Gustave Cluseret, délégué à la guerre de la Commune de Paris du 6 au 30 avril 1871. Le personnage est incontournable. Pendant son bref commandement pendant le mouvement communaliste, il aura le temps de se faire remarquer par ses habits civils, son chapeau mou... et cela aux côtés d'officiers de la garde nationale parisienne chamarrés, "dorées sous toutes les coutures" comme il l'avait dénoncé lui-même.
Sa nomination il la devait à sa réputation acquit pendant la
guerre civile américaine, auquel il avait pris part. Le rôle qu'il a joué le
futur communard, dans ce combat fratricide nous ai raconté dans cet article écrit par David Delpech du
Club Confédéré et Fédéral de France.
http://ccffpa.perso.sfr.fr/ Leur site riches en articles pointilleux offre une autre vision de" l'american civil war", que les français qui l’appellent guerre de sécession ont trop tendance à simplifier voir à vulgariser.
Gustave Cluseret et la guerre de sécession.
Parmi les innombrables rues qui
couvrent les flancs du Mont-Valérien, près de Paris, 1'une porte le nom de rue
Cluseret. Rien d'original en apparence, si ce n'est de rappeler aux passionnés
d'histoire américaine, le nom d'un général français de la guerre de sécession.
Ici, à Suresnes, le général Gustave Paul Cluseret est connu avant tout pour son
rôle pendant la Commune de Paris : on raconte notamment qu'il fut prévenu par
les Suresnois de l'imprécision de son artillerie, lorsque des obus s'abattirent
sur le vieux cimetière de la ville ou étaient inhumés ses parents; et où il
repose aujourd'hui !
La maison familiale, ou Cluseret
vécut jusqu'en 1859, se dresse encore au milieu d'un ilôt vétuste, voué à une
démolition prochaine. Cette bâtisse, occupée actuellement par un magasin
d'appareils sanitaires, fut l'ultime résidence de Cluseret avant son départ
pour l' Algérie, l'Italie, l' Amérique... Aventurier infatigable, il combattit d'abord
aux cotés de Garibaldi, puis dans les rangs de l'armée nordiste, enfin avec les
Fénians d'Irlande en 1867. II revint à Suresnes, sa ville d'adoption, en 1868,
mais dut s'expatrier l'année suivante en raison de ses activités révolutionnaires. La Commune fut
pour lui l'occasion d'un nouveau séjour en France, avant treize années
supplémentaires d'exil ! I1 finit sa carrière mouvementée en tant que député
socialiste du Var, à Hyères, après avoir publié en 1887-88 ses mémoires.
Réponse aux innombrables
controverses qui affectèrent la carrière de Cluseret, ses Mémoires sont
consacrées principalement à l'épisode de la Commune. Celles-ci comportent
néanmoins de nombreuses références à la guerre de Sécession. En effet, Cluseret
utilise ses souvenirs, non pour donner le simple récit de sa vie, mais comme
arguments de sa propre défense. C'est pourquoi il a fallu ici recomposer
chronologiquement divers extraits de ses Mémoires, afin de rendre lisible le
passionnant récit de son expérience américaine.
L'apprentissage militaire : de «
l'obéissance passive » à la contestation.
Lorsqu'il s'engage en Amérique à
l'age de 38 ans, Cluseret possède vingt années d'expérience militaire. Issu de
la bourgeoisie libérale, Cluseret entre à l' Académie de Saint-Cyr en 1841,
après avoir échoué au concours de l'Ecole Polytechnique. Du reste, avoue t-il,
les études militaires correspondent plus à son « caractère belliqueux.» En
1843, il sort comme sous-lieutenant dans le régiment de son père, colonel du
55e régiment de ligne, et se fait remarquer pour son penchant à l'indiscipline.
Cette même année, Cluseret passe sa nuit de réveillon à faire frire des crêpes
en compagnie de Ferri-Pisani (futur observateur militaire pendant la guerre de
Sécession) et Polignac (frère du futur général confédéré) (1) .« Pour ma part,
confie t-il, je les envoyai plus souvent dans la cendre que dans la poêle. » L
'avenir fit de ces trois noms, trois symboles de la diversité de l'attitude
française devant la guerre civile américaine. Lorsque arrive la révolution de
février 1848, Cluseret se résigne à « l'obéissance passive », par fidélité
envers les traditions familiales. Son père, en effet, avait servi dans la
Maison militaire de Louis XVIII., Charles X et Louis-Philippe.
En juin 1848, Cluseret est nommé
chef du 23e bataillon de la Garde Mobile, à la tête duquel il prend une part
très active dans la répression de l'insurrection socialiste. Son âpreté au
combat lui vaut le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur. Cluseret ne
renonça jamais à cette distinction, même après son virement dans le mouvement
révolutionnaire; mais ce comportement lui fut sévèrement reproché pendant la
Commune !
Garde Mobile en juin 1848. |
Ainsi, la révolution de 1848 marque le fléchissement de Cluseret vers
l'idéal démocrate-socialiste : « c'est en combattant les insurgés que je suis
devenu insurgé », affirme-t-il en 1887. La rencontre avec la jeunesse
prolétarienne dans les rangs de la Garde Mobile (2) explique sans doute cette
évolution soudaine . Rentré avec le grade de lieutenant dans son ancien
régiment, Cluseret met son esprit d'indiscipline au service de ses idées
politiques. En 1849, il incite ses camarades à voter contre le parti de l'ordre
de Louis-Napoléon, en jetant par deux fois son bulletin au pied de ses
supérieurs ! Le 31 mars 1850, il est mis à la retraite pour ses opinions
politiques, et passe sous la surveillance des autorités. Les rapports de police
soulignent ses idées « très exaltées » et ses fréquentations avec les milieux
socialistes, mais concluent en 1851 qu'il est « un jeune orgueilleux, professant
des opinions progressistes, mais non dangereuses. » Suite au coup d'état du 2
décembre, Cluseret affirme qu'il préférerait servir le pape ou le bey de Tunis,
plutôt que l'empereur. Mais grâce à l'intervention du Maréchal Magnan, ami de
son père (mort en 1847), il est réintégré dans l'armée en février 1853, comme
lieutenant au 4e bataillon de Chasseurs à pied en Algérie. Envoyé en Crimée, il
s'y distingue en secourant une compagnie de zouaves. Blessé à deux reprises, il
est à nouveau décoré, et le général Regnault le propose comme officier de la
Légion d'Honneur. Mais l'empereur s'y oppose en 1857. Après une ultime campagne
en Kabylie, Cluseret démissionne de l'armée française, le 17 juillet 1858.
Cette décision suscita de
nombreuses interprétations, notamment après la Commune. La presse mit en
exergue l'indiscipline et le mauvais esprit du jeune officier. En 1871, Le
Figaro l'accuse d'avoir vendu, moyennant profit, des vêtements d'intendance; en
1888, le même journal rapporte que « le beau Cluseret » était réputé pour ses
conquêtes amoureuses, obligeant ainsi ses supérieurs à le changer régulièrement
de garnison ! Rien, néanmoins, ne semble confirmer la réalité de ces
assertions. Dans ses Mémoires, Cluseret se défend d'avoir été chassé de l'armée
sous la pression de ses camarades, et émaille son plaidoyer de plusieurs
lettres de soutien. Mais ces nombreuses suspicions motivèrent sans doute sa
démission, en rendant sa position intenable dans l'armée
Cluseret, un mercenaire
républicain.
Commence alors pour Cluseret une
carrière d'officier mercenaire. A cette époque, le patriote italien Garibaldi
avait sous ses ordres une légion française entretenue par des fonds réunis à
Paris, par un comité de soutien. Les membres de ce comité étaient rédacteurs au
journal Le Siècle, seul organe de presse libérale toléré par l'Empereur. Le
père de Cluseret en avait été actionnaire. Aussi, à l'annonce de la mort du
commandant de la Légion française, Gustave-Paul fut désigné par « ses parrains
» (les républicains Pelletan, Carnot, Henri Martin et Planat de la Faye) pour
servir en Italie. Parti avec des fonds et une centaine de nouveaux volontaires
français, il est nommé major, puis lieutenant-colonel de la Légion française.
Lors du siège de Capoue, il est blessé par un éclat d'obus. Sous ses ordres
servait alors Ulric de Fonvielle (1833-1911), journaliste d'opposition qui
devint en 1862 son officier d'ordonnance dans l'armée nordiste ! Après l'entrée
de Victor-Emmanuel à Naples, Cluseret obtient, toujours par l'entremise du
Siècle, un grade dans l'armée nationale américaine.
Ses échanges avec Carnot et Henri
Martin font de lui plus qu 'un simple aventurier : il représente outre
Atlantique l'opposition des républicains français à la Confédération
esclavagiste que soutient l'empereur. Un rapport officiel, daté de décembre
1861, montre en effet que les associés de Cluseret « sont des hommes d'opinions
avancées, dont il sert leur haine contre 1 'Empire. »(3) De même,
l'enthousiasme des bourgeois républicains pour l'abolitionnisme est une manière
d'exprimer leur opposition aux intérêts économiques de Napoléon III. Ainsi, la
prise de position de Cluseret contre l'esclavage révèle l'influence de son ami
Henri Martin, membre du comité français d’émancipation. C'est par son
intermédiaire que Cluseret fut placé sous la protection de Charles Sumner, un
abolitionniste notoire. On le voit à travers l'exemple de Cluseret, l'attitude
française devant la guerre de Sécession est envisagée sous l'angle de la
politique intérieure. L'opposition à l'empire, muselée en France, ressurgit
sous toutes ses formes de l'autre côté de I' Atlantique. De même, le Comte de
Paris, prétendant orléaniste et partisan d’une monarchie parlementaire,
présente son engagement contre le Sud comme le prolongement de son propre
combat en faveur du libéralisme.
Cluseret (qui à cette époque
avoue ne pas être encore tout à fait sensibilisé aux problèmes sociaux) le
rencontre en mars 1862, et observe, non sans étonnement, qu'il « frise le
socialisme.» (4) La république américaine de Lincoln devient ainsi un symbole
de l'idéal démocratique pour la gauche française. Cluseret lui-même présente
Lincoln dans ses Mémoires, comme l'incarnation américaine des valeurs du
socialisme international. Du reste, le président Lincoln avait ressenti la
nécessité de s'allier avec les européens républicains exilés aux Etats-Unis,
pour motiver l'enrôlement des immigrants libéraux. Le général démocrate
McClellan, dans ses mémoires, critique violemment cette « politique visant à faire
une "guerre populaire ", en racolant des officiers de tous les
continents, [ ...] qui amena de rares spécimens du genre vulgairement appelé
"dur à cuire".» Et McClellan poursuit : « Cluseret se présenta un
jour avec une lettre de Garibaldi me le recommandant en termes chaleureux en
tant que soldat, homme d'honneur, etc. I1 me fit mauvaise impression et je
déclinai son offre, mais Stanton, à mon insu et sans mon approbation, le nomma
colonel dans mon état-major.» La promotion de Cluseret dans l'armée américaine
est donc le résultat d'un dessein politique plus que d'un réel besoin
militaire.
L 'alliance avec le général
Frémont (printemps 1862).
Frémont. |
Arrivé aux Etats-Unis en janvier
1862, Cluseret, comme beaucoup de républicains présents dans le pays, trouve naturellement
sa place aux côtés du général abolitionniste Frémont. Cluseret ne dément pas
cette alliance idéologique, lorsqu'à l'exemple de Frémont, il affranchit de sa
propre autorité les esclaves du comté de Madison Court House en Virginie, au
cours de l'été 1862. En réponse à cette initiative personnelle, Cluseret
affirme que le président confédéré Jefferson Davis donna à quiconque le droit
de l'abattre sans jugement. Dans un rapport daté de 1865, Frémont affirme que
Cluseret « est un officier d’expérience, notamment dans les actions en
tirailleur.» Par conséquent, il est assigné aux commandes de l'avant-garde, à
la tête d'une brigade d'infanterie légère. Le premier engagement de Cluseret
dans la vallée de la Shenandoah est une réussite : lancé à la poursuite de
l'arrière-garde des troupes sudistes de Jackson sous une pluie diluvienne, il
parvient à accrocher les cavaliers d'Ashby le 5 juin 1862, sans connaître la
topographie de la région.
Dans son Histoire de la Guerre
Civile en Amérique (1874), le Comte de Paris, qui se souvient de sa rencontre
avec Cluseret, rend hommage au coup d'éclat du Français : « l'avant-garde de
Frémont, composée de la brigade de cavalerie de Bayard et de quelque infanterie
sous le colonel Cluseret, avait harcelé Jackson avec beaucoup d'audace. Ces
deux officiers réparaient par leur activité la lenteur de leur chef. » Cette
affirmation va dans le sens des reproches adressés par Cluseret au général
Frémont dans ses Mémoires. Ce dernier compromit en effet le succès de ses
troupes par son indolence. Néanmoins, Cluseret tire abusivement profit des
évènements -: « qui a détruit la cavalerie d 'Ashby, fanfaronne-t-il, et gagné
la bataille de Cross Keys [ ...] gagnée contre mon propre général en chef aussi
bien que contre l'ennemi. C'est, je crois, un fait unique dans les annales
militaires du monde.» Le style ici dépeint l'homme. La confrontation des deux
témoignages permet de relativiser les prétentions du Français. Le 8 juin 1862,
coupé par le fleuve Shenandoah de l'armée de soutien du général Shield, Frémont
est dans l'obligation d'attaquer de front son ennemi retranché au carrefour de
Cross Keys. Cluseret arrive le premier sur le champ de bataille, et engage
vigoureusement l'ennemi dès 8h 30. Les avant-postes ennemis sont bousculés
grâce à une coûteuse charge à la baïonnette des « Garibaldi Guards » (39th NY),
temporairement attachés à l'avant-garde de Cluseret et de son aide-de-camp,
Ulric de Fonvielle. La poursuite s'engage sur plus d'un kilomètre et demi, mais
Cluseret est arrêté par la deuxième ligne confédérée. Le colonel français
maintient obstinément sa position toute la journée sous le feu ennemi, déjouant
une à une les manoeuvres sur ses flancs, et ne se retire qu'à la nuit tombée,
sur ordre de l'état-major.
39YH New York Volunteers - Garibaldi Guards. |
Quoiqu'en dise Cluseret, et
malgré le repli des forces sudistes durant la nuit, Cross Keys fut une
cinglante défaite pour les fédéraux. Certes, la responsabilité de cet échec
incombe à Frémont, qui se révéla incapable de coordonner son offensive. Mais
Cluseret surestime son rôle dans cette affaire. 11 est d'ailleurs amusant de
noter que Frémont ne fait aucune allusion à Cluseret dans son premier rapport
officiel, rédigé le soir de la bataille. Il faut attendre le 10 juin (soit deux
jours après les évènements) pour voir Frémont réparer son oubli dans un
télégramme spécial adressé à Stanton : « j'ai omis hier de mentionner l'action
de la brigade du colonel Cluseret [ ...] L 'habileté et la vaillance de Cluseret
à cette occasion méritent toute votre considération.» Et encore: «. Cluseret
mérite une mention particulière pour le sang-froid et la ténacité avec lesquels
il mena ses troupes. » Ces avis favorables avaient pour but inavoué de
promouvoir la nomination de Cluseret au grade de général.
Cluseret en uniforme nordiste par Courbet. |
Exploit et discrédit de Cluseret
dans la Shenandoah (automne 1862- mars 1863)
Après le retrait de Frémont en
juin 1862, Cluseret reçoit le commandement d'un corps indépendant et mobile
dans l'armée du général allemand Sigel, lui même un ancien allié de Frémont. Au
début du mois d'août, quelques jours avant la bataille de Cedar Moutain,
Cluseret, de retour d'un mission de reconnaissance, informe judicieusement le
général John Pope des mouvements ennemis. Mais son message, noyé dans un amas
de rapports
contradictoires, est ignoré du
haut-commandement militaire. Le 14 octobre 1862, grâce à l'appui de Frémont et
du sénateur Summer, Cluseret est nomme général de brigade des volontaires, à
titre provisoire. Le 27 octobre, il reçoit une affectation dans le 8e corps
d'armée, stationné en Virginie Occidentale, à New Creek. Son chef de division,
le général Milroy, parle de lui en ces termes le 20 novembre 1862 : « il est un
admirateur passionné de notre gouvernement, pour la survie duquel il est venu
combattre; gentilhomme intelligent et fort d'un large expérience militaire, son
opinion est, je crois, digne de confiance.» (Lettre adressée au général Cox,
commandant du 8e Corps). Cette paraphe accompagnait un plan de campagne élaboré
par Cluseret, en vue de déloger Stonewall Jackson de la vallée de la Shenandoah
: « à quoi servons-nous ici ?» lance t-il crûment à ses supérieurs. Son idée
est simple: protéger Harper's Ferry par l'attaque. Son objectif : s'emparer de
la ville de Staunton, base de ravitaillement de Jackson, distante de plus de
cent kilomètres de New Creek. Mais le général Cox s'y refuse: l'état-major,
alors en cours de réorganisation, cherche à assurer ses arrières, et interdit
tout contact avec l'ennemi.
Le Français, considérant que ses
talents ne sont pas mis suffisamment en valeur sur le théâtre virginien,
demande à être transféré au Texas, pour y commander un parti de guérillas. Avec
cela, il réclame la confirmation immédiate de son grade de général (courriers
adressés au général en chef Henry Halleck, les 18 octobre et 29 novembre 1862).
Mais ses propositions restent lettre morte . Au cours du mois de décembre,
tandis que Jackson part rejoindre Lee à Frédéricksburg, Milroy s'avance dans
les Montagnes Bleues jusqu'à Moorefield, puis Petersburg. Cluseret est chargé
de remplacer le colonel Keifer en poste à Moorefield. Mais une dispute éclate
bientôt entre les deux officiers à propos du traitement d’un officier de
guérilla sudiste, capturé après un méfait sans gravité. Cluseret requiert pour
lui la peine capitale; Keifer s'y oppose, en vertu d'un ordre de Lincoln
bannissant ce genre d'initiatives personnelles. Le tribunal militaire donne
finalement raison à l'officier américain, évitant de peu un duel entre Keifer et
Cluseret ! Pour canaliser l'agressivité du Français, Milroy envoie Cluseret en
reconnaissance à Strasburg, dans la vallée de la Shénandoah. A la tête de 2 500
hommes, Cluseret, après un bref engagement, s'empare de la ville le 21
décembre. Le lendemain, il se repli au nord sur Wardensville, ou son train de
ravitaillement est attaqué. Le 26, il investit la ville de Winchester, ou
Milroy le rejoint dans les premiers jours de janvier 1863. Le 3, Cluseret
s'avance à nouveau avec ses cavaliers jusqu'à Strasburg, et capture un colis
postal et trois éclaireurs ennemis. La position des fédéraux à Winchester
semble assurée, et Cluseret est félicité par le général Schenck. Néanmoins,
l'état-major, qui vient de subir un nouveau désastre à Frédéricksburg,
s'inquiète des provocations de Cluseret, propres à précipiter une offensive
ennemie dans la vallée de la Shénandoah. Aussitôt, Milroy reçoit l'ordre de ne
plus envoyer de troupes au sud de Winchester et de garder Cluseret auprès de
lui. Mais les rapports entre les deux généraux se dégradent rapidement. Leurs
opinions divergent quant à l'administration de la ville occupée. Cluseret, qui
espère obtenir le soutien des civils, tente de se montrer indulgent à leur
égard. A l'inverse, Milroy est partisan de l'oppression. Dès son arrivée à Winchester,
Milroy annule toutes les mesures permissives du Français ( coef .document) .
Outré, Cluseret en appelle à Halleck, puis au secrétaire d'Etat, Seward. Au bas
de la lettre que Cluseret adresse à Halleck le 9 janvier 1863, Milroy a ajouté discrètement en post-scriptum : « lu et
approuvé. J'ai été déçu et grossièrement trompé par cet étranger, et je
recommande, dans l'intérêt de l'armée, qu'il soit relevé de ses fonctions, non
seulement au sein de ma division, mais qu'il soit aussi exclu de l'armée
américaine, pour le bien de celle-ci.» Le 25 janvier 1863, un télégramme de
Halleck au général Rosecrans nous révèle que Cluseret est effectivement aux
arrêts, bien que ce dernier ne fasse aucune mention de cet incident dans ses
Mémoires ! Rosecrans, qui souhaite alors le transfert du Français dans son
département, reçoit une réponse sans équivoque: « si vous le connaissiez mieux,
écrit Halleck, vous ne formuleriez jamais une pareille requête. Vous en
regretterez l'application jusqu'à la fin de votre vie.»
A cette date, l'avis de Halleck
semble unanimement partagé par l'entourage du Français. Ainsi, Jessie B.
Frémont, l'épouse du général, écrit en 1862 qu'il est égocentrique, incapable,
et « qu'étant français, il est bavard.» De l'aveu de Cluseret, le général
Schenck aurait de même affirmé : « That damn Frenchman is the most unmanageable
man I had to deal with in my life !» (Cluseret, dans ses Mémoires traduit «
unmanageable » par intraitable; il faudrait lire indocile). Cependant, le
principal artisan du discrédit de Cluseret dans l'armée américaine fut Milroy.
Depuis leur dispute de
Winchester, les deux hommes se vouent une haine farouche. Mais le tort de
Cluseret est sans doute de mettre en cause son supérieur, en dénonçant les
sévices perpétrés par le général américain à l'encontre des civils de Virginie
Occidentale (les rapports conservés dans les Official Records font
effectivement état de réquisitions abusives, de la fermeture des marchés
libres, de demandes de rançons, de menaces d'exécutions proférées aux civils,
etc. ..) . Milroy se sait menacer: le gouvernement confédéré en a appelé aux
plus hautes instances militaires fédérales. Le 10 janvier 1862, le général Lee
en personne réclame l'arrestation de Milroy. Pour le général américain, Cluseret
représente donc un danger supplémentaire.
En 1871, dans le journal français L
'Illustration, Cluseret publia une lettre datée de 1862 (s'agit-il d'un
faux; d'une invention de Cluseret pour innocenter son nom ? 11 est difficile de
répondre), dans laquelle il décline toute responsabilité dans cette affaire :
« General Schenck, Ma supplique a
pour base deux points principaux très importants et tels qu'ils ne peuvent être
sujets de discussion ni pour un militaire, ni pour un honnête homme [sic].
1.) Le maintien de la discipline.
2.) Le respect pour les femmes et
les enfants que le général Milroy se propose de faire mourir de faim sous
prétexte que les hommes valides sont dans le sud et n'ont pas prêté le serment
d'allégeance.
Jamais chez un peuple civilisé,
les femmes et les enfants n 'ont été tenus pour responsables de ce que leurs
maris ou pères sont belligérants, et jamais on a vengé sur eux les pertes
infligées à l'ennemi. Dans une seule occasion, en 1792-93 on a attenté aux
femmes, et Dieu sait combien nous avons expié cette triste page de notre
révolution !... Dans tous les temps, de tels actes ont été universellement
réprouvés, et, pour l'honneur des Etats-Unis et le mien propre, j'ai cru et je
crois que je dois éviter toute complicité dans les faits de cette nature. C'est
pourquoi je demande à être transféré ailleurs.»
Mais Cluseret peut-il se targuer
d'une parfaite intégrité dans cette affaire ? Un habitant de la vallée rapporte
en effet. « Qu’une force de 1 200 à 1 500 hommes ( celle de Cluseret]) a tranquillement investi Strasburg, perpétrant toutes sortes de vols et de
pillages, s'est retirée plus bas dans la vallée, a réitéré les mêmes atrocités,
et s'est installée à Winchester.» Quelques mois plus tard, Milroy rejeta les accusations dont il fit
l'objet sur son subordonné : « j'ai envoyé Cluseret à Strasburg. Il a fait des
prisonniers, capturé quelques magasins, mais pas assez pour rentabiliser son
"voyage ». Aussi il a été voir ce qu'il y avait à Winchester ( .) je refuse l'ordre de reprendre le contrôle du
commandement. »
Est-il vrai, comme le suggère
Cluseret dans ses Mémoires, que les autorités donnèrent « raison au général
américain contre le général étranger » ? Milroy fut reconnu coupable d'avoir
outrepassé ses droits, mais bénéficia en revanche de l'indulgence de Halleck
(réponse de Halleck au général Lee, 14 janvier 1863) :
« si les ordres de réquisitions
que vous dénoncez se révèlent authentiques, nous avertirons Milroy que nous
désapprouvons sa conduite et ses initiatives [...] Néanmoins, il y a
certainement eu, et cela durera encore, des actes individuels de subordonnés ou
de personnes irresponsables qui ne peuvent être défendus et méritent parfois un
châtiment. De tels cas, lorsqu'ils retiennent l'attention du gouvernement, font
immédiatement l'objet d'une enquête, et sont réglés comme il se doit.»
Halleck fait-il allusion à
Cluseret lorsqu'il parle « d'actes irresponsables de subordonnés » ? En
conséquence, Cluseret démissionna le 2 mars 1863. Ce départ soudain donna lieu
à diverses interprétations parmi ses détracteurs. Ainsi, à son retour d'
Amérique, quelques années plus tard, il lui fut intenté un procès pour
usurpation du titre de général. Un article français, de référence inconnue,
cria à l'imposture :
« II est de principe que les
nominations de cette nature doivent être confirmées par le Sénat, s'il ne les
confirme pas, elles sont regardées comme nulles et non avenues. Cependant,
elles donnent à celui qui en est investi le droit d'exercer ses fonctions
pendant les vacances du Congrès et jusqu'au dernier jour de la prochaine
session. Or, dans l'espèce particulière, Cluseret a rempli les fonctions de
général de brigade à titre provisoire du mois de novembre 1862 jusqu'au 4 mars
1863, jour de la clôture du Congrès. Le 2 mars, c'est à dire deux jours avant
cette clôture, Cluseret, qui avait eu vent que sa nomination ne serait pas
confirmée, donna sa démission. Avec sa démission, Cluseret a perdu tout
caractère officiel, et jamais son nom n'a figuré sur les registres de l'armée américaine.
»
Toute confirmation du grade de
général nécessitait aux Etats-Unis l'accord du président et du Congrès. Milroy~
très impliqué politiquement, réussit à influer sur la décision du Sénat,
anéantissant définitivement les espoirs de promotion du Français. C'est
pourquoi Cluseret ne prit pas la peine d'attendre la réunion du Congrès pour
donner sa démission.
Les activités révolutionnaires de
Cluseret (1863- 71).
De retour à New-York, Cluseret
émet le souhait de s'installer dans l'ouest, à Dubuque (Iowa). Mais Frémont
l'incite à fonder avec lui un journal radical, The New Nation, destiné, selon
un rapport de police daté de 1864, « à promouvoir l'Union et les institutions
libérales sans distinction de caste ni de couleur. » Lors de la campagne présidentielle,
il défend à Cleveland la nomination de Frémont à la candidature du parti
républicain, s'opposant violemment à celle de Lincoln. Une fois encore,
Cluseret adopte le point de vue le plus radical. Mais sa critique du président
Lincoln est nourrie de griefs personnels: Cluseret lui reproche son échec dans
l'armée américaine. Par conséquent, il noircit les pages du journal d’injures
au président :
« Lincoln est l'homme le moins
apte à diriger la Nation. Catéchisme politique : Qu'est-ce qu'un démocrate-pacifiste
(Copperhead) ? Un animal rampant. Qu'est-ce qui est pire qu'un Copperhead ? L’administration
de Lincoln. Sus aux ennemis ! A bas Lincoln !»
La carrière de Cluseret en
Amérique est donc étroitement liée à celle de John C. Frémont, explorateur célèbre
et candidat malheureux à la présidence en 1856. Pourtant, dans ses Mémoires,
Cluseret se défend d'avoir été son « protégé.» Ces années, en effet, sont
celles de sa rupture avec la bourgeoisie radicale américaine qu'incarne
Frémont; rupture qui se cristallise autour de l'affaire du Transcontinental.
Après son échec aux élections, Frémont investit toute sa fortune dans un projet
ferroviaire transcontinental. Par l'intermédiaire de son beau -frère, le baron
Gauldree Boilleau (ancien consul à New -York) , Frémont soumet le financement
de sa compagnie aux actionnaires français. Mais afin d'obtenir une cotation à
la bourse de Paris, les entremetteurs de Frémont falsifient les actifs de la
société américaine. En 1873, Frémont et plusieurs promoteurs français (dont le
baron Boilleau) sont finalement condamnés. Cluseret, lui, ne fut pas inquiété,
ce qui prouve sa probité dans cette affaire.
Dès 1865, Cluseret avait refusé
d'administrer à St-Louis une banque pour le compte de Frémont, et de
représenter à Paris les intérêts de la Compagnie Transcontinentale. Criblé de
dettes, le Français semble alors exercer à New- York tous les métiers, passant d’un
logement à l'autre sans acquitter son loyer, au point qu'on le su nomme «
General Jonathan thief » . En 1868, il rentre à Paris et se mêle aux milieux
républicains socialistes. De virulents articles contre l'Empire lui valent
d'être incarcéré à Sainte-Pelagie. Derrière ces murs, ou s'élaborent les
complots socialistes, il achève son éducation révolutionnaire, et se lie avec
de futurs Communeux, membres de l'Association Internationale des Travailleurs.
En 1869, il découvre dans les
pages d'un journal une réclame pour le Transcontinental. Piqué au vif, il
s'attaque à ce qu'il qualifie métaphoriquement de « plus monstrueuse ordure
amoncelée par l'empire dans le grand collecteur qu'on nomme la Bourse de
Paris.» Dans une circulaire, il prend publiquement parti contre les intérêts
capitalistes français et américains. A cette occasion, il démontre son
américanisme, en faisant le panégyrique du système cadastral américain,
inauguré par Lincoln en 1862. « L 'Homestead Act, » écrit-il, « excessivement
juste et populaire, a pour but d'empêcher de monopoliser le domaine public et
d'en exclure les émigrants par le haut prix de la spéculation. En Amérique, le
gouvernement est le protecteur du petit.» De même il propose l'immédiate
séparation de L'Eglise et de l'Etat « comme aux Etats-Unis.» Dans un ouvrage
publié en 1869 sous le titre Armée et Démocratie, il réclame l'abolition des armées
permanentes. Tous ces reproches visent directement l'Empire : il n'en faut pas
davantage pour l’inculper. Au cours du procès, Cluseret revendique ses services
dans l'armée américaine. On lui rétorque qu'il s'est enrôlé sans l'approbation
du Ministère de la Guerre, et qu'en vertu de la loi, il est privé de sa
citoyenneté française. Contraint de se reconnaître américain, il est aussitôt
sommé de quitter le territoire français, au nom de la sûreté publique. Mais
Cluseret accueille le commissaire mandaté la main sur le revolver: « vous allez
f. ..le camp et vivement, déclare-t-il, je suis ici chez moi sous la protection
du drapeau américain, et le premier qui viole mon domicile, je lui brûle la
cervelle 1» Le 19 juin 1869, il est raccompagné aux frontières sous la
protection de l'ambassade américaine. Dans une dernière missive, Cluseret
dénonce l'arbitraire de cette décision :
« Quant au motif qui permet à ce
gouvernement timoré de m’appliquer une loi qui me rappelle les plus mauvais
jours des époques de décadence, je ferai observer qu'en 1860, le Journal
Officiel se chargea de rappeler et d'expliquer la loi qui prive de la qualité
de français les militaires qui servent à l'étranger. Les soldats du Pape
commandés à Castelfidardo par Lamoricière étaient prives de leur qualité de
français, ceux de Garibaldi ne l'étaient pas. Ce qui se justifie ainsi : les
uns servaient dans une armée régulière, les autres dans une armée de
volontaires. Depuis que j'ai quitté le service de la France, je n'ai jamais
accepté de service dans une armée régulière. Et je demande d'ou vient que M. de
Polignac, qui servait contre moi dans l'armée du Sud est exempté de la sévérité
qui m'atteint. Seraient-ce que vos sympathies pour le Sud et votre antipathie
pour la République fédérale survivent à la défaite de l'un et la victoire de
l'autre ? En Amérique, la guerre de géants qui a duré quatre ans, n'a compté
que des armées de volontaires. La loi ne m'est pas applicable. Et j'irai même
plus loin. J'ai accepté les bénéfices de la loi du congrès en date du 17
juillet 1862, qui dispense les étrangers sous les drapeaux des formalités
ordinaires et confère à ceux qui en sont dignes le titre de citoyen américain
comme récompense nationale.
Et je prétends néanmoins jouir de
mes droits de citoyen français cumulés avec ceux de citoyen américain. »
A New- York, il collabore
activement avec les mouvements révolutionnaires, dont l'objectif est
l'instauration d'une république universelle. En 1870, Cluseret y préside la
formation d'une section française de l'Association Internationale des
Travailleurs. 11 entretient à cette époque une correspondance avec Victor Hugo:
« votre voix, écrit-il au poète exilé, a encore plus de retentissement de ce côté
de l'Amérique que de 1 'autre, et vous devez au grand peuple des travailleurs
américains un encouragement et un appel. » Et il continue: « une seule et
grande famille humaine, la famille des travailleurs, dédaignant les
gouvernements. » Hugo lui répond en avril de la même année : «... J'aime
l'Amérique comme une patrie. La grande république de Washington et de John
Brown est une gloire de la civilisation. Qu'elle n'hésite pas à prendre
souverainement sa part du gouvernement du monde. Au point de vue social, qu
'elle émancipe le travailleur, au point de vue politique, qu'elle délivre Cuba
.
L'Europe a les yeux fixés sur
l'Amérique... Nous sommes les concitoyens de toute nation qui est grande.
Général, aidez les travailleurs dans leur coalition puissante et sainte. »
A l'annonce de la guerre contre
la Prusse, Cluseret repart pour la France. Aussitôt, il met en relation le
gouvernement de la Défense Nationale avec les Etats- Unis, en vue de racheter
les surplus d'armes de l'armée américaine. Il se félicite d'être « l'homme
providentiel », affirmant que « la France a eu trop de Bonaparte, grands et petits:
ce qu'il lui faut, ce sont des Lincoln et des Bolivar, des hommes simples,
dévoués, s'effaçant devant leur devoir. C'est cet homme que je me suis efforcé
d'être. » Quel revirement surprenant pour l'ancien rédacteur du New Nation!
Mais Lincoln, entre-temps, était passe à la postérité : Cluseret, sans doute
pour racheter son opposition au président martyr, alla jusqu'a inventer une
hypothétique rencontre avec Lincoln. De même, il n'émancipa probablement jamais
personnellement les esclaves de Madison Court House en 1862 (voir ci-dessus).
On voit comment Cluseret chercha toute sa vie à préserver ses intérêts
personnels au détriment de ses idéaux. Rossel, un de ses ennemis pendant la
Commune, affirme en effet qu'il « n'était pas un franc révolutionnaire, c'était
un Français superficiel, frotté de Yankee, et qui dans la philosophie yankee, n’avait
compris que le mot dollars. »
Néanmoins, la participation de
Cluseret à la Guerre de Sécession décida de son élection au poste de délégué à
la guerre pendant la Commune. Ces quelques années passées en Amérique
marquèrent donc profondément sa carrière, laquelle s'inscrit dans la lignée du
militantisme international. En 1876, il est encore inscrit sur la liste de
l'lnternationale new-yorkaise. En 1888, il réintègre la citoyenneté française.
Cluseret en 1900. |
De 1889 à 1897, il est député
socialiste du Var. On lui doit plusieurs projets de loi, dont un visant à
attribuer une pension alimentaire à tout cultivateur, non propriétaire, âgé de
55 ans et plus, ne pouvant subvenir à ses besoins par son travail. Il déposa un
autre projet ayant pour objet de conférer les droits de citoyen français aux
musulmans indigènes des territoires algériens. A la fin de sa vie, il renonce à
ses aspirations internationalistes pour s'enfermer dans le nationalisme
sectaire de Déroulède. Lors de l'affaire Dreyfus, sa loyauté envers l'armée
l'emporta finalement. ..Il mourut peu de temps après, le 22 août 1900.
David Delpech CCFF
NOTES DU TEXTE
1- Mr Daniel Frankignoul,
président de la Confederate Association of Belgium, a confirmé qu'il s'agissait
de Jules Armand de Polignac, demi-frère ainé de Camille.
2- Composée de jeunes
prolétaires, la garde Mobile resta fidèle au gouvernement grâce à un esprit de
corps inculqué par ses cadres à l'exemple de Cluseret. Jugés néanmoins
dangereux, la 2nd république expédia près de 500 Mobiles en Californie, de
manière à débarrasser Paris de ses éléments indésirables.
3- Cluseret servit d'informateur
aux libéraux républicains français, comme l'allemand Joseph Weydemeyer, ancien
officier lors des événements de 1848, devenu colonel d'un régiment du Missouri,
fut le correspondant de Marx et Engels pour les questions militaires de la
guerre de sécession.
4-Le Comte de Paris publia une «
Situation des ouvriers de Grande--Bretagne », comme Louis-Napoléon avait publié
avant son élection « L’extinction du paupérisme » (1844) d'inspiration
socialiste.
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
BLAISDELL Lowell -A French Civil
War adventurer, fact and fancy, Civil War History Magazine, 1966.
BOUDIER Emile -Cluseret Gustave
Paul, 1823-1900, Bulletin de la Société historique de Suresnes, 1938.
CLUSERET Gustave Paul -Mémoires,
3 volumes, Paris 1887-88. http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=gustave+cluseret
CREAGH Ronald -Nos cousins
d'Amérique, Histoire des Français en Amérique, Paris 1986
LONN Ella -The foreigners in the
Union Army and Navy, Baton Rouge, 1951.
CARON J-F. -Les témoins français
de la Guerre de sécession, Paris-Sorbonne 1984
PARIS Comte de -Histoire de la
Guerre civile en Amérique, 7 volumes, Paris 1874-96
ARCHIVES NATIONALES : 441 AP
Cluseret, AB XIX 3870 dossier 2, 1865.
The War of the Rebellion: a
compilation of the official records of the Union and Confederate armies: Serie
1, volume 12, 21, 23, 25 (The National Historical Society, 1972).
THE NEW YORK HISTORICAL SOCIETY
NATIONAL ARCHIVES, Washington, DC
20408 General Reference Branch (NNRG)
ARCHIVES DE LA SOCIETE HISTORIQUE
DE SURESNES
très bel article !
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