lundi 16 janvier 2017


- Sabre les hommes sans crainte. L'homme c'est mou comme de la pâte. Ne te demandes ni le pourquoi ni le comment. Tu es Cosaque, ton affaire c'est de sabrer sans rien demander. Tuer un ennemi au combat, c'est une chose sainte. Pour chaque mort, Dieu te rabat un péché, comme pour chaque serpent écrasé. Il ne faut pas tuer une bête sans raison, un veau par exemple ou une autre bête, mais l'homme, tu peux le détruire. C'est souillé, l'homme...


Mikhaïl Cholokhov - Le Don paisible


dimanche 24 mai 2015

L'armée populaire Mongole 1921-1940



L'armée populaire Mongole 1921-1940

Les débuts de l'armée populaire Mongole sont indissociables de la figure de Damdin Sükhbaatar (ou parfois Süke-bator), qui fut un de ses créateurs. Qui était-il?

Issu d’un milieu déshérité, Damdin Sükhbaatar entre en 1918, à l’époque de la Mongolie autonome, comme typographe à l’imprimerie d’Ourga (ancien nom d'Oulan-Bator, capitale du pays), où il sera touché par les idées nouvelles russes et se convertira au communisme.


En 1919, il organise un cercle de révolutionnaires avec des hommes d’origine variée (lamas, fonctionnaires, nobles, etc.), qu’à l'instigation du Komintern, il fait fusionner en 1920, sous le nom de Parti populaire révolutionnaire mongol, avec le groupe organisé par Choybalsan, ce que certains appellerons le futur « Staline mongol ». Cette même année avec Choybalsan et cinq autres révolutionnaires, il se rend en Russie soviétique pour demander l’aide du pouvoir soviétique contre les républicains chinois qui occupent la Mongolie.


Au début de 1921, Sükhbaatar participe à la création des premiers détachements de l’armée populaire mongole et prend une part décisive aux événements qui marquent le commencement de la révolution mongole : L’éviction des Chinois de Maimaicheng, actuellement Altanboulag, près de Kiakhta, à la frontière mongolo-sibérienne, et le premier congrès du Parti populaire révolutionnaire mongol. 



Nommé ministre de la Guerre du gouvernement populaire provisoire, Sükhbaatar profite de l’abandon partiel du nord de la Mongolie et de sa capitale Ourga, par les forces d’Ungern-Sternberg, de armée blanche russe, pour l'occuper. En effet, l'hiver précédent, le baron von Ungern-Sternberg avec une armée hétéroclite composée de cosaques, de mongols, de bouriates, de tibétains ( la division de cavalerie asiatique) s'était emparé d'Ourga tenu par les chinois. Le Bogdo Khan avait été rétabli comme monarque. Bien que mal équipé, mal ravitaillé, le baron s'était ensuite porté contre les mongols rouges... laissant Ourga sans défense. Campagne désastreuse qui s'acheva par la capture du baron et son exécution.

Sükhbaatar au centre

Avec Damdin Sükhbaatar et les communistes mongols qui ont pris le contrôle du pays, le Bogdo Khan, souverain théocrate de la Mongolie autonome, est momentanément maintenu sur le trône. En novembre 1921, Süke-bator est reçu par Lénine à Moscou. Mais il meurt prématurément en 1923 : Selon les versions existantes, il se serait tué à la tâche ou aurait été empoisonné par des « contre-révolutionnaires ».
L'année suivante, le Bogdo Khan meurt, la République populaire mongole est alors mise en place, le siège du théocrate n'est pas conservé. La capitale du pays a été rebaptisée Oulan-bator (Héros rouge) en l'honneur de Süke-bator. Sa veuve Sühbaataryn Yanjmaa est plus tard présidente de la République par intérim.


Jusqu'en 1925 au moins, l'armée populaire mongole a bénéficié du soutien de l’Armée Rouge, tant pour la formation que pour aider à sécuriser une frontière incertaine et dangereuse. En 1926, le gouvernement mongole avait prévu de former 10 000 conscrits chaque année et d'augmenter la période de formation de six mois. Des rapports de renseignement chinois en 1927 ont indiqué qu'entre 40.000 et 50.000 réservistes pourraient être rassemblés dans un bref délai. En 1929, une mobilisation générale a été décrété pour tester le système de formation et de réserve. Le taux de participation  attendue était de 30.000 soldats, mais seulement 2.000 hommes se sont présentés. Cet échec a initié des réformes sérieuses dans les systèmes de recrutement et de formation.



En 1932, la collectivisation forcée des terres et des troupeaux et l’interdiction du lamaïsme, entraînent une insurrection générale réprimée par l’Armée populaire. Entre 1932 et 1939, la politique expansionniste de l'Empire du Japon, qui crée à la frontière mongole l'État fantoche du Mandchoukouo, pousse l'URSS à installer des troupes en Mongolie. Peljidiyn Genden, chef du gouvernement, se montre réticent à purger le clergé bouddhiste comme le prônait Joseph Staline et, soucieux de maintenir une certaine indépendance nationale, s'oppose à ce que l'URSS augmente sa présence militaire en Mongolie. Convoqué à Moscou en 1936, il tient tête à Staline et semble s'être vivement disputé avec ce dernier : cela lui vaut d'être démis de toutes ses fonctions et assigné à résidence près de la mer Noire. L'année suivante, il est arrêté sur l'accusation d'être un espion à la solde des Japonais, transféré à Moscou, puis exécuté. Son éviction et sa mort laissent les mains libres à la ligne dure du PPRM, et notamment à Choybalsan qui occupe alors le poste de ministre de l'intérieur.































La guerre contre le Japon:

La menace japonaise se précise à la fin des années 1930, alors que la seconde guerre sino-japonaise fait rage : la dispute autour d'une zone frontalière revendiquée par le Mandchoukouo, État créé par le Japon en Mandchourie, dégénère en 1939 en incident frontalier, puis en guerre ouverte où les troupes de l'Empire du Japon et du Mandchoukouo affrontent les troupes soviétiques et mongoles. Le Japon menace directement la Sibérie.






Pour y faire face, l'Union soviétique signe avec la Mongolie un pacte d'assistance mutuelle contre le Japon le 12 mars 1936. Malgré cette alliance défensive, l'armée japonaise du Guandong — du nom de la péninsule où elle était basée — envahit la Mongolie sans déclaration de guerre en mai 1939. Conformément au traité, l'état-major soviétique envoie des hommes et désigne Joukov pour organiser la défense et mener la contre-offensive. Le 1er juin, il est à la tête de 80 000 hommes, 180 tanks et 450 avions pour bouter les Japonais hors de Mongolie.
















Après sa demande du 15 août 1939, il reçoit des renforts substantiels, composés de troupes aguerries lors d'opérations locales en Sibérie, au début des années 1930. Ces troupes sont, en outre, abondamment pourvues en matériel moderne, acheminé par la voie ferrée vitale du Transsibérien. Il peut provoquer la décisive bataille de Halhin Gol, le 20 août, pendant laquelle il fait mener une attaque frontale conventionnelle par son infanterie et les troupes mongoles, gardant en réserve deux brigades de chars, équipées de chars rapides du type Char BT-5. Une fois l'ennemi bien accroché, il fait exécuter par ses troupes rapides un enveloppement par les deux ailes. Soutenus par l'artillerie motorisée et l'infanterie, les deux groupes de bataille mobiles encerclent la 6e armée japonaise et capturent les dépôts de ravitaillement japonais.


















En quelques jours, les troupes japonaises sont contraintes à la fuite, abandonnant de nombreux prisonniers et la majeure partie de leur matériel. Cette bataille est considérée par les Russes comme une revanche de la débâcle de 1905 et Joukov est récompensé par le titre de Héros de l'Union soviétique.