Mon crime est d'être indien. Quel est le vôtre?
Léonard Peltier.
Mary Crow Dog - Lakota Woman.
La foi en la sagesse de l'homme
"civilisé" inciterait à penser que l'animosité entre les Blancs et
les Indiens d'Amérique s'est dissipée au fil des générations, et qu'il faut
remonter à la fin du XIXème siècle pour en retrouver les dernières
manifestations. Cette autobiographie de Mary Crow Dog (née Mary Brave Bird)
nous démontre le contraire. Cette indienne métisse de la tribu des Lakotas (les
Sioux) y raconte la reconquête de sa propre identité, de sa culture et de ses
racines ancestrales, dans une Amérique des années 1960/70 qui n'a cessé de
chercher à les anéantir durant plus d'un siècle. Chacun connait l'existence des
réserves indiennes, ces miettes territoriales accordées gracieusement par
l'immigrant Blanc triomphant à l'autochtone Indien vaincu, généralement dans le
mépris de leur Histoire et des traditions des tribus concernées. Ce que l'on a
tendance à ignorer, c'est la manière dont l’État Américain a cherché à
annihiler toute trace de culture indienne au cours du XXème siècle, en
interdisant notamment la pratique de la plupart des rituels religieux. Dans ce
pays si épris de liberté, notamment de culte, les Indiens - pour la plupart
forcés lors de leur reddition à se convertir au christianisme - n'avaient donc
aucune latitude pour choisir leur religion et leur mode de vie.
Mary Crow Dog
raconte dans son livre toutes les humiliations, le déni et le racisme subi par
son peuple et par elle-même, la citoyenneté à deux vitesses en vigueur dans un
pays si fier de sa démocratie, et qui dit citoyenneté à deux vitesses dit
également inégalité devant la justice, où dans certains États, il n'y a pas si
longtemps, le meurtre d'un Indien était toujours considéré comme un délit
mineur, mais où un délit mineur de la part d'un Indien était passible de
sanctions pénales démesurées. Jusque dans les années 1970 (et peut-être même
par la suite encore), un Indien ne pouvait pas plus faire confiance à la
médecine, ni même aux services sociaux ou à l'éducation de "son" pays
: Mary Crow Dog raconte les stérilisations abusives de femmes Indiennes lors de
banales hospitalisations, l'habitude qui consistait à retirer les enfants à
leurs parents pour mieux façonner les jeunes générations aux modes de vie et de
pensée des Blancs, ou encore l'extrême dureté de la scolarisation réservée aux
Indiens.
Ce livre est également un témoignage de l'Histoire du mouvement contestataire Indien initié dans les années 1970 (A.I.M.), et auquel Mary Crow Dog prit part de manière active ; elle relate notamment le plus retentissant fait d'arme du mouvement : le siège du site historique de Wounded Knee (où des sioux furent massacrés en 1890 par l'armée US), en 1973. Ce livre est également parsemé de nombreux détails sur les traditions du peuple Lakota (danse du Soleil, danse des Esprits, rôle de l'Homme-Médecine, etc...), mais sa partie historique est de mon point de vue la plus forte. Avec une amertume finalement assez modérée (n'importe qui serait haineux pour moins que ça), Mary Crow Dog narre la renaissance symbolique d'une nation dépossédée de tout, y compris de sa dignité. Les récents évènements rapportés dans la presse fin décembre 2007 (déclaration d'indépendance et renoncement symbolique à la nationalité américaine de la part de dirigeants sioux) tendent à prouver que les choses n'ont pas tellement évolué ces dernières années.
Ce livre est également un témoignage de l'Histoire du mouvement contestataire Indien initié dans les années 1970 (A.I.M.), et auquel Mary Crow Dog prit part de manière active ; elle relate notamment le plus retentissant fait d'arme du mouvement : le siège du site historique de Wounded Knee (où des sioux furent massacrés en 1890 par l'armée US), en 1973. Ce livre est également parsemé de nombreux détails sur les traditions du peuple Lakota (danse du Soleil, danse des Esprits, rôle de l'Homme-Médecine, etc...), mais sa partie historique est de mon point de vue la plus forte. Avec une amertume finalement assez modérée (n'importe qui serait haineux pour moins que ça), Mary Crow Dog narre la renaissance symbolique d'une nation dépossédée de tout, y compris de sa dignité. Les récents évènements rapportés dans la presse fin décembre 2007 (déclaration d'indépendance et renoncement symbolique à la nationalité américaine de la part de dirigeants sioux) tendent à prouver que les choses n'ont pas tellement évolué ces dernières années.
L'occupation de Wounded Knee en 1973
par MATHIEW KING :
L'occupation de Wounded Knee en
1973 était une question de survie. Nous nous sommes saisis de nos armes car
c'était notre devoir d'assurer la survie de notre peuple. Nous devions
survivre. Il fallait que nous fassions savoir au monde la façon dont notre
peuple était peu à peu anéanti. Le gouvernement des États-Unis ne peut
dissimuler ce qu'il nous a fait subir. Le monde doit savoir.
Aujourd'hui, le monde sait.
Il est de notre devoir de
redevenir un peuple libre, de former une nation parmi les autres nations du
monde. Nous sommes une nation au sens où l'Organisation des Nations Unies
l'entend. Nous disposons d'une langue, d'une religion, d'un territoire, d'une
histoire ; notre culture remonte à la nuit des temps.C'est plus que le
gouvernement américain peut prétendre. Votre langue est celle d'une autre
nation et votre religion a été empruntée à une autre civilisation ; vous n'avez
rien créé en ce domaine, Et vos terres ont été prises à d'autres également. À
nous !
Les Indiens forment un peuple
magnifique épris de paix. Chacun d'entre nous est un leader né. Nous avons
beaucoup à apprendre au monde, nous avons tant de choses à offrir aux autres
nations. Nous voulons occuper notre place parmi elles. Vous ne pouvez nous
masquer aux yeux du monde.
Nous devions mettre un terme au
massacre de notre peuple. Ainsi, en 1973, nous avons repris une petite partie
du territoire qui nous appartenait, ici dans la réserve de Pine Ridge, la
colline sacrée de Wounded Knee. Il s'agit du lieu même où Big Foot et sa bande
furent abattus en 1890.
Telle est la raison pour laquelle
nous choisîmes d'occuper Wounded Knee. Nous n'avions pas l'intention de nous servir
de nos armes. Les hommes du FBI nous avaient encerclés.
J'étais présent avec
les Anciens ; nous assumions un rôle de conciliateurs. Nos guerriers vinrent me
trouver pour me demander ce qu'ils devaient faire. « La Pipe, la Pipe Sacrée,
leur répondis-je. Elle est plus puissante que n'importe quel fusil, plus
puissante même qu'une bombe atomique ! »
Nous avons résisté soixante et
onze jours. Et les fusils n'y étaient pour rien. Le pouvoir de la Pipe nous y
aida, le pouvoir surnaturel de Dieu, De cette façon, nous avons pu éviter un
nouveau massacre. Il y eut des blessés, quelques morts, mais nous observâmes le
précepte de Dieu. Survivre. Après l'occupation, un grand nombre de nos
guerriers furent arrêtés et jetés en prison. Leonard Peltier et les autres. Accusations
inventées de toutes pièces. Peu leur importait qui ils avaient capturé. Il leur
fallait un Indien, attraper n'importe lequel. Telle est la justice de l'homme
blanc.
Mais nous avons survécu et nous
continuerons de survivre. C'est ça Wounded Knee, Survivre.
« Arrêtez la terreur à Pine Ridge! » Article du n°2
d'Osawatomie (printemps 1975), journal clandestin du Weather Underground,
consacré à la répression de l'American Indian Movement dans la réserve
amérindienne. La même année, Leonard Peltier y fut arrêté et incarcéré, accusé
du meurtre de deux agents du FBI. L'article, lui, affirme que depuis le 1er
mars 1975, deux ans après la révolte de Wounded Knee, sept membres ou
sympathisants de l'AIM, dont deux femmes et un enfant, ont été assassinés.
Fragment d'histoire : Wounded Knee, l'histoire dramatique de "Lost Bird"
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=LPXlB5u0Jus