Les orangistes contre le fait
français au Canada.
Fondé en 1795 en Irlande du Nord
afin de combattre pour la suprématie de la foi protestante et la monarchie
britannique, le Loyal Order of Orange connut un essor phénoménal dans tout
l’Empire, mais en aucun endroit, en dehors des îles britanniques, l’expansion
du mouvement orangiste sera plus fulgurante qu’au Canada. Il sera au coeur du
combat contre le fait français au pays
À la fin du XIXe siècle et au
début du XXe, un Canadien anglais sur trois sera membre de cette organisation
prônant la suprématie anglo-saxonne. L’Ordre d’Orange, qui représente
l’intolérance érigée en système, aura alors une influence marquée sur la
politique canadienne. Plus de 300 élus feront partie de l’Ordre, dont 4
premiers ministres fédéraux (Macdonald, Abbott, Bowell, Diefenbaker) et de
nombreux premiers ministres provinciaux. À Toronto, on vibrera au son des
tambours orangistes.
Le mouvement orangiste a été si
important au Canada et a exercée une telle influence sur la vie sociale et
politique canadienne qu’il s’est retrouvé impliqué au cœur des conflits qui ont
bouleversés l’histoire de l’Amérique du Nord britannique. Des rebellions de
1837-38 aux débats plus contemporains sur l’unité nationale, en passant par les
raids Fenian de 1866, les rebellions métisses de 1870 et 1885, la Guerre des
Boers, les deux guerres mondiales, etc., le mouvement orangiste a joué un rôle
de premier plan et a eu une influence considérable. Notamment, c’est en grande
partie à son action que l’on doit toutes ces lois canadiennes-anglaises (le
Règlement 17 ontarien est la plus célèbre) pour interdire l’éducation en
français au Canada.
En fait, l’Ordre d’Orange
suscitera lui-même de nombreuses crises linguistiques et politiques. En plus
des crises des écoles françaises au Canada anglais, on peut penser aux émeutes
de 1820 et des années 1840 au Nouveau-Brunswick, à l’émeute Gavazzi ou à
l’incendie du Parlement de Montréal en 1849, au piétinement du drapeau
québécois à Brockville (ville d’origine de l’orangisme canadien organisé) en
1990, pour ne nommer que quelques crises politiques pour lesquelles le
mouvement orangiste ne sera pas seulement qu’un acteur, mais bien le
provocateur et le principal moteur.
Qui plus est, le mouvement
orangiste canadien développera même la capacité d’enfanter des mouvements encore
plus intolérants et racistes que lui (le paroxysme de l’intolérance
canadienne-anglaise, pourrions-nous dire), notamment le Ku Klux Klan canadien,
mouvement hautement intolérant qui sera lui aussi en mesure d’alimenter et de
faire naître les crises et les conflits. Ensemble, ils combattront le français
au Canada avec une épouvantable efficacité. Pour cause, le KKK canadian sera
présent d’un océan à l’autre, suivant le sillon orangiste, et comptera plus de
60 000 membres en règle à son apogée! Le journal albertain du KKK produira à
lui seul, dans les années 1920, un tirage de… 250 000 exemplaires!
L’Ordre d’Orange, et les
mouvements qu’il contribuera à faire naître, joueront un rôle immense dans le
génocide culturel des francophones au Canada. Or, encore aujourd’hui, le
mouvement demeure présent et actif au pays, avec une vitalité étonnante
d’ailleurs, même si leur objectif a été en grande partie atteint : empêcher que
le fait français au Canada déborde des frontières d’un Québec qu’ils
honnissent.
Quant au nord de l'Irlande du nord, l'Ulster, où ce mouvement est né. On retrouve régulièrement des "boneheads" ou skins néo-nazis dans les rangs des marches orangistes. Un détail qui ne fera que ne nous fera pas changer d'avis quant au camp à soutenir. GOD SAVE THE IRA!
Pour plus d’informations :
BÉGIN, Pierre-Luc, Loyalisme et
fanatisme. Petite histoire du mouvement orangiste canadien, Québec, Éditions du
Québécois, 2008.
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