samedi 7 juillet 2012

Le prince Napoléon et les N.Y. Zouaves

Le prince Napoléon et les N.Y. Zouaves
In “Prince Napoleon in America, 1861 – Letters from his Aide-de-Camp Lt Col. Camille Ferri Pisani”



Le prince, accompagné par le baron Mercier et M. de Montholon, est allé visiter un camp de recrues à Staten Island, une grande île à l'entrée de la baie de New York ... Les premières Compagnies que nous approchâmes furent celles de zouaves, presque entièrement composées de Français.

Ces hommes reconnurent immédiatement le prince et se rassemblèrent autour de nous.

Ces ovations improvisées furent touchantes, en particulier de la part d'individus dont la sensibilité patriotique doit avoir été émoussée par leur nouvel environnement. Ces Français, qui viennent au Nouveau Monde pour faire fortune et qui, au lieu de travail, endossent l'uniforme des zouaves et s'engagent pour soixante francs par mois dans une guerre civile ne sont pas hommes, je crois, à se laisser submerger facilement par de tendres émotions.

Nous avons évité de leur demander comment et pourquoi ils en sont arrivé à porter le turban sur les rives de l'Hudson au lieu du képi sur la place Maubert. Quelques-uns, cependant, nous donnèrent spontanément quelques explications mais, après les premières paroles, comme de vrais Parisiens, ils commencèrent à se moquer de la cause qu'ils servaient.

L'un nous dit que son capitaine était un perruquier... Un autre nous fit part de son espoir de voir un jour les nègres substitués aux soldats du Nord, après avoir été libérés de la servitude au Sud...
Aux yeux de ce soldat, la guerre se résumait à cette simple et unique question : " Qui aurait les nègres à la fin du conflit ?"

Après avoir écouté leurs doléances, leurs remarques et l'expression de leurs sentiments, je ne pouvais que reconnaitre la grande divergence entre les moeurs de ces bouffons enclins à se moquer de tout, et les gens du Nord, imperturbablement sérieux et incapables de trouver un quelconque ridicule en eux-mêmes ou dans les autres.
En un mot, ces étrangers ne constituent pas un sérieux élément de recrutement ; Ils pourraient être d'audacieux partisans, mais ne seront jamais de bons soldats dans l'armée régulière.

Quant à l'uniforme de zouave adopté par quelques unités, il sera sans doute appelé à disparaître ; Si en France il inspire le respect en rappelant des souvenirs glorieux, en Amérique, il ressemble à un déguisement pour une mascarade.


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