Entre les années 1866 et 1871, La confrérie Fenian, branche américaine de l'IRB, l'IRISH REPUBLICAN BROTHERHOOD, lança plusieurs incursions contre la canada..L'objectif en plus de porter de rudes coups aux intérêts anglais grâce à des hommes expérimentés qui avaient combattus pendant la guerre civile américaine, était de conquérir les territoires canadiens en vue de les échanger contre l'Irlande. Et donc à long terme, l’indépendance de l'Irlande. Les Fenians espéraient aussi que les britanniques dépêcherait de nombreuses troupes régulières au Canada. Chose qui selon leurs plans, faciliterait les tentatives d'insurrections en Irlande même. Pour leur malheur et même si lors de nombreux engagements, les Fenians réussirent à disperser à prendre le dessus et même souvent (au début) à vaincre les troupes lancées à leur encontre, le Canada resta fidèle a la couronne britannique. Ils se heurtèrent notamment (déjà) aux canadiens d'origine irlandaise mais protestants et orangistes.
En face des Fenians, peu ou pas de troupes britanniques. Mais seulement des forces de milices tardivement organisées.
En effet, avec la guerre de Crimée, le gouvernement
britannique avait dû entreprendre le retrait d'un grand nombre de ses troupes alors
en garnison dans les colonies de l'Empire. Ceci, afin de les expédier rapidement
en Orient pour combattre l'armée russe.
Ainsi, durant le printemps 1855, il n'y avait plus que 1 887 soldats anglais dans les provinces du Haut et du Bas-Canada (Québec
et Ontario), ainsi que 1 397 autres dans les provinces maritimes
(Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve).
A partir de ce moment là, les habitants du Canada, anglophones comme francophones, prirent conscience qu'en cas de conflit avec les Etats-Unis (qu'on se rappelle des tentatives lors de la guerre d'indépendance américaine ou lors de la guerre de 1812). Un constat s'imposait: ils ne devaient
compter que sur eux-mêmes pour assurer leur propre défense...
C'est ainsi qu'en 1855, une commission militaire fut
chargée de déterminer quelle serait la meilleure action à entreprendre afin de
lever une force de défense purement canadienne.
Le système de milice n'était pas à proprement nouveau. Mais après l'étude de plusieurs plans, on arriva à la conclusion
suivante : une nouvelle force permanente de volontaires sera levée, équipée et
entraînée, et devra remplacer peu à peu l'ancienne milice sédentaire
jusqu'alors en charge de la défense du territoire canadien (cette nouvelle
force permanente sera composée d'artillerie, de cavalerie et de tirailleurs).
En outre, des armes et des munitions en quantité suffisante et pouvant équiper une armée de 100 000 volontaires
devaient être stockées un peu partout dans le pays pour faire face à une éventuelle
mesure d'urgence. Ces différentes recommandations furent transmises sous formes
de décrets à la législature canadienne ("1855 MILITIA ACT"). C'est
ainsi que le pays fut alors divisé en 18 districts militaires, chacun avec des
sous-districts régimentaires ou de bataillon, afin de faciliter la mobilisation
des forces en cas de crise. L'unité de base de recrutement sera la compagnie
(la responsabilité du recrutement des hommes devant incomber au capitaine de la
compagnie locale...). Chaque district sera dirigé par un colonel, lequel sera
assisté par un petit état-major non soldé par la Couronne britannique. Le
colonel de chaque district en question aura à répondre devant un état-major
général soldé comprenant l'adjudant-général de la colonie et 2
"députés" (adjoints de l'adjudant-général), c'est-à-dire un pour
chacune des deux parties du Canada (Ouest et Est).
En 1855, le premier adjudant-général du Canada fut le
colonel Baron de Rottenberg, tandis que ses deux adjoints étaient le
lieutenant-colonel Melchoir Alphonse de Salaberry et le lieutenant-colonel
Donald Mac Donald.
En principe, le décret de 1855 se démarquait profondément de
l'organisation militaire de la milice canadienne établie à l'époque de
Frontenac et d'Iberville.
L'innovation majeure fut la création d'une "milice
active" devant consister, sur le papier, en 16 pelotons de cavalerie, 7
batteries d'artillerie à cheval de campagne, 5 compagnies d'artillerie à pied
de forteresse et 50 compagnies de tirailleurs "riflemen"(donc pas des fusiliers à proprement parler et de là l'unfirome vert sombre.).
Au début,
cette "milice active" n'excédait pas 5 000 hommes, lesquels étaient
tous volontaires et armés et habillés par leurs soins. Les périodes
d'entraînement de ces hommes devaient durer 10 jours par an (20 pour les
artilleurs), durant lesquelles ils étaient soldés et nourris par le
gouvernement canadien. Ce "1855 MILITIA ACT" rencontra un certain
enthousiasme parmi les Canadiens anglophones durant le conflit en Orient. Et
les effectifs des milices de volontaires ne cesseront
de croître les années suivantes, surtout à l'aube de la
Guerre de Sécession américaine...
En 1859, un incident à priori anodin manqua de provoquer une nouvelle
guerre entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. L'île San Juan faisait partie
des territoires contestés dans le tracé de la frontière entre les deux pays. Or, le 15 juin 1859,
un fermier américain s’octroie le droit de buter un cochon venu se régaler dans son
champ de pommes de terre situé dans cette île. Le cochon étant britannique et appartenant à la Compagnie de la baie d'Hudson, il s'ensuit une flopée invraisemblable de fausses rumeurs et d'accusations sans fondement qui
enflamment l'opinion américaine. Ces gens-là ont toujours très fort à ce petit jeu...
Le 18 juillet, accordant foi à certains ragots, selon lesquelles
des marins britanniques auraient maltraité des citoyens américains et croyant
que l'île San Juan représenterait un point stratégique très important, le général
américain W.S. Harney y dépêche un détachement d'infanterie régulière. On voit alors des soldats fédéraux en Hardee Hat, baïonnette au canons et appuyée par de l'artillerie de campagne, monter la garde sur l’île. À cette
nouvelle, le gouverneur Douglas réclame l'aide de la Royal Navy et, à la fin de
juillet, les soldats américains cantonnés dans l'île voient apparaître la
frégate HMS Tribune, de 31 canons, à laquelle se joint bientôt la corvette HMS
Satellite, de 21 canons. L'arrivée d'un navire américain avec des troupes de renfort provoque une confrontation qui ne sera désamorcée qu'avec l'arrivée providentielle d'instructions du gouverneur Douglas permettant à la Royal Navy de laisser débarquer les troupes américaines. Le capitaine Geoffrey Hornby, du HMS Tribune, tente dans la mesure du possible de calmer les esprits belliqueux du gouverneur Douglas et du capitaine George Pickett commandant les troupes américaines (le même qui plus tard commandera une division à Gettysburg lors de la fameuse"charge"), afin que l'incident ne dégénère pas en véritable guerre. Il est pleinement approuvé par son supérieur, le contre-amiral Robert Lambert Baynes, qui arrive le 5 août à Victoria, en provenance de Valparaiso, à bord du HMS Ganges, de 84 canons. Finalement, la "Pig War" ou la « guerre du cochon », n'aura pas lieu et se terminera en 1872 quand la souveraineté américaine sera reconnue sur tout l’archipel.
Mais la menace demeure...
Du coup, la réponse du public canadien à la formation d'une force
bénévole de soldats à temps partiel fut immédiate et enthousiaste. Un exemple parmi d'autres : le 21
Décembre 1861, une réunion tenue à Toronto pour discuter de la levée d'un
régiment de volontaires parmi les artisans de la ville obtient le succès escompté. Une motion fut adoptée pour la création d'un battalion of Volunteer Rifles. Des mesures ont
été prises à la fois à lever des fonds par voie de souscription ainsi que pour l'achat de
vêtements et d'équipement.
Le 14 Mars 1862, une nouvelle unité est crée, il s'agit du 10th Battalion Volunteer Militia Infantry infanterie. Toutefois contrairement aux autres unités de "rifles" aux uniformes verts, une demande a été
accordée que le régiment soit vêtu d'écarlate, et serve en tant qu'unité d'infanterie et non comme unité légère. Le 10 Avril 1863, le régiment a
été, reçu la permission d'adjoindre la désignation "royal" à son nom et a été désigné the 10th, or Royal Regiment of Toronto, Volunteers.
La possibilité d'une guerre entre les États-Unis et la
Grande-Bretagne à la suite de l'affaire du Trent en 1861 produit une expansion
enthousiaste d'engagements dans les unités de milices et la formation de plusieurs compagnies
de "Rifles" à Toronto. A cette époque et durant de nombreuses années, Toronto restera le bastion loyaliste du Canada anglais. Divers bataillons sont formées en 1862. Ainsi naît The Queen's Own Rifles of Toronto.
Au début de invasions Fenians en 1866, l'ensemble de ces unités ( je ne peux pas tous les citer) reçurent un avant-gout du service actif. Elles combattirent parfois au coude à coude avec des formations de volontaire irrégulières nommées "homes guards". Certaines se sont très vites débandées faces aux unités Fenians, anciens de la guerre civile américaine, peu nombreuses mais particulièrement expérimentées, ou ont pris part à quelques escarmouches et opérations de ratissages. Car comme on le sait, l'invasion du Canada n'eut pas lieu...
Fusil Snider-Enfield. |
Ces troupes, d'abord armée du fusil Enfield à capsule, reçurent dès la fin de 1867, des Snider-Enfield à chargement par la culasse.
Bien que la milice canadienne ont probablement été les
premières troupes en dehors du Royaume-Uni 0à être pourvu obtenir le fusil Snider-Enfield en
raison de la menace des Fenians. Ils furent aussi les parmi les derniers à s'en séparer. Le ministère de la Milice n'ayant jamais fait adopter le
Martini-Henry, et a donc gardé le Snider jusqu'à ce qu'à l'adoption du fusil Lee-Enfield en 1897-1898!
Après la bataille d'Eccles Hill (près de Huntingdon, Québec)
le 25 mai 1870.
|
3rd Victoria Rifles 1866.
|
Cadavre de "raider" Fenian aux pieds de deux"homes guards. |
Rifleman (uniforme vert sombre) du 3rd Victoria Rifles.
|
Militia Battalion of the the 3rd Victoria Rifles of Montreal, en 1870. Ils portent alternativement le"forage cap" et une espèce de shako. Cette unité a vu le fu contre les Fenians à la bataille de Eccles Hill, le 25 mai 1870.
Membres of the "Dominion of Canada Rifle Team" a une compétition de tir à Wimbledon
en Angleterre en 1872 -
|
La médaille à barrette pour récompenser les miliciens canadiens. Celle à droite, concernant la dite campagne de la rivière-rouge contre les Métis, se passe de commentaires, tant les affrontements on été sporadiques voir inexistants. Néanmoins il fallait bien gâter ses sujets...
Planches en couleurs extraits de la collection OSPREY montrant des miliciens canadiens durant les raids Fenians.
Miliciens canadiens, près d'un Fenian mort, vêtu d'un unfirme de cavalerie fédérale de couleur verte ornée du bouton IRA, pour Irish Republican Army. Première apparition de ce sigle. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire