mercredi 29 février 2012

THE CHARGE OF THE LIGHT BRIGADE



The charge of the Light Brigade. Une édition "collector" vient de sortir. Pas celui avec Errol Flynn, gominé comme Elvis. Celui de 1968...
Pour ceux qui ne l'auraient jamais vu... (re)parlons en:
On n'aura jamais vu un film de guerre aussi anglais et aussi... anglophobe. Je m'explique. Bien que directement inspiré du livre de Cecil Woodham-Smith, ce film historique sabre de la plus belle façon, et l'éthique de la société britannique et son armée! Mais comment vous dire? Rien à voir avec ces films français trop didactiques et qui frappent là où on sait déjà qu'ils vont frapper. C'est beau! C'est grand! Des lapsus trop révélateurs de Lord Raglan qui s'entête à dire "français" quand il veut désigner l'ennemi qui est russe... aux dessins animés style psychédélique, c'est magnifique... (sans dire trop de bêtises, il me semble que ce sont les mêmes qui ont bossés avec les Monthy Python, voyez le genre, hein?). Et cet admirable couple de ganaches que forment Lord Lucan et Lord Cradigan! Putain oui, quelle connerie ce film, c'est beau. C'est même très beau.

L'ordre fameux...


Par contre ne vous attendez pas à voir des français. A lire le livre de Woodham-Smith, on irait presque croire que nous n’y étions pas. Ou lorsque nous y sommes (je parle de nous les mangeurs de grenouilles) c'est pour accumuler conneries sur conneries. Ainsi pour elle, ce sont nos fiers chacals, les zouaves, qui sont à la bourre pendant la bataille de l'Alma. C'est encore ces idiots de français qui retardent la prise de Sébastopol. J'en passe! En dehors de ça, l'analyse de caste si spécifique que constituent les officiers généraux britanniques est superbe (des attardés mentaux). Le livre est bonnard. Mais une lecture du Gouttman sur la Guerre de Crimée (puisque c'est de ça qu'il s'agit) ne sera pas de trop, si vous voulez faire contrepoids à certaines affabulations d'une vielle lady anglaise. Heureusement le film ne s'attarde pas plus que ça là-dessus. Même si nous passons un peu pour des buses avec un Saint-Arnaud plus sénile que malade... bref!







Au niveau des acteurs, outre la trotskyste Vanessa Redgrave vous verrez... Il y a Hemmings. Hemmings qui est anglais aussi.
David Hemmings, que j’abhorre pour des raisons personnelles dans Blow Up et que j’admire pour sa prestation du capitaine Lewis Nolan dans The charge of the Light Brigade . Un capitaine anglais comme Nolan, ça ne se fait plus. C'est LA figure de l'officier et si brillamment interprété par ce gandin albionnais d'Hemmings. C'est si bête et si beau... que ça ne peut que me plaire. Au contraire, un photographe de mode à la Blow Up est bien trop moderne. C'est même le type du héros moderne, qui ne mérite qu'une balle dans le fion. Le Nolan de Hemmings est d’une autre trempe. Question tarif, il a été servi! Il a été fauché en pleine charge. Il n’attendait rien d’autre.


Nolan dans le film: "One day, there will be an army where troopers need not be forced to fight, by floggings or hard reins. An army-- a Christian army-- that fights because it is paid well to fight, and fights well because its women and children are cared for. An army that is efficient and of a professional feather. I must fight for such and army. That army will bring the first of the modern wars, and the last of the gallop."

Le capitaine Lewis Nolan d'après une gravure contemporaine.

Pour cette édition collector comme ils disent... une version muette d'un film de 1912 restauré par le British  Film Machin, une plaidoirie d'historien du cinéma (après tout il y a bien des historiens des sous-vêtements); quelques notes sur la guerre de Crimée et le poème de Tennyson en angliche avec une traduction évidemment inédite.
Pas de quoi s'emballer. Ceci dit, si vous ne l'avez jamais vu, je conseille fortement. A voir et à revoir, mais surtout pas en famille. Chez moi il y en a toujours pour demander "qu'est ce qu'il a dit ?", "pourquoi ils font ça?" etc etc... non matez ça pépère.

Allez le bar est fermé! Non il vient d'ouvrir! "England is Looking Well."





Quelques extraits:


[Lord Cardigan inspecte ses hussards]

Lord Cardigan: I do not propose to recount my life in any detail, what is what. No damn business of anyone, what is what. I am Lord Cardigan, that is what! Them Cherrybums, you see 'em tight, my Cherrybums, I keep 'em tight. Ten thousand a year out of me own pocket I spend to clothe 'em. A master cutler sharps their swords, and I keep 'em tight-stitched, cut to a shadow. Good! If they can't fornicate, they can't fight, and if they don’t fight hard, I'll flog their backs raw, for all their fine looks!




[Pendant le bal de Lady Scarlett.]

Lord Cardigan: [s’adressant à son ami Burgh, tout en observant libidineusement la flopée de jeunes demoiselles] All this swish and tit gets my sniffing nose up! I shall have to fetch it off, tonight, Squire, had me Cherrybums out today, always makes me randified!





[Au mess des officiers.]

Un officier: What colour is the Russian enemy?

L'officier professeur d'équitation Mogg: Sneaky colour.

L'officier-payeur Duberly: Gwey. Your Russian is gwey. Which is why he can't be seen. Which is why his pwomotion is slow.

Le premier officier: With a little breeding, an Englishman can buy his advancement.

Mogg: [désignant Duberly] He and Hi are not hable to buy our advancement, we have to hobtain it by our habilities!





[Dans le burlingue de Lord Raglan.] 

General Airey: It does look like war.

Lord Raglan: Does it? I do think the French have been asking for it, ever since they had my arm.

Airey: But it won't be the French.

Raglan: Won't it be the French?

Airey: I've got a map, somewhere, of who it ought to be.

[Le général déroule une carte au pif, c'est celle de France.]

Airey: Well, it might be the French. It might always be the French.

Raglan: I knew it would be.




[Raglan s'adresse à ses commandants de brigades.]


Lord Raglan: War. This is war, gentlemen. Our passage to India is threatened, I should think, wouldn't you? The honour, the reputation, the glory of England is threatened, and the Queen's Majesty is sure to be threatened, she is. Poor brave weak little, sick little Turkey--

General Airey: [le plus sentencieusement du monde] "The Sick Man of Europe."

Raglan: Yes, though I prefer to consider her as a young woman, hands up, fluttered, defenceless-- if she should fall to the Tyrant, eh? If the Turks go down like cards, flip-flop, then next, up our own Solent, and our own Queen will come the Russians! Ships and guns to rip our country into shame!




[Pendant la bataille de l'Alma la cavalerie britannique a ordre de ne surtout pas bouger. Lord Lucan s'impatiente et caracole devant Lord Cardigan et la Brigade légère.]

Lord Cardigan: Lucan, you're a stew-stick!

Lord Lucan: Fetch off!

Cardigan: Poltroon.

Lucan: Bum roll!

Cardigan: Draw your horse from 'round your ears, and bring your head out of his arse!




[Après un charge, un cavalier du 17e lancier vient à l'aide d'un hussard blessé.]

Le hussard blessé: If that an Englishman?

Lancier: Yes, old chap. You've been wounded by a cut across your eyes which has blinded you.

Le hussard: Am I in pain?

Lancier: You are in pain, I believe.





  



J'oubliais quand même:

The Reason Why, Story of the Fatal Charge of the Light Brigade, Cecil Woodham-Smith.
Il existe une bonne traduction française, pas cher de surcroît mais qui porte traîtreusement le sous-titre de "roman".
La Guerre de Crimée (1853-1856), Alain Gouttman.
C'est ressorti en poche et c'est du costaud (dans tous les sens du terme).



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