jeudi 28 juin 2012

Gustave Cluseret et la guerre de sécession.


Gustave Cluseret, délégué  à la guerre de la Commune de Paris du 6 au 30 avril 1871. Le personnage est incontournable. Pendant son bref commandement pendant le mouvement communaliste, il aura le temps de se faire remarquer par ses habits civils, son chapeau mou... et cela aux côtés d'officiers de la garde nationale parisienne chamarrés, "dorées sous toutes les coutures" comme il l'avait dénoncé lui-même.

Sa nomination il la devait à sa réputation acquit pendant la guerre civile américaine, auquel il avait pris part. Le rôle qu'il a joué le futur communard, dans ce combat fratricide nous ai raconté  dans cet article écrit par David Delpech du Club Confédéré et Fédéral de France.


http://ccffpa.perso.sfr.fr/ Leur site riches en articles pointilleux offre une autre vision de" l'american civil war", que les français qui l’appellent guerre de sécession ont trop tendance à simplifier voir à vulgariser.

Gustave Cluseret et la guerre de sécession.



Parmi les innombrables rues qui couvrent les flancs du Mont-Valérien, près de Paris, 1'une porte le nom de rue Cluseret. Rien d'original en apparence, si ce n'est de rappeler aux passionnés d'histoire américaine, le nom d'un général français de la guerre de sécession. Ici, à Suresnes, le général Gustave Paul Cluseret est connu avant tout pour son rôle pendant la Commune de Paris : on raconte notamment qu'il fut prévenu par les Suresnois de l'imprécision de son artillerie, lorsque des obus s'abattirent sur le vieux cimetière de la ville ou étaient inhumés ses parents; et où il repose aujourd'hui !


La maison familiale, ou Cluseret vécut jusqu'en 1859, se dresse encore au milieu d'un ilôt vétuste, voué à une démolition prochaine. Cette bâtisse, occupée actuellement par un magasin d'appareils sanitaires, fut l'ultime résidence de Cluseret avant son départ pour l' Algérie, l'Italie, l' Amérique... Aventurier infatigable, il combattit d'abord aux cotés de Garibaldi, puis dans les rangs de l'armée nordiste, enfin avec les Fénians d'Irlande en 1867. II revint à Suresnes, sa ville d'adoption, en 1868, mais dut s'expatrier l'année suivante en raison de ses  activités révolutionnaires. La Commune fut pour lui l'occasion d'un nouveau séjour en France, avant treize années supplémentaires d'exil ! I1 finit sa carrière mouvementée en tant que député socialiste du Var, à Hyères, après avoir publié en 1887-88 ses mémoires.
Réponse aux innombrables controverses qui affectèrent la carrière de Cluseret, ses Mémoires sont consacrées principalement à l'épisode de la Commune. Celles-ci comportent néanmoins de nombreuses références à la guerre de Sécession. En effet, Cluseret utilise ses souvenirs, non pour donner le simple récit de sa vie, mais comme arguments de sa propre défense. C'est pourquoi il a fallu ici recomposer chronologiquement divers extraits de ses Mémoires, afin de rendre lisible le passionnant récit de son expérience américaine.

L'apprentissage militaire : de « l'obéissance passive » à la contestation.

Lorsqu'il s'engage en Amérique à l'age de 38 ans, Cluseret possède vingt années d'expérience militaire. Issu de la bourgeoisie libérale, Cluseret entre à l' Académie de Saint-Cyr en 1841, après avoir échoué au concours de l'Ecole Polytechnique. Du reste, avoue t-il, les études militaires correspondent plus à son « caractère belliqueux.» En 1843, il sort comme sous-lieutenant dans le régiment de son père, colonel du 55e régiment de ligne, et se fait remarquer pour son penchant à l'indiscipline. Cette même année, Cluseret passe sa nuit de réveillon à faire frire des crêpes en compagnie de Ferri-Pisani (futur observateur militaire pendant la guerre de Sécession) et Polignac (frère du futur général confédéré) (1) .« Pour ma part, confie t-il, je les envoyai plus souvent dans la cendre que dans la poêle. » L 'avenir fit de ces trois noms, trois symboles de la diversité de l'attitude française devant la guerre civile américaine. Lorsque arrive la révolution de février 1848, Cluseret se résigne à « l'obéissance passive », par fidélité envers les traditions familiales. Son père, en effet, avait servi dans la Maison militaire de Louis XVIII., Charles X et Louis-Philippe.
En juin 1848, Cluseret est nommé chef du 23e bataillon de la Garde Mobile, à la tête duquel il prend une part très active dans la répression de l'insurrection socialiste. Son âpreté au combat lui vaut le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur. Cluseret ne renonça jamais à cette distinction, même après son virement dans le mouvement révolutionnaire; mais ce comportement lui fut sévèrement reproché pendant la Commune ! 


Garde Mobile en juin 1848.

Ainsi, la révolution de 1848 marque le fléchissement de Cluseret vers l'idéal démocrate-socialiste : « c'est en combattant les insurgés que je suis devenu insurgé », affirme-t-il en 1887. La rencontre avec la jeunesse prolétarienne dans les rangs de la Garde Mobile (2) explique sans doute cette évolution soudaine . Rentré avec le grade de lieutenant dans son ancien régiment, Cluseret met son esprit d'indiscipline au service de ses idées politiques. En 1849, il incite ses camarades à voter contre le parti de l'ordre de Louis-Napoléon, en jetant par deux fois son bulletin au pied de ses supérieurs ! Le 31 mars 1850, il est mis à la retraite pour ses opinions politiques, et passe sous la surveillance des autorités. Les rapports de police soulignent ses idées « très exaltées » et ses fréquentations avec les milieux socialistes, mais concluent en 1851 qu'il est « un jeune orgueilleux, professant des opinions progressistes, mais non dangereuses. » Suite au coup d'état du 2 décembre, Cluseret affirme qu'il préférerait servir le pape ou le bey de Tunis, plutôt que l'empereur. Mais grâce à l'intervention du Maréchal Magnan, ami de son père (mort en 1847), il est réintégré dans l'armée en février 1853, comme lieutenant au 4e bataillon de Chasseurs à pied en Algérie. Envoyé en Crimée, il s'y distingue en secourant une compagnie de zouaves. Blessé à deux reprises, il est à nouveau décoré, et le général Regnault le propose comme officier de la Légion d'Honneur. Mais l'empereur s'y oppose en 1857. Après une ultime campagne en Kabylie, Cluseret démissionne de l'armée française, le 17 juillet 1858.
Cette décision suscita de nombreuses interprétations, notamment après la Commune. La presse mit en exergue l'indiscipline et le mauvais esprit du jeune officier. En 1871, Le Figaro l'accuse d'avoir vendu, moyennant profit, des vêtements d'intendance; en 1888, le même journal rapporte que « le beau Cluseret » était réputé pour ses conquêtes amoureuses, obligeant ainsi ses supérieurs à le changer régulièrement de garnison ! Rien, néanmoins, ne semble confirmer la réalité de ces assertions. Dans ses Mémoires, Cluseret se défend d'avoir été chassé de l'armée sous la pression de ses camarades, et émaille son plaidoyer de plusieurs lettres de soutien. Mais ces nombreuses suspicions motivèrent sans doute sa démission, en rendant sa position intenable dans l'armée

Cluseret, un mercenaire républicain.

Commence alors pour Cluseret une carrière d'officier mercenaire. A cette époque, le patriote italien Garibaldi avait sous ses ordres une légion française entretenue par des fonds réunis à Paris, par un comité de soutien. Les membres de ce comité étaient rédacteurs au journal Le Siècle, seul organe de presse libérale toléré par l'Empereur. Le père de Cluseret en avait été actionnaire. Aussi, à l'annonce de la mort du commandant de la Légion française, Gustave-Paul fut désigné par « ses parrains » (les républicains Pelletan, Carnot, Henri Martin et Planat de la Faye) pour servir en Italie. Parti avec des fonds et une centaine de nouveaux volontaires français, il est nommé major, puis lieutenant-colonel de la Légion française. Lors du siège de Capoue, il est blessé par un éclat d'obus. Sous ses ordres servait alors Ulric de Fonvielle (1833-1911), journaliste d'opposition qui devint en 1862 son officier d'ordonnance dans l'armée nordiste ! Après l'entrée de Victor-Emmanuel à Naples, Cluseret obtient, toujours par l'entremise du Siècle, un grade dans l'armée nationale américaine.
Ses échanges avec Carnot et Henri Martin font de lui plus qu 'un simple aventurier : il représente outre Atlantique l'opposition des républicains français à la Confédération esclavagiste que soutient l'empereur. Un rapport officiel, daté de décembre 1861, montre en effet que les associés de Cluseret « sont des hommes d'opinions avancées, dont il sert leur haine contre 1 'Empire. »(3) De même, l'enthousiasme des bourgeois républicains pour l'abolitionnisme est une manière d'exprimer leur opposition aux intérêts économiques de Napoléon III. Ainsi, la prise de position de Cluseret contre l'esclavage révèle l'influence de son ami Henri Martin, membre du comité français d’émancipation. C'est par son intermédiaire que Cluseret fut placé sous la protection de Charles Sumner, un abolitionniste notoire. On le voit à travers l'exemple de Cluseret, l'attitude française devant la guerre de Sécession est envisagée sous l'angle de la politique intérieure. L'opposition à l'empire, muselée en France, ressurgit sous toutes ses formes de l'autre côté de I' Atlantique. De même, le Comte de Paris, prétendant orléaniste et partisan d’une monarchie parlementaire, présente son engagement contre le Sud comme le prolongement de son propre combat en faveur du libéralisme.
Cluseret (qui à cette époque avoue ne pas être encore tout à fait sensibilisé aux problèmes sociaux) le rencontre en mars 1862, et observe, non sans étonnement, qu'il « frise le socialisme.» (4) La république américaine de Lincoln devient ainsi un symbole de l'idéal démocratique pour la gauche française. Cluseret lui-même présente Lincoln dans ses Mémoires, comme l'incarnation américaine des valeurs du socialisme international. Du reste, le président Lincoln avait ressenti la nécessité de s'allier avec les européens républicains exilés aux Etats-Unis, pour motiver l'enrôlement des immigrants libéraux. Le général démocrate McClellan, dans ses mémoires, critique violemment cette « politique visant à faire une "guerre populaire ", en racolant des officiers de tous les continents, [ ...] qui amena de rares spécimens du genre vulgairement appelé "dur à cuire".» Et McClellan poursuit : « Cluseret se présenta un jour avec une lettre de Garibaldi me le recommandant en termes chaleureux en tant que soldat, homme d'honneur, etc. I1 me fit mauvaise impression et je déclinai son offre, mais Stanton, à mon insu et sans mon approbation, le nomma colonel dans mon état-major.» La promotion de Cluseret dans l'armée américaine est donc le résultat d'un dessein politique plus que d'un réel besoin militaire.

L 'alliance avec le général Frémont (printemps 1862).

Frémont.


Arrivé aux Etats-Unis en janvier 1862, Cluseret, comme beaucoup de républicains présents dans le pays, trouve naturellement sa place aux côtés du général abolitionniste Frémont. Cluseret ne dément pas cette alliance idéologique, lorsqu'à l'exemple de Frémont, il affranchit de sa propre autorité les esclaves du comté de Madison Court House en Virginie, au cours de l'été 1862. En réponse à cette initiative personnelle, Cluseret affirme que le président confédéré Jefferson Davis donna à quiconque le droit de l'abattre sans jugement. Dans un rapport daté de 1865, Frémont affirme que Cluseret « est un officier d’expérience, notamment dans les actions en tirailleur.» Par conséquent, il est assigné aux commandes de l'avant-garde, à la tête d'une brigade d'infanterie légère. Le premier engagement de Cluseret dans la vallée de la Shenandoah est une réussite : lancé à la poursuite de l'arrière-garde des troupes sudistes de Jackson sous une pluie diluvienne, il parvient à accrocher les cavaliers d'Ashby le 5 juin 1862, sans connaître la topographie de la région. 




Dans son Histoire de la Guerre Civile en Amérique (1874), le Comte de Paris, qui se souvient de sa rencontre avec Cluseret, rend hommage au coup d'éclat du Français : « l'avant-garde de Frémont, composée de la brigade de cavalerie de Bayard et de quelque infanterie sous le colonel Cluseret, avait harcelé Jackson avec beaucoup d'audace. Ces deux officiers réparaient par leur activité la lenteur de leur chef. » Cette affirmation va dans le sens des reproches adressés par Cluseret au général Frémont dans ses Mémoires. Ce dernier compromit en effet le succès de ses troupes par son indolence. Néanmoins, Cluseret tire abusivement profit des évènements -: « qui a détruit la cavalerie d 'Ashby, fanfaronne-t-il, et gagné la bataille de Cross Keys [ ...] gagnée contre mon propre général en chef aussi bien que contre l'ennemi. C'est, je crois, un fait unique dans les annales militaires du monde.» Le style ici dépeint l'homme. La confrontation des deux témoignages permet de relativiser les prétentions du Français. Le 8 juin 1862, coupé par le fleuve Shenandoah de l'armée de soutien du général Shield, Frémont est dans l'obligation d'attaquer de front son ennemi retranché au carrefour de Cross Keys. Cluseret arrive le premier sur le champ de bataille, et engage vigoureusement l'ennemi dès 8h 30. Les avant-postes ennemis sont bousculés grâce à une coûteuse charge à la baïonnette des « Garibaldi Guards » (39th NY), temporairement attachés à l'avant-garde de Cluseret et de son aide-de-camp, Ulric de Fonvielle. La poursuite s'engage sur plus d'un kilomètre et demi, mais Cluseret est arrêté par la deuxième ligne confédérée. Le colonel français maintient obstinément sa position toute la journée sous le feu ennemi, déjouant une à une les manoeuvres sur ses flancs, et ne se retire qu'à la nuit tombée, sur ordre de l'état-major.


39YH  New York Volunteers - Garibaldi Guards.


Quoiqu'en dise Cluseret, et malgré le repli des forces sudistes durant la nuit, Cross Keys fut une cinglante défaite pour les fédéraux. Certes, la responsabilité de cet échec incombe à Frémont, qui se révéla incapable de coordonner son offensive. Mais Cluseret surestime son rôle dans cette affaire. 11 est d'ailleurs amusant de noter que Frémont ne fait aucune allusion à Cluseret dans son premier rapport officiel, rédigé le soir de la bataille. Il faut attendre le 10 juin (soit deux jours après les évènements) pour voir Frémont réparer son oubli dans un télégramme spécial adressé à Stanton : « j'ai omis hier de mentionner l'action de la brigade du colonel Cluseret [ ...] L 'habileté et la vaillance de Cluseret à cette occasion méritent toute votre considération.» Et encore: «. Cluseret mérite une mention particulière pour le sang-froid et la ténacité avec lesquels il mena ses troupes. » Ces avis favorables avaient pour but inavoué de promouvoir la nomination de Cluseret au grade de général. 

Cluseret en uniforme nordiste par Courbet.

Exploit et discrédit de Cluseret dans la Shenandoah (automne 1862- mars 1863)

Après le retrait de Frémont en juin 1862, Cluseret reçoit le commandement d'un corps indépendant et mobile dans l'armée du général allemand Sigel, lui même un ancien allié de Frémont. Au début du mois d'août, quelques jours avant la bataille de Cedar Moutain, Cluseret, de retour d'un mission de reconnaissance, informe judicieusement le général John Pope des mouvements ennemis. Mais son message, noyé dans un amas de rapports
contradictoires, est ignoré du haut-commandement militaire. Le 14 octobre 1862, grâce à l'appui de Frémont et du sénateur Summer, Cluseret est nomme général de brigade des volontaires, à titre provisoire. Le 27 octobre, il reçoit une affectation dans le 8e corps d'armée, stationné en Virginie Occidentale, à New Creek. Son chef de division, le général Milroy, parle de lui en ces termes le 20 novembre 1862 : « il est un admirateur passionné de notre gouvernement, pour la survie duquel il est venu combattre; gentilhomme intelligent et fort d'un large expérience militaire, son opinion est, je crois, digne de confiance.» (Lettre adressée au général Cox, commandant du 8e Corps). Cette paraphe accompagnait un plan de campagne élaboré par Cluseret, en vue de déloger Stonewall Jackson de la vallée de la Shenandoah : « à quoi servons-nous ici ?» lance t-il crûment à ses supérieurs. Son idée est simple: protéger Harper's Ferry par l'attaque. Son objectif : s'emparer de la ville de Staunton, base de ravitaillement de Jackson, distante de plus de cent kilomètres de New Creek. Mais le général Cox s'y refuse: l'état-major, alors en cours de réorganisation, cherche à assurer ses arrières, et interdit tout contact avec l'ennemi.
Le Français, considérant que ses talents ne sont pas mis suffisamment en valeur sur le théâtre virginien, demande à être transféré au Texas, pour y commander un parti de guérillas. Avec cela, il réclame la confirmation immédiate de son grade de général (courriers adressés au général en chef Henry Halleck, les 18 octobre et 29 novembre 1862). Mais ses propositions restent lettre morte . Au cours du mois de décembre, tandis que Jackson part rejoindre Lee à Frédéricksburg, Milroy s'avance dans les Montagnes Bleues jusqu'à Moorefield, puis Petersburg. Cluseret est chargé de remplacer le colonel Keifer en poste à Moorefield. Mais une dispute éclate bientôt entre les deux officiers à propos du traitement d’un officier de guérilla sudiste, capturé après un méfait sans gravité. Cluseret requiert pour lui la peine capitale; Keifer s'y oppose, en vertu d'un ordre de Lincoln bannissant ce genre d'initiatives personnelles. Le tribunal militaire donne finalement raison à l'officier américain, évitant de peu un duel entre Keifer et Cluseret ! Pour canaliser l'agressivité du Français, Milroy envoie Cluseret en reconnaissance à Strasburg, dans la vallée de la Shénandoah. A la tête de 2 500 hommes, Cluseret, après un bref engagement, s'empare de la ville le 21 décembre. Le lendemain, il se repli au nord sur Wardensville, ou son train de ravitaillement est attaqué. Le 26, il investit la ville de Winchester, ou Milroy le rejoint dans les premiers jours de janvier 1863. Le 3, Cluseret s'avance à nouveau avec ses cavaliers jusqu'à Strasburg, et capture un colis postal et trois éclaireurs ennemis. La position des fédéraux à Winchester semble assurée, et Cluseret est félicité par le général Schenck. Néanmoins, l'état-major, qui vient de subir un nouveau désastre à Frédéricksburg, s'inquiète des provocations de Cluseret, propres à précipiter une offensive ennemie dans la vallée de la Shénandoah. Aussitôt, Milroy reçoit l'ordre de ne plus envoyer de troupes au sud de Winchester et de garder Cluseret auprès de lui. Mais les rapports entre les deux généraux se dégradent rapidement. Leurs opinions divergent quant à l'administration de la ville occupée. Cluseret, qui espère obtenir le soutien des civils, tente de se montrer indulgent à leur égard. A l'inverse, Milroy est partisan de l'oppression. Dès son arrivée à Winchester, Milroy annule toutes les mesures permissives du Français ( coef .document) . Outré, Cluseret en appelle à Halleck, puis au secrétaire d'Etat, Seward. Au bas de la lettre que Cluseret adresse à Halleck le 9 janvier 1863, Milroy a ajouté  discrètement en post-scriptum : « lu et approuvé. J'ai été déçu et grossièrement trompé par cet étranger, et je recommande, dans l'intérêt de l'armée, qu'il soit relevé de ses fonctions, non seulement au sein de ma division, mais qu'il soit aussi exclu de l'armée américaine, pour le bien de celle-ci.» Le 25 janvier 1863, un télégramme de Halleck au général Rosecrans nous révèle que Cluseret est effectivement aux arrêts, bien que ce dernier ne fasse aucune mention de cet incident dans ses Mémoires ! Rosecrans, qui souhaite alors le transfert du Français dans son département, reçoit une réponse sans équivoque: « si vous le connaissiez mieux, écrit Halleck, vous ne formuleriez jamais une pareille requête. Vous en regretterez l'application jusqu'à la fin de votre vie.»
A cette date, l'avis de Halleck semble unanimement partagé par l'entourage du Français. Ainsi, Jessie B. Frémont, l'épouse du général, écrit en 1862 qu'il est égocentrique, incapable, et « qu'étant français, il est bavard.» De l'aveu de Cluseret, le général Schenck aurait de même affirmé : « That damn Frenchman is the most unmanageable man I had to deal with in my life !» (Cluseret, dans ses Mémoires traduit « unmanageable » par intraitable; il faudrait lire indocile). Cependant, le principal artisan du discrédit de Cluseret dans l'armée américaine fut Milroy.
Depuis leur dispute de Winchester, les deux hommes se vouent une haine farouche. Mais le tort de Cluseret est sans doute de mettre en cause son supérieur, en dénonçant les sévices perpétrés par le général américain à l'encontre des civils de Virginie Occidentale (les rapports conservés dans les Official Records font effectivement état de réquisitions abusives, de la fermeture des marchés libres, de demandes de rançons, de menaces d'exécutions proférées aux civils, etc. ..) . Milroy se sait menacer: le gouvernement confédéré en a appelé aux plus hautes instances militaires fédérales. Le 10 janvier 1862, le général Lee en personne réclame l'arrestation de Milroy. Pour le général américain, Cluseret représente donc un danger supplémentaire.  En 1871, dans le journal français L  'Illustration, Cluseret publia une lettre datée de 1862 (s'agit-il d'un faux; d'une invention de Cluseret pour innocenter son nom ? 11 est difficile de répondre), dans laquelle il décline toute responsabilité dans cette affaire :
« General Schenck, Ma supplique a pour base deux points principaux très importants et tels qu'ils ne peuvent être sujets de discussion ni pour un militaire, ni pour un honnête homme [sic].
1.) Le maintien de la discipline.
2.) Le respect pour les femmes et les enfants que le général Milroy se propose de faire mourir de faim sous prétexte que les hommes valides sont dans le sud et n'ont pas prêté le serment d'allégeance.
Jamais chez un peuple civilisé, les femmes et les enfants n 'ont été tenus pour responsables de ce que leurs maris ou pères sont belligérants, et jamais on a vengé sur eux les pertes infligées à l'ennemi. Dans une seule occasion, en 1792-93 on a attenté aux femmes, et Dieu sait combien nous avons expié cette triste page de notre révolution !... Dans tous les temps, de tels actes ont été universellement réprouvés, et, pour l'honneur des Etats-Unis et le mien propre, j'ai cru et je crois que je dois éviter toute complicité dans les faits de cette nature. C'est pourquoi je demande à être transféré ailleurs.»
Mais Cluseret peut-il se targuer d'une parfaite intégrité dans cette affaire ? Un habitant de la vallée rapporte en effet. « Qu’une force de 1 200 à 1 500 hommes ( celle de Cluseret]) a tranquillement investi Strasburg, perpétrant toutes sortes de vols et de pillages, s'est retirée plus bas dans la vallée, a réitéré les mêmes atrocités, et s'est installée à Winchester.» Quelques mois plus tard,  Milroy rejeta les accusations dont il fit l'objet sur son subordonné : « j'ai envoyé Cluseret à Strasburg. Il a fait des prisonniers, capturé quelques magasins, mais pas assez pour rentabiliser son "voyage ». Aussi il a été voir ce qu'il y avait à Winchester ( .)  je refuse l'ordre de reprendre le contrôle du commandement. »
Est-il vrai, comme le suggère Cluseret dans ses Mémoires, que les autorités donnèrent « raison au général américain contre le général étranger » ? Milroy fut reconnu coupable d'avoir outrepassé ses droits, mais bénéficia en revanche de l'indulgence de Halleck (réponse de Halleck au général Lee, 14 janvier 1863) :
« si les ordres de réquisitions que vous dénoncez se révèlent authentiques, nous avertirons Milroy que nous désapprouvons sa conduite et ses initiatives [...] Néanmoins, il y a certainement eu, et cela durera encore, des actes individuels de subordonnés ou de personnes irresponsables qui ne peuvent être défendus et méritent parfois un châtiment. De tels cas, lorsqu'ils retiennent l'attention du gouvernement, font immédiatement l'objet d'une enquête, et sont réglés comme il se doit.»
Halleck fait-il allusion à Cluseret lorsqu'il parle « d'actes irresponsables de subordonnés » ? En conséquence, Cluseret démissionna le 2 mars 1863. Ce départ soudain donna lieu à diverses interprétations parmi ses détracteurs. Ainsi, à son retour d' Amérique, quelques années plus tard, il lui fut intenté un procès pour usurpation du titre de général. Un article français, de référence inconnue, cria à l'imposture :
« II est de principe que les nominations de cette nature doivent être confirmées par le Sénat, s'il ne les confirme pas, elles sont regardées comme nulles et non avenues. Cependant, elles donnent à celui qui en est investi le droit d'exercer ses fonctions pendant les vacances du Congrès et jusqu'au dernier jour de la prochaine session. Or, dans l'espèce particulière, Cluseret a rempli les fonctions de général de brigade à titre provisoire du mois de novembre 1862 jusqu'au 4 mars 1863, jour de la clôture du Congrès. Le 2 mars, c'est à dire deux jours avant cette clôture, Cluseret, qui avait eu vent que sa nomination ne serait pas confirmée, donna sa démission. Avec sa démission, Cluseret a perdu tout caractère officiel, et jamais son nom n'a figuré sur les registres de l'armée américaine. »
Toute confirmation du grade de général nécessitait aux Etats-Unis l'accord du président et du Congrès. Milroy~ très impliqué politiquement, réussit à influer sur la décision du Sénat, anéantissant définitivement les espoirs de promotion du Français. C'est pourquoi Cluseret ne prit pas la peine d'attendre la réunion du Congrès pour donner sa démission.

Le général Robert Huston Milroy (1816-90) fut l'ennemi de Cluseret. il empêcha la nomination du Français au grade de général grâce à ses relations avec le monde politique. La répression qu'il lança en Virginie Occidentale fut si violente, que le gouvernement confédéré mit sa tête à prix !

Avis de Cluseret adressé aux habitants occupés de Winchester , le 2 janvier 1863 : « à partir de demain, les résidents seront autorisés à quitter la ville par la route de Strasburg et Front Royal pour se procurer du bois de chauffe. Si l'un d'eux entrait en rapport avec l'ennemi, éclaireurs ou déserteurs, ce privilège serait aussitôt retiré (...) signé : général Cluseret.»
Ce document semble témoigner du bon comportement de Cluseret à l'égard des civils dans les régions sous occupation fédérale.
(photo Patrick AILLIOT, Musée de la Confédération, Richmond, Virginie).

Les activités révolutionnaires de Cluseret (1863- 71).

De retour à New-York, Cluseret émet le souhait de s'installer dans l'ouest, à Dubuque (Iowa). Mais Frémont l'incite à fonder avec lui un journal radical, The New Nation, destiné, selon un rapport de police daté de 1864, « à promouvoir l'Union et les institutions libérales sans distinction de caste ni de couleur. » Lors de la campagne présidentielle, il défend à Cleveland la nomination de Frémont à la candidature du parti républicain, s'opposant violemment à celle de Lincoln. Une fois encore, Cluseret adopte le point de vue le plus radical. Mais sa critique du président Lincoln est nourrie de griefs personnels: Cluseret lui reproche son échec dans l'armée américaine. Par conséquent, il noircit les pages du journal d’injures au président :
« Lincoln est l'homme le moins apte à diriger la Nation. Catéchisme politique : Qu'est-ce qu'un démocrate-pacifiste (Copperhead) ? Un animal rampant. Qu'est-ce qui est pire qu'un Copperhead ? L’administration de Lincoln. Sus aux ennemis ! A bas Lincoln !»


La carrière de Cluseret en Amérique est donc étroitement liée à celle de John C. Frémont, explorateur célèbre et candidat malheureux à la présidence en 1856. Pourtant, dans ses Mémoires, Cluseret se défend d'avoir été son « protégé.» Ces années, en effet, sont celles de sa rupture avec la bourgeoisie radicale américaine qu'incarne Frémont; rupture qui se cristallise autour de l'affaire du Transcontinental. Après son échec aux élections, Frémont investit toute sa fortune dans un projet ferroviaire transcontinental. Par l'intermédiaire de son beau -frère, le baron Gauldree Boilleau (ancien consul à New -York) , Frémont soumet le financement de sa compagnie aux actionnaires français. Mais afin d'obtenir une cotation à la bourse de Paris, les entremetteurs de Frémont falsifient les actifs de la société américaine. En 1873, Frémont et plusieurs promoteurs français (dont le baron Boilleau) sont finalement condamnés. Cluseret, lui, ne fut pas inquiété, ce qui prouve sa probité dans cette affaire.
Dès 1865, Cluseret avait refusé d'administrer à St-Louis une banque pour le compte de Frémont, et de représenter à Paris les intérêts de la Compagnie Transcontinentale. Criblé de dettes, le Français semble alors exercer à New- York tous les métiers, passant d’un logement à l'autre sans acquitter son loyer, au point qu'on le su nomme « General Jonathan thief » . En 1868, il rentre à Paris et se mêle aux milieux républicains socialistes. De virulents articles contre l'Empire lui valent d'être incarcéré à Sainte-Pelagie. Derrière ces murs, ou s'élaborent les complots socialistes, il achève son éducation révolutionnaire, et se lie avec de futurs Communeux, membres de l'Association Internationale des Travailleurs.
En 1869, il découvre dans les pages d'un journal une réclame pour le Transcontinental. Piqué au vif, il s'attaque à ce qu'il qualifie métaphoriquement de « plus monstrueuse ordure amoncelée par l'empire dans le grand collecteur qu'on nomme la Bourse de Paris.» Dans une circulaire, il prend publiquement parti contre les intérêts capitalistes français et américains. A cette occasion, il démontre son américanisme, en faisant le panégyrique du système cadastral américain, inauguré par Lincoln en 1862. « L 'Homestead Act, » écrit-il, « excessivement juste et populaire, a pour but d'empêcher de monopoliser le domaine public et d'en exclure les émigrants par le haut prix de la spéculation. En Amérique, le gouvernement est le protecteur du petit.» De même il propose l'immédiate séparation de L'Eglise et de l'Etat « comme aux Etats-Unis.» Dans un ouvrage publié en 1869 sous le titre Armée et Démocratie, il réclame l'abolition des armées permanentes. Tous ces reproches visent directement l'Empire : il n'en faut pas davantage pour l’inculper. Au cours du procès, Cluseret revendique ses services dans l'armée américaine. On lui rétorque qu'il s'est enrôlé sans l'approbation du Ministère de la Guerre, et qu'en vertu de la loi, il est privé de sa citoyenneté française. Contraint de se reconnaître américain, il est aussitôt sommé de quitter le territoire français, au nom de la sûreté publique. Mais Cluseret accueille le commissaire mandaté la main sur le revolver: « vous allez f. ..le camp et vivement, déclare-t-il, je suis ici chez moi sous la protection du drapeau américain, et le premier qui viole mon domicile, je lui brûle la cervelle 1» Le 19 juin 1869, il est raccompagné aux frontières sous la protection de l'ambassade américaine. Dans une dernière missive, Cluseret dénonce l'arbitraire de cette décision :
« Quant au motif qui permet à ce gouvernement timoré de m’appliquer une loi qui me rappelle les plus mauvais jours des époques de décadence, je ferai observer qu'en 1860, le Journal Officiel se chargea de rappeler et d'expliquer la loi qui prive de la qualité de français les militaires qui servent à l'étranger. Les soldats du Pape commandés à Castelfidardo par Lamoricière étaient prives de leur qualité de français, ceux de Garibaldi ne l'étaient pas. Ce qui se justifie ainsi : les uns servaient dans une armée régulière, les autres dans une armée de volontaires. Depuis que j'ai quitté le service de la France, je n'ai jamais accepté de service dans une armée régulière. Et je demande d'ou vient que M. de Polignac, qui servait contre moi dans l'armée du Sud est exempté de la sévérité qui m'atteint. Seraient-ce que vos sympathies pour le Sud et votre antipathie pour la République fédérale survivent à la défaite de l'un et la victoire de l'autre ? En Amérique, la guerre de géants qui a duré quatre ans, n'a compté que des armées de volontaires. La loi ne m'est pas applicable. Et j'irai même plus loin. J'ai accepté les bénéfices de la loi du congrès en date du 17 juillet 1862, qui dispense les étrangers sous les drapeaux des formalités ordinaires et confère à ceux qui en sont dignes le titre de citoyen américain comme récompense nationale.
Et je prétends néanmoins jouir de mes droits de citoyen français cumulés avec ceux de citoyen américain. »

A New- York, il collabore activement avec les mouvements révolutionnaires, dont l'objectif est l'instauration d'une république universelle. En 1870, Cluseret y préside la formation d'une section française de l'Association Internationale des Travailleurs. 11 entretient à cette époque une correspondance avec Victor Hugo: « votre voix, écrit-il au poète exilé, a encore plus de retentissement de ce côté de l'Amérique que de 1 'autre, et vous devez au grand peuple des travailleurs américains un encouragement et un appel. » Et il continue: « une seule et grande famille humaine, la famille des travailleurs, dédaignant les gouvernements. » Hugo lui répond en avril de la même année : «... J'aime l'Amérique comme une patrie. La grande république de Washington et de John Brown est une gloire de la civilisation. Qu'elle n'hésite pas à prendre souverainement sa part du gouvernement du monde. Au point de vue social, qu 'elle émancipe le travailleur, au point de vue politique, qu'elle délivre Cuba .
L'Europe a les yeux fixés sur l'Amérique... Nous sommes les concitoyens de toute nation qui est grande. Général, aidez les travailleurs dans leur coalition puissante et sainte. »
A l'annonce de la guerre contre la Prusse, Cluseret repart pour la France. Aussitôt, il met en relation le gouvernement de la Défense Nationale avec les Etats- Unis, en vue de racheter les surplus d'armes de l'armée américaine. Il se félicite d'être « l'homme providentiel », affirmant que « la France a eu trop de Bonaparte, grands et petits: ce qu'il lui faut, ce sont des Lincoln et des Bolivar, des hommes simples, dévoués, s'effaçant devant leur devoir. C'est cet homme que je me suis efforcé d'être. » Quel revirement surprenant pour l'ancien rédacteur du New Nation! Mais Lincoln, entre-temps, était passe à la postérité : Cluseret, sans doute pour racheter son opposition au président martyr, alla jusqu'a inventer une hypothétique rencontre avec Lincoln. De même, il n'émancipa probablement jamais personnellement les esclaves de Madison Court House en 1862 (voir ci-dessus). On voit comment Cluseret chercha toute sa vie à préserver ses intérêts personnels au détriment de ses idéaux. Rossel, un de ses ennemis pendant la Commune, affirme en effet qu'il « n'était pas un franc révolutionnaire, c'était un Français superficiel, frotté de Yankee, et qui dans la philosophie yankee, n’avait compris que le mot dollars. »
Néanmoins, la participation de Cluseret à la Guerre de Sécession décida de son élection au poste de délégué à la guerre pendant la Commune. Ces quelques années passées en Amérique marquèrent donc profondément sa carrière, laquelle s'inscrit dans la lignée du militantisme international. En 1876, il est encore inscrit sur la liste de l'lnternationale new-yorkaise. En 1888, il réintègre la citoyenneté française.

Cluseret en 1900.
La tombe du général Cluseret au vieux cimetière de Suresnes, seule sépulture d'un général Français de la Guerre de sécession identifée en France ! La plaque portant le nom de Cluseret a été volée. La stèle est aujourd'hui anonyme et en mauvais état. (Photo D.Delpech)

De 1889 à 1897, il est député socialiste du Var. On lui doit plusieurs projets de loi, dont un visant à attribuer une pension alimentaire à tout cultivateur, non propriétaire, âgé de 55 ans et plus, ne pouvant subvenir à ses besoins par son travail. Il déposa un autre projet ayant pour objet de conférer les droits de citoyen français aux musulmans indigènes des territoires algériens. A la fin de sa vie, il renonce à ses aspirations internationalistes pour s'enfermer dans le nationalisme sectaire de Déroulède. Lors de l'affaire Dreyfus, sa loyauté envers l'armée l'emporta finalement. ..Il mourut peu de temps après, le 22 août 1900.

David Delpech CCFF

NOTES DU TEXTE
1- Mr Daniel Frankignoul, président de la Confederate Association of Belgium, a confirmé qu'il s'agissait de Jules Armand de Polignac, demi-frère ainé de Camille.
2- Composée de jeunes prolétaires, la garde Mobile resta fidèle au gouvernement grâce à un esprit de corps inculqué par ses cadres à l'exemple de Cluseret. Jugés néanmoins dangereux, la 2nd république expédia près de 500 Mobiles en Californie, de manière à débarrasser Paris de ses éléments indésirables.
3- Cluseret servit d'informateur aux libéraux républicains français, comme l'allemand Joseph Weydemeyer, ancien officier lors des événements de 1848, devenu colonel d'un régiment du Missouri, fut le correspondant de Marx et Engels pour les questions militaires de la guerre de sécession.
4-Le Comte de Paris publia une « Situation des ouvriers de Grande--Bretagne », comme Louis-Napoléon avait publié avant son élection « L’extinction du paupérisme » (1844) d'inspiration socialiste.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
BLAISDELL Lowell -A French Civil War adventurer, fact and fancy, Civil War History Magazine, 1966.
BOUDIER Emile -Cluseret Gustave Paul, 1823-1900, Bulletin de la Société historique de Suresnes, 1938.
CLUSERET Gustave Paul -Mémoires, 3 volumes, Paris 1887-88. http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=gustave+cluseret
CREAGH Ronald -Nos cousins d'Amérique, Histoire des Français en Amérique, Paris 1986
LONN Ella -The foreigners in the Union Army and Navy, Baton Rouge, 1951.
CARON J-F. -Les témoins français de la Guerre de sécession, Paris-Sorbonne 1984
PARIS Comte de -Histoire de la Guerre civile en Amérique, 7 volumes, Paris 1874-96
ARCHIVES NATIONALES : 441 AP Cluseret, AB XIX 3870 dossier 2, 1865.
The War of the Rebellion: a compilation of the official records of the Union and Confederate armies: Serie 1, volume 12, 21, 23, 25 (The National Historical Society, 1972).
THE NEW YORK HISTORICAL SOCIETY
NATIONAL ARCHIVES, Washington, DC 20408 General Reference Branch (NNRG)
ARCHIVES DE LA SOCIETE HISTORIQUE DE SURESNES

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