En tant qu'ANTIMODERNE faubourien et creusois de Paris, il m'est apparu comme un devoir de publier ce texte d'un creusois de Jouillat (on est plus ou moins du même coin l'ami) qui rappelle avec le cas (pour un cas c'est un cas!) d'un de ses aïeul, ce qu'étaient les "apaches". On parle bien de ces mauvais garçons de la dite "belle époque" qui était évidemment belle pour certains, mais moins pour d'autres...
Style d'accord, mais surtout style de vie. Pour d'autres, un style tout court... un "look"... une simple question de dégaine. Une chose (encore) qu'aimerait bien récupérer la racaille fashionable du Marais, cette foutue clique roublarde à tête de pipes et autres petites salopes de "créateurs", toujours à l'affût du moindre style plus ou moins juteux à récupérer. Après tant d'immondices comme la marque de fringues "cdp" pour commune de paris, "Monsieur Lacenaire, et "fleurs de bagne", voilà qu'on nous a pondu une dernière merde: "bleu de Paname".
Répugnant... A chier!
A quand "Auschwitz Apparel", petites putains? Vous n'en êtes pas loin...
A quand "Auschwitz Apparel", petites putains? Vous n'en êtes pas loin...
Comme les BCBG des années 1980 qui parlaient en verlan, rien moins que des petites frappes de salons qui ne doivent pas compter beaucoup d'ouvrier ni de voyous chez leurs ancêtres... Mais pour séduire de la grognasse et faire son beau, qu'est ce qu'on serait pas prêt à faire ? Alors? Gaffe!
Ohé les apaches !
A nous les eustaches,
Les lingues à viroles,
Les longes d’assassins
Pour le bidon des roussins
Et pour le ventre des cass’roles.
Avant de vous lâcher l'histoire de cet apache creusois, quelques précisions:
Note 1: En Creuse à cette époque, c'est à dire avant 14 et encore plus dans le nord du département, la plupart des jeunes gars partaient travailler dans le bâtiment à Paris.
Maçons de la Creuse. |
Note2: Les zouaves, surnommés "chacals" ou "zouzous", étaient une unité d'élite de l'armée française. Créer au début de la conquête de l'Algérie à partir d'une tribu kabyle au service de la France, ses effectifs vont très vites être gonflés par les parisiens sans travail ou ayant fait le coup de feu en juillet 1830 (les engagés "indigènes" devenant tirailleurs algériens ou "turcos"). Leur côté gouailleur, leurs élan au combat et leurs exploits de troupe de choc vont atteindre une popularité sans précédent, tant auprès du public que des autorités militaires.
Zouave après 1900, et sa cibiche! |
Je cite donc celui qui signe:
Par principe je suis le plus souvent pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour!
Ce Creusois s'appelait Emile Chaulier. Il est né dans la
commune du Mouthier Malcard plus exactement à la ferme du "Bois Lamy"
en 1879. Ces parents en étaient les fermiers.
Emile Chaulier était un "dur à cuire". Il avait une dizaine
d'années lorsqu'un jour agacé par sa jeune soeur de quatre ans, qui
pleurnichait, il trouve rien de mieux que de l'enfermer dans la maie à pain
pour ne plus l'entendre. Toute sa vie sera remplie d'initiatives de ce genre
plus ou moins limites.
La culture ne l'intéresse pas. Les métiers du bâtiments
encore moins. Ces parents ont bien tenté de le placer comme garçon tuilier à la
tuilerie de Roches, mais son baluchon sur l'épaule, il disparait. On le
retrouve garçon meunier au moulin de Chibert dans la commune de Glénic. C'est
dans la commune voisine ; Jouillat, qu'il fait connaissance d'une petite
journalière ; Sylvie Sansigot. Elle travaille, avec sa soeur Jeanne chez les
Léonard dans le village de Lascoux. Sans tambours ni trompettes, fou amoureux,
il décide d'épouser la jolie Sylvie. Elle, subjuguée par tant de tempérament ne
résiste pas.
Le père Chaulier a ce petit côté séduisant, sans être très
beau, qui chez une femme fait perdre
toutes raisons. Ils se marient à Jouillat et logent dans une vieille maison de
Villevaleix. Quelques mois après nait une petite Yvonne. Seulement l'argent
manque. Pour le "père Chaulier" pas questions d'aller faire
"l'esclave" chez les paysans. Il entends parler de Paris. Là-bas il y
a des usines. Sa décision est prise. Il part pour Paris. Il laisse femme et
enfant, car où loger ? Dans cette grande ville il ne connait personne. Ici son
épouse ne manquera de rien. Elle à encore sa mère, ses frères et soeurs. Ils
prendront soin d'elle.
Et le voila parti, seul, pour l'aventure parisienne.
Les moyens du père Chaulier le fond se diriger vers les
quartiers populaires de la capitale. Les anciennes fortifications sont le
refuge des "rouges". Les barrières de Clignancourt, La Chapelle,
Saint-Ouen sont ses lieux de prédilection. Il travaille d'expédients. Veilleur de
nuit, charretier enfin des petits boulots qui lui font fréquenter une
population "libéraliste" qui peuple ces barrières parisiennes. ll
côtoye en particulier des bandes de voyous de Belleville et de
"Ménilmuche".
Ces voyous, ancètres des blousons noirs des années 60,
ce font appeler "les Apaches" (ou Gang des Apaches, Apaches Gang).
Ils se déplacent en bandes, avec des accoutrements spécifiques qui leur
permettent de se distinguer. L'élément le plus important de leur habillement
réside dans les chaussures. Quelles qu'elles soient, elles se doivent de
briller, surtout aux yeux de leur bande ou de leur dulcinée. Un apache
n'hésitera d'ailleurs devant rien pour s'approprier la paire de bottines jaunes
plus importante que son veston semi-ouvert sur une chemise fripée, le pantalon
patte d'éph ou la casquette vissée au-dessus d'une nuque rasée. Ils
investissent à la nuit tombée la Bastoche ou la Mouff'. Pour subvenir à leurs
besoins, ils pratiquent, selon leur âge et leur expérience, le bonneteau
(arnaque de rue), le proxénetisme ou encore l'escroquerie. Certains sont
d'ailleurs particulièrement violents, n'hésitant pas à aller jusqu'au vol de
bicyclette.
La présence et le rôle actif des femmes dans les méfaits
attribués aux Apaches ainsi que le libéralisme des attitudes qu'elles adoptent
et affichent volontairement tranchent avec les mentalités de l'époque.
Un
exemple particulièrement relaté dans la presse du rôle des femmes dans cet
univers fut celui de Casque d'or, immortalisée ensuite par Simone Signoret dans
le film éponyme de Jacques Becker, et qui fut au centre d'une lutte entre deux
souteneurs, Leca et Manda, en 1902.
Durant tout ce temps le "père Chaulier" n'a guère
le temps de s'occuper de femme et enfant végétant en Creuse. Une de ses
frasques parisienne l'oblige même à solliciter un engagement chez les Zouaves
afin de fuire la police française. Il y perdra une partie de l'épaule droite
lors d'une mission de pacification au Maroc. Démobilisé et rapatrié en France
il retoune dans les faubourgs parisiens. Son passé de libéraliste lui fait
obtenir par la Mairie communiste de Pierrefitte un petit logement. Il tire un
trait sur son passé de sympathisant "anar". Il fait
"monter" sa petite famille à Pierrefitte.
L'ex apache c'est rangé.
Mais jusqu'à sa mort, tous les dimanches matins il vendra "son
journal" l'Humanité à la terrasse du café placé face à l'église de
Pierrefitte...
C'était mon arrière grand-père et j'en suis fier !
L'vieux
http://lascoux.rmc.fr/
Divers armes, qu'on attribue généralement aux "apaches" de Paris:
A noter que le terme "armes d'apaches" est trop souvent galvaudé. Ainsi les armuriers ou antiquaire aiment à présenter des revolvers ou pistolets aux mécanismes biscornus, parfois équipé d'un coup de poing américain à la place de la crosse, sans preuve réelle qu'elles ait appartenu à des apaches. Le vrai apache de la "belle époque" a vu sa légende gonflée après la première guerre mondiale, au point de devenir une espèce d'attraction typiquement parisienne, avec ses légendes, ses mythes... alors que celui-ci avait disparu en tant que tel dans la boue des tranchées. L'apache de 1910 préférait encore son couteau de poche ou un petit revolver, voir un pistolet Browning, très bon marché et malgré tout plus robuste que ces armes fantaisistes. Ces pistolets, très prisés dans les milieux anarchistes ou syndicalistes révolutionnaires n'étaient certes pas des armes redoutables, mais on maintes fois prouvées qu’elles pouvaient être dangereuses voir mortelles, surtout à courte portée (voir les émeutes ayant suivi la mort de Ferrer ou de Liabeuf) Les poings américains, inventés pendant la guerre de sécession américaine, font aussi partie de la panoplie légendaire de l'apache de journal.
Aristide Bruant: "Chant
d'apaches".
Chez un bistro du quartier d’la
Viltouse,
Les barbillons trinquaient à la
santé
D’un d’leurs poteaux qui
décarrait d’centrouse
Et l’on chantait : “ Vive la
liberté ! ”
Ohé les apaches !
A nous les eustaches,
Les lingues à viroles,
Les longes d’assassins
Pour le bidon des roussins
Et pour le ventre des cass’roles.
Tant pis pour vous, Messieurs de
la raclette,
Tant pis pour vous, Messieurs les
collégiens,
Faut pas chercher les garçons
d’la Vilette,
car leurs couteaux sont pas faits
pour les chiens.
Quand les flicards veul’nt nous
ceinturer d’riffe,
Nous fabriquer, nous conduire à
la tour,
Marrons su’l’tas, ces jours-là ya
d’la r’biffe
On leur z’y met son vingt-deux
dans l’tambour.
Faut pas non pus aller s’frotter
l’derrière
Nos p’tites bergères qui
s’balad’icigo...
Ou ben sans ça, gare à la
boutonnière !
(y)
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