne de l'armée française, le 17 juillet 1858.
Cette décision suscita de nombreuses interprétations, notamment après la Commune. La presse mit en exergue l'indiscipline et le mauvais esprit du jeune officier. En 1871, Le Figaro l'accuse d'avoir vendu, moyennant profit, des vêtements d'intendance; en 1888, le même journal rapporte que « le beau Cluseret » était réputé pour ses conquêtes amoureuses, obligeant ainsi ses supérieurs à le changer régulièrement de garnison ! Rien, néanmoins, ne semble confirmer la réalité de ces assertions. Dans ses Mémoires, Cluseret se défend d'avoir été chassé de l'armée sous la pression de ses camarades, et émaille son plaidoyer de plusieurs lettres de soutien. Mais ces nombreuses suspicions motivèrent sans doute sa démission, en rendant sa position intenable dans l'armée

Cluseret, un mercenaire républicain.

Commence alors pour Cluseret une carrière d'officier mercenaire. A cette époque, le patriote italien Garibaldi avait sous ses ordres une légion française entretenue par des fonds réunis à Paris, par un comité de soutien. Les membres de ce comité étaient rédacteurs au journal Le Siècle, seul organe de presse libérale toléré par l'Empereur. Le père de Cluseret en avait été actionnaire. Aussi, à l'annonce de la mort du commandant de la Légion française, Gustave-Paul fut désigné par « ses parrains » (les républicains Pelletan, Carnot, Henri Martin et Planat de la Faye) pour servir en Italie. Parti avec des fonds et une centaine de nouveaux volontaires français, il est nommé major, puis lieutenant-colonel de la Légion française. Lors du siège de Capoue, il est blessé par un éclat d'obus. Sous ses ordres servait alors Ulric de Fonvielle (1833-1911), journaliste d'opposition qui devint en 1862 son officier d'ordonnance dans l'armée nordiste ! Après l'entrée de Victor-Emmanuel à Naples, Cluseret obtient, toujours par l'entremise du Siècle, un grade dans l'armée nationale américaine.
Ses échanges avec Carnot et Henri Martin font de lui plus qu 'un simple aventurier : il représente outre Atlantique l'opposition des républicains français à la Confédération esclavagiste que soutient l'empereur. Un rapport officiel, daté de décembre 1861, montre en effet que les associés de Cluseret « sont des hommes d'opinions avancées, dont il sert leur haine contre 1 'Empire. »(3) De même, l'enthousiasme des bourgeois républicains pour l'abolitionnisme est une manière d'exprimer leur opposition aux intérêts économiques de Napoléon III. Ainsi, la prise de position de Cluseret contre l'esclavage révèle l'influence de son ami Henri Martin, membre du comité français d’émancipation. C'est par son intermédiaire que Cluseret fut placé sous la protection de Charles Sumner, un abolitionniste notoire. On le voit à travers l'exemple de Cluseret, l'attitude française devant la guerre de Sécession est envisagée sous l'angle de la politique intérieure. L'opposition à l'empire, muselée en France, ressurgit sous toutes ses formes de l'autre côté de I' Atlantique. De même, le Comte de Paris, prétendant orléaniste et partisan d’une monarchie parlementaire, présente son engagement contre le Sud comme le prolongement de son propre combat en faveur du libéralisme.
Cluseret (qui à cette époque avoue ne pas être encore tout à fait sensibilisé aux problèmes sociaux) le rencontre en mars 1862, et observe, non sans étonnement, qu'il « frise le socialisme.» (4) La république américaine de Lincoln devient ainsi un symbole de l'idéal démocratique pour la gauche française. Cluseret lui-même présente Lincoln dans ses Mémoires, comme l'incarnation américaine des valeurs du socialisme international. Du reste, le président Lincoln avait ressenti la nécessité de s'allier avec les européens républicains exilés aux Etats-Unis, pour motiver l'enrôlement des immigrants libéraux. Le général démocrate McClellan, dans ses mémoires, critique violemment cette « politique visant à faire une "guerre populaire ", en racolant des officiers de tous les continents, [ ...] qui amena de rares spécimens du genre vulgairement appelé "dur à cuire".» Et McClellan poursuit : « Cluseret se présenta un jour avec une lettre de Garibaldi me le recommandant en termes chaleureux en tant que soldat, homme d'honneur, etc. I1 me fit mauvaise impression et je déclinai son offre, mais Stanton, à mon insu et sans mon approbation, le nomma colonel dans mon état-major.» La promotion de Cluseret dans l'armée américaine est donc le résultat d'un dessein politique plus que d'un réel besoin militaire.

L 'alliance avec le général Frémont (printemps 1862).

Frémont.


Arrivé aux Etats-Unis en janvier 1862, Cluseret, comme beaucoup de républicains présents dans le pays, trouve naturellement sa place aux côtés du général abolitionniste Frémont. Cluseret ne dément pas cette alliance idéologique, lorsqu'à l'exemple de Frémont, il affranchit de sa propre autorité les esclaves du comté de Madison Court House en Virginie, au cours de l'été 1862. En réponse à cette initiative personnelle, Cluseret affirme que le président confédéré Jefferson Davis donna à quiconque le droit de l'abattre sans jugement. Dans un rapport daté de 1865, Frémont affirme que Cluseret « est un officier d’expérience, notamment dans les actions en tirailleur.» Par conséquent, il est assigné aux commandes de l'avant-garde, à la tête d'une brigade d'infanterie légère. Le premier engagement de Cluseret dans la vallée de la Shenandoah est une réussite : lancé à la poursuite de l'arrière-garde des troupes sudistes de Jackson sous une pluie diluvienne, il parvient à accrocher les cavaliers d'Ashby le 5 juin 1862, sans connaître la topographie de la région. 




Dans son Histoire de la Guerre Civile en Amérique (1874), le Comte de Paris, qui se souvient de sa rencontre avec Cluseret, rend hommage au coup d'éclat du Français : « l'avant-garde de Frémont, composée de la brigade de cavalerie de Bayard et de quelque infanterie sous le colonel Cluseret, avait harcelé Jackson avec beaucoup d'audace. Ces deux officiers réparaient par leur activité la lenteur de leur chef. » Cette affirmation va dans le sens des reproches adressés par Cluseret au général Frémont dans ses Mémoires. Ce dernier compromit en effet le succès de ses troupes par son indolence. Néanmoins, Cluseret tire abusivement profit des évènements -: « qui a détruit la cavalerie d 'Ashby, fanfaronne-t-il, et gagné la bataille de Cross Keys [ ...] gagnée contre mon propre général en chef aussi bien que contre l'ennemi. C'est, je crois, un fait unique dans les annales militaires du monde.» Le style ici dépeint l'homme. La confrontation des deux témoignages permet de relativiser les prétentions du Français. Le 8 juin 1862, coupé par le fleuve Shenandoah de l'armée de soutien du général Shield, Frémont est dans l'obligation d'attaquer de front son ennemi retranché au carrefour de Cross Keys. Cluseret arrive le premier sur le champ de bataille, et engage vigoureusement l'ennemi dès 8h 30. Les avant-postes ennemis sont bousculés grâce à une coûteuse charge à la baïonnette des « Garibaldi Guards » (39th NY), temporairement attachés à l'avant-garde de Cluseret et de son aide-de-camp, Ulric de Fonvielle. La poursuite s'engage sur plus d'un kilomètre et demi, mais Cluseret est arrêté par la deuxième ligne confédérée. Le colonel français maintient obstinément sa position toute la journée sous le feu ennemi, déjouant une à une les manoeuvres sur ses flancs, et ne se retire qu'à la nuit tombée, sur ordre de l'état-major.


39YH  New York Volunteers - Garibaldi Guards.


Quoiqu'en dise Cluseret, et malgré le repli des forces sudistes durant la nuit, Cross Keys fut une cinglante défaite pour les fédéraux. Certes, la responsabilité de cet échec incombe à Frémont, qui se révéla incapable de coordonner son offensive. Mais Cluseret surestime son rôle dans cette affaire. 11 est d'ailleurs amusant de noter que Frémont ne fait aucune allusion à Cluseret dans son premier rapport officiel, rédigé le soir de la bataille. Il faut attendre le 10 juin (soit deux jours après les évènements) pour voir Frémont réparer son oubli dans un télégramme spécial adressé à Stanton : « j'ai omis hier de mentionner l'action de la brigade du colonel Cluseret [ ...] L 'habileté et la vaillance de Cluseret à cette occasion méritent toute votre considération.» Et encore: «. Cluseret mérite une mention particulière pour le sang-froid et la ténacité avec lesquels il mena ses troupes. » Ces avis favorables avaient pour but inavoué de promouvoir la nomination de Cluseret au grade de général. 

Cluseret en uniforme nordiste par Courbet.

Exploit et discrédit de Cluseret dans la Shenandoah (automne 1862- mars 1863)

Après le retrait de Frémont en juin 1862, Cluseret reçoit le commandement d'un corps indépendant et mobile dans l'armée du général allemand Sigel, lui même un ancien allié de Frémont. Au début du mois d'août, quelques jours avant la bataille de Cedar Moutain, Cluseret, de retour d'un mission de reconnaissance, informe judicieusement le général John Pope des mouvements ennemis. Mais son message, noyé dans un amas de rapports
contradictoires, est ignoré du haut-commandement militaire. Le 14 octobre 1862, grâce à l'appui de Frémont et du sénateur Summer, Cluseret est nomme général de brigade des volontaires, à titre provisoire. Le 27 octobre, il reçoit une affectation dans le 8e corps d'armée, stationné en Virginie Occidentale, à New Creek. Son chef de division, le général Milroy, parle de lui en ces termes le 20 novembre 1862 : « il est un admirateur passionné de notre gouvernement, pour la survie duquel il est venu combattre; gentilhomme intelligent et fort d'un large expérience militaire, son opinion est, je crois, digne de confiance.» (Lettre adressée au général Cox, commandant du 8e Corps). Cette paraphe accompagnait un plan de campagne élaboré par Cluseret, en vue de déloger Stonewall Jackson de la vallée de la Shenandoah : « à quoi servons-nous ici ?» lance t-il crûment à ses supérieurs. Son idée est simple: protéger Harper's Ferry par l'attaque. Son objectif : s'emparer de la ville de Staunton, base de ravitaillement de Jackson, distante de plus de cent kilomètres de New Creek. Mais le général Cox s'y refuse: l'état-major, alors en cours de réorganisation, cherche à assurer ses arrières, et interdit tout contact avec l'ennemi.
Le Français, considérant que ses talents ne sont pas mis suffisamment en valeur sur le théâtre virginien, demande à être transféré au Texas, pour y commander un parti de guérillas. Avec cela, il réclame la confirmation immédiate de son grade de général (courriers adressés au général en chef Henry Halleck, les 18 octobre et 29 novembre 1862). Mais ses propositions restent lettre morte . Au cours du mois de décembre, tandis que Jackson part rejoindre Lee à Frédéricksburg, Milroy s'avance dans les Montagnes Bleues jusqu'à Moorefield, puis Petersburg. Cluseret est chargé de remplacer le colonel Keifer en poste à Moorefield. Mais une dispute éclate bientôt entre les deux officiers à propos du traitement d’un officier de guérilla sudiste, capturé après un méfait sans gravité. Cluseret requiert pour lui la peine capitale; Keifer s'y oppose, en vertu d'un ordre de Lincoln bannissant ce genre d'initiatives personnelles. Le tribunal militaire donne finalement raison à l'officier américain, évitant de peu un duel entre Keifer et Cluseret ! Pour canaliser l'agressivité du Français, Milroy envoie Cluseret en reconnaissance à Strasburg, dans la vallée de la Shénandoah. A la tête de 2 500 hommes, Cluseret, après un bref engagement, s'empare de la ville le 21 décembre. Le lendemain, il se repli au nord sur Wardensville, ou son train de ravitaillement est attaqué. Le 26, il investit la ville de Winchester, ou Milroy le rejoint dans les premiers jours de janvier 1863. Le 3, Cluseret s'avance à nouveau avec ses cavaliers jusqu'à Strasburg, et capture un colis postal et trois éclaireurs ennemis. La position des fédéraux à Winchester semble assurée, et Cluseret est félicité par le général Schenck. Néanmoins, l'état-major, qui vient de subir un nouveau désastre à Frédéricksburg, s'inquiète des provocations de Cluseret, propres à précipiter une offensive ennemie dans la vallée de la Shénandoah. Aussitôt, Milroy reçoit l'ordre de ne plus envoyer de troupes au sud de Winchester et de garder Cluseret auprès de lui. Mais les rapports entre les deux généraux se dégradent rapidement. Leurs opinions divergent quant à l'administration de la ville occupée. Cluseret, qui espère obtenir le soutien des civils, tente de se montrer indulgent à leur égard. A l'inverse, Milroy est partisan de l'oppression. Dès son arrivée à Winchester, Milroy annule toutes les mesures permissives du Français ( coef .document) . Outré, Cluseret en appelle à Halleck, puis au secrétaire d'Etat, Seward. Au bas de la lettre que Cluseret adresse à Halleck le 9 janvier 1863, Milroy a ajouté  discrètement en post-scriptum : « lu et approuvé. J'ai été déçu et grossièrement trompé par cet étranger, et je recommande, dans l'intérêt de l'armée, qu'il soit relevé de ses fonctions, non seulement au sein de ma division, mais qu'il soit aussi exclu de l'armée américaine, pour le bien de celle-ci.» Le 25 janvier 1863, un télégramme de Halleck au général Rosecrans nous révèle que Cluseret est effectivement aux arrêts, bien que ce dernier ne fasse aucune mention de cet incident dans ses Mémoires ! Rosecrans, qui souhaite alors le transfert du Français dans son département, reçoit une réponse sans équivoque: « si vous le connaissiez mieux, écrit Halleck, vous ne formuleriez jamais une pareille requête. Vous en regretterez l'application jusqu'à la fin de votre vie.»
A cette date, l'avis de Halleck semble unanimement partagé par l'entourage du Français. Ainsi, Jessie B. Frémont, l'épouse du général, écrit en 1862 qu'il est égocentrique, incapable, et « qu'étant français, il est bavard.» De l'aveu de Cluseret, le général Schenck aurait de même affirmé : « That damn Frenchman is the most unmanageable man I had to deal with in my life !» (Cluseret, dans ses Mémoires traduit « unmanageable » par intraitable; il faudrait lire indocile). Cependant, le principal artisan du discrédit de Cluseret dans l'armée américaine fut Milroy.
Depuis leur dispute de Winchester, les deux hommes se vouent une haine farouche. Mais le tort de Cluseret est sans doute de mettre en cause son supérieur, en dénonçant les sévices perpétrés par le général américain à l'encontre des civils de Virginie Occidentale (les rapports conservés dans les Official Records font effectivement état de réquisitions abusives, de la fermeture des marchés libres, de demandes de rançons, de menaces d'exécutions proférées aux civils, etc. ..) . Milroy se sait menacer: le gouvernement confédéré en a appelé aux plus hautes instances militaires fédérales. Le 10 janvier 1862, le général Lee en personne réclame l'arrestation de Milroy. Pour le général américain, Cluseret représente donc un danger supplémentaire.  En 1871, dans le journal français L  'Illustration, Cluseret publia une lettre datée de 1862 (s'agit-il d'un faux; d'une invention de Cluseret pour innocenter son nom ? 11 est difficile de répondre), dans laquelle il décline toute responsabilité dans cette affaire :
« General Schenck, Ma supplique a pour base deux points principaux très importants et tels qu'ils ne peuvent être sujets de discussion ni pour un militaire, ni pour un honnête homme [sic].
1.) Le maintien de la discipline.
2.) Le respect pour les femmes et les enfants que le général Milroy se propose de faire mourir de faim sous prétexte que les hommes valides sont dans le sud et n'ont pas prêté le serment d'allégeance.
Jamais chez un peuple civilisé, les femmes et les enfants n 'ont été tenus pour responsables de ce que leurs maris ou pères sont belligérants, et jamais on a vengé sur eux les pertes infligées à l'ennemi. Dans une seule occasion, en 1792-93 on a attenté aux femmes, et Dieu sait combien nous avons expié cette triste page de notre révolution !... Dans tous les temps, de tels actes ont été universellement réprouvés, et, pour l'honneur des Etats-Unis et le mien propre, j'ai cru et je crois que je dois éviter toute complicité dans les faits de cette nature. C'est pourquoi je demande à être transféré ailleurs.»
Mais Cluseret peut-il se targuer d'une parfaite intégrité dans cette affaire ? Un habitant de la vallée rapporte en effet. « Qu’une force de 1 200 à 1 500 hommes ( celle de Cluseret]) a tranquillement investi Strasburg, perpétrant toutes sortes de vols et de pillages, s'est retirée plus bas dans la vallée, a réitéré les mêmes atrocités, et s'est installée à Winchester.» Quelques mois plus tard,  Milroy rejeta les accusations dont il fit l'objet sur son subordonné : « j'ai envoyé Cluseret à Strasburg. Il a fait des prisonniers, capturé quelques magasins, mais pas assez pour rentabiliser son "voyage ». Aussi il a été voir ce qu'il y avait à Winchester ( .)  je refuse l'ordre de reprendre le contrôle du commandement. »
Est-il vrai, comme le suggère Cluseret dans ses Mémoires, que les autorités donnèrent « raison au général américain contre le général étranger » ? Milroy fut reconnu coupable d'avoir outrepassé ses droits, mais bénéficia en revanche de l'indulgence de Halleck (réponse de Halleck au général Lee, 14 janvier 1863) :
« si les ordres de réquisitions que vous dénoncez se révèlent authentiques, nous avertirons Milroy que nous désapprouvons sa conduite et ses initiatives [...] Néanmoins, il y a certainement eu, et cela durera encore, des actes individuels de subordonnés ou de personnes irresponsables qui ne peuvent être défendus et méritent parfois un châtiment. De tels cas, lorsqu'ils retiennent l'attention du gouvernement, font immédiatement l'objet d'une enquête, et sont réglés comme il se doit.»
Halleck fait-il allusion à Cluseret lorsqu'il parle « d'actes irresponsables de subordonnés » ? En conséquence, Cluseret démissionna le 2 mars 1863. Ce départ soudain donna lieu à diverses interprétations parmi ses détracteurs. Ainsi, à son retour d' Amérique, quelques années plus tard, il lui fut intenté un procès pour usurpation du titre de général. Un article français, de référence inconnue, cria à l'imposture :
« II est de principe que les nominations de cette nature doivent être confirmées par le Sénat, s'il ne les confirme pas, elles sont regardées comme nulles et non avenues. Cependant, elles donnent à celui qui en est investi le droit d'exercer ses fonctions pendant les vacances du Congrès et jusqu'au dernier jour de la prochaine session. Or, dans l'espèce particulière, Cluseret a rempli les fonctions de général de brigade à titre provisoire du mois de novembre 1862 jusqu'au 4 mars 1863, jour de la clôture du Congrès. Le 2 mars, c'est à dire deux jours avant cette clôture, Cluseret, qui avait eu vent que sa nomination ne serait pas confirmée, donna sa démission. Avec sa démission, Cluseret a perdu tout caractère officiel, et jamais son nom n'a figuré sur les registres de l'armée américaine. »
Toute confirmation du grade de général nécessitait aux Etats-Unis l'accord du président et du Congrès. Milroy~ très impliqué politiquement, réussit à influer sur la décision du Sénat, anéantissant définitivement les espoirs de promotion du Français. C'est pourquoi Cluseret ne prit pas la peine d'attendre la réunion du Congrès pour donner sa démission.

Le général Robert Huston Milroy (1816-90) fut l'ennemi de Cluseret. il empêcha la nomination du Français au grade de général grâce à ses relations avec le monde politique. La répression qu'il lança en Virginie Occidentale fut si violente, que le gouvernement confédéré mit sa tête à prix !

Avis de Cluseret adressé aux habitants occupés de Winchester , le 2 janvier 1863 : « à partir de demain, les résidents seront autorisés à quitter la ville par la route de Strasburg et Front Royal pour se procurer du bois de chauffe. Si l'un d'eux entrait en rapport avec l'ennemi, éclaireurs ou déserteurs, ce privilège serait aussitôt retiré (...) signé : général Cluseret.»
Ce document semble témoigner du bon comportement de Cluseret à l'égard des civils dans les régions sous occupation fédérale.
(photo Patrick AILLIOT, Musée de la Confédération, Richmond, Virginie).

Les activités révolutionnaires de Cluseret (1863- 71).

De retour à New-York, Cluseret émet le souhait de s'installer dans l'ouest, à Dubuque (Iowa). Mais Frémont l'incite à fonder avec lui un journal radical, The New Nation, destiné, selon un rapport de police daté de 1864, « à promouvoir l'Union et les institutions libérales sans distinction de caste ni de couleur. » Lors de la campagne présidentielle, il défend à Cleveland la nomination de Frémont à la candidature du parti républicain, s'opposant violemment à celle de Lincoln. Une fois encore, Cluseret adopte le point de vue le plus radical. Mais sa critique du président Lincoln est nourrie de griefs personnels: Cluseret lui reproche son échec dans l'armée américaine. Par conséquent, il noircit les pages du journal d’injures au président :
« Lincoln est l'homme le moins apte à diriger la Nation. Catéchisme politique : Qu'est-ce qu'un démocrate-pacifiste (Copperhead) ? Un animal rampant. Qu'est-ce qui est pire qu'un Copperhead ? L’administration de Lincoln. Sus aux ennemis ! A bas Lincoln !»


La carrière de Cluseret en Amérique est donc étroitement liée à celle de John C. Frémont, explorateur célèbre et candidat malheureux à la présidence en 1856. Pourtant, dans ses Mémoires, Cluseret se défend d'avoir été son « protégé.» Ces années, en effet, sont celles de sa rupture avec la bourgeoisie radicale américaine qu'incarne Frémont; rupture qui se cristallise autour de l'affaire du Transcontinental. Après son échec aux élections, Frémont investit toute sa fortune dans un projet ferroviaire transcontinental. Par l'intermédiaire de son beau -frère, le baron Gauldree Boilleau (ancien consul à New -York) , Frémont soumet le financement de sa compagnie aux actionnaires français. Mais afin d'obtenir une cotation à la bourse de Paris, les entremetteurs de Frémont falsifient les actifs de la société américaine. En 1873, Frémont et plusieurs promoteurs français (dont le baron Boilleau) sont finalement condamnés. Cluseret, lui, ne fut pas inquiété, ce qui prouve sa probité dans cette affaire.
Dès 1865, Cluseret avait refusé d'administrer à St-Louis une banque pour le compte de Frémont, et de représenter à Paris les intérêts de la Compagnie Transcontinentale. Criblé de dettes, le Français semble alors exercer à New- York tous les métiers, passant d’un logement à l'autre sans acquitter son loyer, au point qu'on le su nomme « General Jonathan thief » . En 1868, il rentre à Paris et se mêle aux milieux républicains socialistes. De virulents articles contre l'Empire lui valent d'être incarcéré à Sainte-Pelagie. Derrière ces murs, ou s'élaborent les complots socialistes, il achève son éducation révolutionnaire, et se lie avec de futurs Communeux, membres de l'Association Internationale des Travailleurs.
En 1869, il découvre dans les pages d'un journal une réclame pour le Transcontinental. Piqué au vif, il s'attaque à ce qu'il qualifie métaphoriquement de « plus monstrueuse ordure amoncelée par l'empire dans le grand collecteur qu'on nomme la Bourse de Paris.» Dans une circulaire, il prend publiquement parti contre les intérêts capitalistes français et américains. A cette occasion, il démontre son américanisme, en faisant le panégyrique du système cadastral américain, inauguré par Lincoln en 1862. « L 'Homestead Act, » écrit-il, « excessivement juste et populaire, a pour but d'empêcher de monopoliser le domaine public et d'en exclure les émigrants par le haut prix de la spéculation. En Amérique, le gouvernement est le protecteur du petit.» De même il propose l'immédiate séparation de L'Eglise et de l'Etat « comme aux Etats-Unis.» Dans un ouvrage publié en 1869 sous le titre Armée et Démocratie, il réclame l'abolition des armées permanentes. Tous ces reproches visent directement l'Empire : il n'en faut pas davantage pour l’inculper. Au cours du procès, Cluseret revendique ses services dans l'armée américaine. On lui rétorque qu'il s'est enrôlé sans l'approbation du Ministère de la Guerre, et qu'en vertu de la loi, il est privé de sa citoyenneté française. Contraint de se reconnaître américain, il est aussitôt sommé de quitter le territoire français, au nom de la sûreté publique. Mais Cluseret accueille le commissaire mandaté la main sur le revolver: « vous allez f. ..le camp et vivement, déclare-t-il, je suis ici chez moi sous la protection du drapeau américain, et le premier qui viole mon domicile, je lui brûle la cervelle 1» Le 19 juin 1869, il est raccompagné aux frontières sous la protection de l'ambassade américaine. Dans une dernière missive, Cluseret dénonce l'arbitraire de cette décision :
« Quant au motif qui permet à ce gouvernement timoré de m’appliquer une loi qui me rappelle les plus mauvais jours des époques de décadence, je ferai observer qu'en 1860, le Journal Officiel se chargea de rappeler et d'expliquer la loi qui prive de la qualité de français les militaires qui servent à l'étranger. Les soldats du Pape commandés à Castelfidardo par Lamoricière étaient prives de leur qualité de français, ceux de Garibaldi ne l'étaient pas. Ce qui se justifie ainsi : les uns servaient dans une armée régulière, les autres dans une armée de volontaires. Depuis que j'ai quitté le service de la France, je n'ai jamais accepté de service dans une armée régulière. Et je demande d'ou vient que M. de Polignac, qui servait contre moi dans l'armée du Sud est exempté de la sévérité qui m'atteint. Seraient-ce que vos sympathies pour le Sud et votre antipathie pour la République fédérale survivent à la défaite de l'un et la victoire de l'autre ? En Amérique, la guerre de géants qui a duré quatre ans, n'a compté que des armées de volontaires. La loi ne m'est pas applicable. Et j'irai même plus loin. J'ai accepté les bénéfices de la loi du congrès en date du 17 juillet 1862, qui dispense les étrangers sous les drapeaux des formalités ordinaires et confère à ceux qui en sont dignes le titre de citoyen américain comme récompense nationale.
Et je prétends néanmoins jouir de mes droits de citoyen français cumulés avec ceux de citoyen américain. »

A New- York, il collabore activement avec les mouvements révolutionnaires, dont l'objectif est l'instauration d'une république universelle. En 1870, Cluseret y préside la formation d'une section française de l'Association Internationale des Travailleurs. 11 entretient à cette époque une correspondance avec Victor Hugo: « votre voix, écrit-il au poète exilé, a encore plus de retentissement de ce côté de l'Amérique que de 1 'autre, et vous devez au grand peuple des travailleurs américains un encouragement et un appel. » Et il continue: « une seule et grande famille humaine, la famille des travailleurs, dédaignant les gouvernements. » Hugo lui répond en avril de la même année : «... J'aime l'Amérique comme une patrie. La grande république de Washington et de John Brown est une gloire de la civilisation. Qu'elle n'hésite pas à prendre souverainement sa part du gouvernement du monde. Au point de vue social, qu 'elle émancipe le travailleur, au point de vue politique, qu'elle délivre Cuba .
L'Europe a les yeux fixés sur l'Amérique... Nous sommes les concitoyens de toute nation qui est grande. Général, aidez les travailleurs dans leur coalition puissante et sainte. »
A l'annonce de la guerre contre la Prusse, Cluseret repart pour la France. Aussitôt, il met en relation le gouvernement de la Défense Nationale avec les Etats- Unis, en vue de racheter les surplus d'armes de l'armée américaine. Il se félicite d'être « l'homme providentiel », affirmant que « la France a eu trop de Bonaparte, grands et petits: ce qu'il lui faut, ce sont des Lincoln et des Bolivar, des hommes simples, dévoués, s'effaçant devant leur devoir. C'est cet homme que je me suis efforcé d'être. » Quel revirement surprenant pour l'ancien rédacteur du New Nation! Mais Lincoln, entre-temps, était passe à la postérité : Cluseret, sans doute pour racheter son opposition au président martyr, alla jusqu'a inventer une hypothétique rencontre avec Lincoln. De même, il n'émancipa probablement jamais personnellement les esclaves de Madison Court House en 1862 (voir ci-dessus). On voit comment Cluseret chercha toute sa vie à préserver ses intérêts personnels au détriment de ses idéaux. Rossel, un de ses ennemis pendant la Commune, affirme en effet qu'il « n'était pas un franc révolutionnaire, c'était un Français superficiel, frotté de Yankee, et qui dans la philosophie yankee, n’avait compris que le mot dollars. »
Néanmoins, la participation de Cluseret à la Guerre de Sécession décida de son élection au poste de délégué à la guerre pendant la Commune. Ces quelques années passées en Amérique marquèrent donc profondément sa carrière, laquelle s'inscrit dans la lignée du militantisme international. En 1876, il est encore inscrit sur la liste de l'lnternationale new-yorkaise. En 1888, il réintègre la citoyenneté française.

Cluseret en 1900.
La tombe du général Cluseret au vieux cimetière de Suresnes, seule sépulture d'un général Français de la Guerre de sécession identifée en France ! La plaque portant le nom de Cluseret a été volée. La stèle est aujourd'hui anonyme et en mauvais état. (Photo D.Delpech)

De 1889 à 1897, il est député socialiste du Var. On lui doit plusieurs projets de loi, dont un visant à attribuer une pension alimentaire à tout cultivateur, non propriétaire, âgé de 55 ans et plus, ne pouvant subvenir à ses besoins par son travail. Il déposa un autre projet ayant pour objet de conférer les droits de citoyen français aux musulmans indigènes des territoires algériens. A la fin de sa vie, il renonce à ses aspirations internationalistes pour s'enfermer dans le nationalisme sectaire de Déroulède. Lors de l'affaire Dreyfus, sa loyauté envers l'armée l'emporta finalement. ..Il mourut peu de temps après, le 22 août 1900.

David Delpech CCFF

NOTES DU TEXTE
1- Mr Daniel Frankignoul, président de la Confederate Association of Belgium, a confirmé qu'il s'agissait de Jules Armand de Polignac, demi-frère ainé de Camille.
2- Composée de jeunes prolétaires, la garde Mobile resta fidèle au gouvernement grâce à un esprit de corps inculqué par ses cadres à l'exemple de Cluseret. Jugés néanmoins dangereux, la 2nd république expédia près de 500 Mobiles en Californie, de manière à débarrasser Paris de ses éléments indésirables.
3- Cluseret servit d'informateur aux libéraux républicains français, comme l'allemand Joseph Weydemeyer, ancien officier lors des événements de 1848, devenu colonel d'un régiment du Missouri, fut le correspondant de Marx et Engels pour les questions militaires de la guerre de sécession.
4-Le Comte de Paris publia une « Situation des ouvriers de Grande--Bretagne », comme Louis-Napoléon avait publié avant son élection « L’extinction du paupérisme » (1844) d'inspiration socialiste.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
BLAISDELL Lowell -A French Civil War adventurer, fact and fancy, Civil War History Magazine, 1966.
BOUDIER Emile -Cluseret Gustave Paul, 1823-1900, Bulletin de la Société historique de Suresnes, 1938.
CLUSERET Gustave Paul -Mémoires, 3 volumes, Paris 1887-88. http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=gustave+cluseret
CREAGH Ronald -Nos cousins d'Amérique, Histoire des Français en Amérique, Paris 1986
LONN Ella -The foreigners in the Union Army and Navy, Baton Rouge, 1951.
CARON J-F. -Les témoins français de la Guerre de sécession, Paris-Sorbonne 1984
PARIS Comte de -Histoire de la Guerre civile en Amérique, 7 volumes, Paris 1874-96
ARCHIVES NATIONALES : 441 AP Cluseret, AB XIX 3870 dossier 2, 1865.
The War of the Rebellion: a compilation of the official records of the Union and Confederate armies: Serie 1, volume 12, 21, 23, 25 (The National Historical Society, 1972).
THE NEW YORK HISTORICAL SOCIETY
NATIONAL ARCHIVES, Washington, DC 20408 General Reference Branch (NNRG)
ARCHIVES DE LA SOCIETE HISTORIQUE DE SURESNES