DANS LE DOUTE (et pas seulement dans le Doubs), ABSINTHE TOI. –
par Bibi la crème
« La vie ce n’est
pas drôle, mais c’est quand même la vie…Elle est faite de rien, une absinthe au
coin d’une terrasse de café…C’est bon l’absinthe…Pas la première gorgée mais après.
C’est bon…J’ai toujours eu l’amour des terrasses de café et la conception de la
plus flatteuse idée du paradis serait, pour moi, une terrasse de café, d’où
l’on ne partirait jamais… » disait l’auteur prolifique autant qu’humoristique
Alphonse Allais, auteur du fameux monologue Nuit blanche d’un hussard rouge.
De nos jours un constat s’impose pour n’importe quel jeune antimoderne qui fait sa panthère dans les caboulots parisiens et aime y boire comme un tigre!
Nous ne pouvons plus les blairer, ces touristes-vandales trop pédants ou trop godiches qui se pochardent gracieusement sur nos terrasses, en exigeant un blanc-sec ou un ballon de rouge à l’heure du goûter (« c’est tellement frenchy ! »),ni ces jeunes couillons qui n’ont pas l’excuse d’avoir connu Paris dans Amélie Poulain, qui osent commander ces cocktails fluo, ces vodka-poire mâtinés de boissons énergétiques et je ne sais quels philtres d’ivresse trop bâtards, sans goût, sans cachet, sans histoire!
Que le canon se taise ou gronde, parlons de la bonne cause, de ce breuvage stupéfiant, que dis-je de ce nectar, l’ABSINTHE nom de dieu ! Notre boisson nationale !
Pour le marlou qui voudrait en savoir plus sur cette
ensorceleuse fée, cette schérazade des estaminets, cette mère des apaches et
cela pardessus les mauvais ragots, voilà une brève histoire de l’absomphe comme
aurait dit le gars Rimbaud. C’est à la fin du XVIIIème siècle, à la mère
Henriod, une rebouteuse suisse, que l’on doit la saine trouvaille de l’absinthe
en tant qu’élixir médical. En 1797, le major Dubied rachète la recette à la
bonne vielle dame et le transforme en apéritif, un extrait d’absinthe à 68°.
C’est là qu’intervient un nom qui fera date dans les annales de l’apéritif
français. En effet le beau-fils du vieux major, un jeune bouilleur appelé Henri-Louis
Pernod fonde dès 1805 la première distillerie industrielle PERNOD FILS à
Pontarlier dans le Doubs. L’absinthe ne devient à la mode à Paris qu’à partir
des années 1830, amenée par les militaires qui y avaient pris goût en Algérie. A
cette époque, elle régale surtout les artistes de tous poils et plus
particulièrement la bohème littéraire de Paris.
Muse des poètes, l’absinthe est immédiatement adoptée par ceux qui préfèrent la chaleur des cafés à leurs tristes mansardes. En témoigne le nombre incalculable d’œuvres aussi bien écrites que picturales qui ont l’absinthe pour sujet au XIXème siècle jusqu’au début du XXème siècle, de Musset à Verlaine, en passant par Félicien Rops, Catulle Mendès, Charles Cros, Jean Lorrain, Van Gogh, Degas, Béraud ou Picasso et j’en passe….
On la boit généralement dans des verres hauts et larges dont certains présentent la particularité de posséder un renflement creux situé à la base ou un trait délimitant le niveau jusqu’où il faut verser l’absinthe. Ne contenant pas de sucre, certains la savourent, quand d’autres la boive avec frénésie, ajouté de quelques volumes d’eau et d’un sirop sucré, le sirop de gomme.
Plus tard on utilisera la cuillère filtrante, sur laquelle on dépose un morceau se sucre qui reçoit par gouttes ou par petites frappes, l’eau fraiche qui subtilement mélangée à l’absinthe lui donne sa robe d’un vert opaque si caractéristique. C’est un rite méticuleux, LE RITE, semblable à de longs préliminaires pour libérer les arômes.
A ce sujet précisions bien que d’aucune façon le sucre ne doit être brûlé ou directement mis dans l’absinthe. Ce sont là de bien mauvaises manières anhistoriques, venues du milieu gothique dans les années 1980-1990 et malheureusement trop souvent reprises par la jeunesse moderne, baignée de films souvent admirables mais absinthiquement douteux.
D’autres babioles ne manquant pas de gueule vont s’ajouter à la panoplie, comme la fontaine qui remplit d’eau glacée et muni de plusieurs robinets permettant le goutte à goutte, favorise le service de plusieurs verres à la fois.
Muse des poètes, l’absinthe est immédiatement adoptée par ceux qui préfèrent la chaleur des cafés à leurs tristes mansardes. En témoigne le nombre incalculable d’œuvres aussi bien écrites que picturales qui ont l’absinthe pour sujet au XIXème siècle jusqu’au début du XXème siècle, de Musset à Verlaine, en passant par Félicien Rops, Catulle Mendès, Charles Cros, Jean Lorrain, Van Gogh, Degas, Béraud ou Picasso et j’en passe….
On la boit généralement dans des verres hauts et larges dont certains présentent la particularité de posséder un renflement creux situé à la base ou un trait délimitant le niveau jusqu’où il faut verser l’absinthe. Ne contenant pas de sucre, certains la savourent, quand d’autres la boive avec frénésie, ajouté de quelques volumes d’eau et d’un sirop sucré, le sirop de gomme.
Plus tard on utilisera la cuillère filtrante, sur laquelle on dépose un morceau se sucre qui reçoit par gouttes ou par petites frappes, l’eau fraiche qui subtilement mélangée à l’absinthe lui donne sa robe d’un vert opaque si caractéristique. C’est un rite méticuleux, LE RITE, semblable à de longs préliminaires pour libérer les arômes.
A ce sujet précisions bien que d’aucune façon le sucre ne doit être brûlé ou directement mis dans l’absinthe. Ce sont là de bien mauvaises manières anhistoriques, venues du milieu gothique dans les années 1980-1990 et malheureusement trop souvent reprises par la jeunesse moderne, baignée de films souvent admirables mais absinthiquement douteux.
BRÛLEUR DE
SUCRE, TU SERAS PRIS COMME TEL !
D’autres babioles ne manquant pas de gueule vont s’ajouter à la panoplie, comme la fontaine qui remplit d’eau glacée et muni de plusieurs robinets permettant le goutte à goutte, favorise le service de plusieurs verres à la fois.
Rappelons pour nos aminches une anecdote amusante.
En 1885 Maxime Lisbonne, intrépide combattant communard, déporté 8 longues années à Nouméa en Nouvelle Calédonie (surnommé « le D’Artagnan de la Commune »), ouvre à l’angle du boulevard de Clichy et de la rue des Martyrs, la Taverne du Bagne. Les garçons de salle de son estaminet étaient affublés de tenue de bagnard et servaient à tour de bras des « nouméas », soit de généreux verres d’absinthes !
En 1873, le verre d’absinthe coûte 15 centimes alors que le pain est à 50 centimes et le bon verre de vin à 1 franc, l’alcoolisme prend des proportions inquiétantes. D’autant plus que l’absence de réglementation sur les alcools permet la production d’absinthes pour le moins illicites à base d’alcools à brûler, de bois ou de patate, colorées au sulfate de cuivre. En suisse ou à Pontarlier, authentique fief de la troublante produite et colorée naturellement, on s’arrache les cheveux.
A l’aube du XXème siècle, un alcoolisme démentiel frappant la population française, on accuse l’absinthe de rendre fou ! On montre clairement du doigt la thuyone, huile essentielle, dite toxique qui compose l’absinthe. Mais si cet alcoolisme qui frappe les plus basses classes de la société est en partie généré par la popularité de l’absinthe, des études démontrent fort bien que ce sont dans les régions où l’absinthe est la moins consommée que la folie alcoolique est la plus importante. Soutenu par les ligues anti alcooliques et les lobbies du vin, les autorités interdisent l’absinthe en suisse en 1910 et en France en 1915.
L’absinthe entame alors une longue traversée du désert, son interdiction donnant naissance à d’autres apéritifs anisés moins forts et respectant les réglementations (bien que le pastis fût interdit par le régime de Vichy). Il faut attendre 1988 pour que le décret européen n°88-1024 réglemente à nouveau le taux de thuyone dans l’absinthe. Son aménagement pour l’hexagone permet à quelques distilleries de relancer à faible échelle, la production de recettes du XIXème siècle.
En effet, de récentes analyses ont su montrer que les absinthes d’antan comme Pernod Fils respectaient déjà la réglementation européenne actuelle ! L’absinthe franco-suisse actuelle est donc la même que les absinthes historiques dont raffolaient nos ancêtres !
Avertissons le lecteur, foutre que dis-je ! l’adroit du coude, le bec salé, le sacré soiffard que tu es, sublime antimoderne, afin que tu y vois clair - avant ta première fée aux yeux glauques- et qu’on ne t’arnaque pas comme le premier couillon venu !
De nos jours on sert ou on vend en France et un peu partout en Europe, une myriade d’absinthes toutes plus farfelues les unes que les autres. En priorité évitez tout ce qui n’est pas français ou suisse, point de chauvinisme mais foutre ! faudrait être con pour aller cherchez ses croissants chez un amerloque ou sa vodka chez un andalou. Question mélusine du zinc, Ii n’y a pas pire fumisterie que les marques et boutanches venus des pays de l’est. Ces boissons aux couleurs fluorescentes n’ont d’absinthe que le nom et encore ! Rien dans leur fabrication, dans leur goût, dans la forme de la bouteille n’ont quelque chose à voir avec la muse verte. Surtout qu’elles sont la plupart des fois servis en « shot », misère… De la république Tchèque au Portugal, en passant par l’Andorre, quelque soit l’étiquette, la teinte ou le nom aguicheur, NE GOUTEZ PAS, N’ACHETEZ PAS ! En France, certains supermarchés, magasins d’alcools et même certains trocsons peuvent proposer des absinthes, même-là, méfiez-vous ! Encore une fois faites gaffe aux séduisantes étiquettes mensongères qui osent vanter un breuvage, certes verdoyant contrairement aux tord-boyaux tchèque mais au vague goût d’absinthe, à peine plus titré en alcool qu’un pastis ou qu’un Pontarlier. En général c’est de la marque « Absente » qu’il s’agit, exploitant le pauvre Van Gogh à son image, c’est un attrape-touriste ! « La Libertine » qui pourtant n’a pas mauvais goût, ne vaut guère mieux et ne satisfera que les curieux, les jean-fesses qui bidonnent à toutes les échoppes.
Nous n’en dirons pas autant d’une absinthe blanche, « la François Guy » fort peut titrée, mais assez alléchante pour être déguster avec verres, cuillères et même fontaines s’il vous plaît, au stand de la Fédération PCF du Doubs à chaque Fête de l’huma. Quel enchantement dans l’ivresse que d’entendre le rouge serveur dire à l’inconnu qui met trop de flotte dans sa liqueur « attention vous allez noyer votre absinthe. »
Certes a notre époque, les bonnes absinthes doutent cher, trop cher, mais c’est le lot de cet alcool jadis populaire dont le verre en bistrot revenait moins cher qu’une baguette et aujourd’hui devenu rare et donc coûteux en fabrication en en diffusion.
Reviendra-t-il ? Ce jour béni où, débarrassée de sa mauvaise réputation, l’absinthe reviendra danser sur nos terrasses, nous flatter ta trappe, pour le prix d’un Ricard et que nous puissions entendre le loufiat nous apostropher de la sorte :
« -Qu’est ce qu’il faut servir à ces messieurs et dames ?
-Une môminette au suque pour madame et deux purées à la hussarde pour nos gniasses. »
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