lundi 30 avril 2012

De libre pensée et de beaucoup de gouaille.



Son anarchisme n'était pas doctrinaire. Il était fait de syndicalisme, d'antiparlementarisme, de libre pensée, d'amour libre, de néo-malthusianisme et de beaucoup de gouaille. Pour tous, amis et adversaires, il était Benoît, Benoît tout court.

— Pierre Monatte, à propos de Benoît Broutchoux.



Benoît Broutchoux naît à Essertenne non loin de Montceau-les-Mines. Son père Sébastien Broutchoux est métallo. Il est l'aîné d'une famille de huit enfants.
Il commence à travailler très jeune dans une ferme, puis à l'âge de 14 ans, il se retrouve comme mineur à Montceau-les-Mines, où il se blesse à une jambe. Il débarque en 1898 à Paris et travaille comme terrassier sur le chantier du métro. Il commence alors à fréquenter les milieux syndicalistes et anarchistes.
Il retourne à Monceau-les-Mines au printemps 1900 et continue de militer pour la cause anarcho-syndicaliste. Le 2 juin 1900, après la mort d'un métallo gréviste, Brouillard, tué par la police, il prononce un violent discours lors de l'enterrement : il est arrêté et condamné pour « excitation au meurtre et au pillage, injure à l'armée, paroles outrageantes au gouvernement parlementaire ». À peine libéré, il est condamné pour avoir frappé un commissaire.
En cavale, il rencontre celle qui sera sa compagne, Fernande Richir, et vit désormais avec elle. Il réussit en 1902, à se faire embaucher sous un faux nom dans le bassin minier, à Lens. En octobre, un grève éclate pour obtenir la journée de huit heures. Il s'oppose au « vieux » syndicat des mineurs réformiste contrôlé par Émile Basly. Il est à nouveau condamné pour « atteinte à la liberté du travail » et « usurpation d'identité ».
Il sort de prison en 1903 et s'implique alors dans le « Jeune syndicat », la Fédération syndicale des mineurs du Pas-de-Calais et devient le rédacteur du journal « Le Réveil syndical » puis de « L'action syndicale ». Partisan de l'action directe et de la grève générale, il se rallie également aux thèses néo-malthusiennes et milite pour l'amour libre dont la voie avait été montré par l'anarchiste américaine Emma Goldman.
Après la publication d'une série d'articles sur « la possibilité d'aimer sans enfanter », il est condamné pour "outrages aux bonnes mœurs" à 20 jours de prison. Il est acquitté en appel1.
Le 10 mars 1906, c'est la catastrophe de Courrières, qui cause 1 099 victimes. La grève déferle sur tout le bassin, les deux syndicats s'affrontentTB 1. Benoît est arrêté alors qu'il marche, avec 2 000 grévistes sur la mairie de Lens.





Libéré à la fin du mois de mai, il devient gérant d'un café tout en continuant continue d'éditer l'« Action syndicale », grâce à une petite imprimerie.
En 1906, il participe au Congrès d'Amiens de la CGT avec Georges Dumoulin et Pierre Monatte. Les anarcho-syndicalistes mettent à mal la minorité guesdiste et font adopter la Charte d'Amiens, qui affirme la défense des revendications immédiates et quotidiennes et la lutte pour une transformation d'ensemble de la société en toute indépendance des partis politiques et de l'État. Cette charte est toujours revendiquée par la CGT et d'autres syndicats (FO, CNT, etc.).
En août 1907, il participe au Congrès anarchiste international d'Amsterdam, qui porta sur les rapports entre anarchisme et syndicalisme. Il vit une vive opposition entre Monate et Errico Malatesta : Monate défend un syndicalisme révolutionnaire, alors que Maltesta pense que le syndicalisme ne peut être que réformiste.
Peu avant le congrès, il a échappé à la police suite à une réunion agité organisée pour protester contre l'arrestation de son ami André Lorulot. Les pandores le cueillent à son retour en septembre à son domicile. Il est à nouveau condamné avec Lorulot, pour « incitation de militaire à la désobéissance ». Il est également condamné en décembre 1909, pour avoir encouragé les grévistes du chantier du canal du Nord, ainsi que pendant l'été 1911, pour avoir soutenu la lutte des ménagères contre la vie chère. En janvier 1912, il écope d'un an de prison après avoir échappé au bagne. Il est amnistié en juillet.
En 1914, inscrit au Carnet B, la liste des principaux suspect anarchistes, il est arrêté, puis envoyé au front. En 1916, il est gazé lors d'une attaque allemande, et est réformé. Il est alors embauché comme chauffeur de taxi à la Compagnie générale des taxis. Il collabore alors au « CQFD » du pacifiste Sébastien Faure, puis au « Libertaire ».
Il participe au Congrès de Lille de la CGT, à Lille, en 1921, qui fait suite au Congrès de Tours du parti socialiste. Il est blessé par balle par un « camarade réformiste ».
En 1925, sa santé se dégrade et en 1931, son fils, Germinal, est tué par la police à l'âge de 26 ans.
En 1940, dans la misère, et malade, il se réfugie à Villeneuve-sur-Lot et y meurt le 2 juin 1944.



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