La ruée vers l’or : les keskydees
La pratique du français dépasse
le petit groupe des migrants francophones, Français de France, Canadiens
français, Wallons, Suisses romans, qui sont encore peu nombreux. La situation
change totalement avec la découverte de riches gisements d’or en 1848 et
l’arrivée massive de populations dès 1849. La ruée vers l’or modifie les
conditions d’utilisation de la langue. Des milliers, des dizaines de milliers
de francophones, sans doute 25 à 30 000, se joignent à ce mouvement mondial.
Parmi ceux qui viennent de France, beaucoup ont vécu à Paris. Ils viennent
aussi du Canada, de Belgique, de Suisse, de Louisiane. Ils vont chercher
fortune dans les mines, mais ils s’installent aussi dans les villes, comme San
Francisco ou Los Angeles. Ils y créent des quartiers français, des associations
françaises.
La plupart de ceux qui arrivent
de France ne connaissent pas l’anglais, et n’ont guère de motivation pour
l’apprendre : ils espèrent bien être repartis au bout de quelques mois. Arrivés
en groupe, désireux de conserver leurs habitudes, ils se satisfont de savoir
que l’un d’entre eux parle anglais, ou souvent plutôt croit connaître
l’anglais. Cela donne lieu à de nombreux malentendus et incidents cocasses,
sinon plus graves. Dans la région des mines, les anglophones ont vite fait de
repérer la phrase qui revient continuellement à destination de l’interprète,
"Qu’est-ce qu’il dit ? ", et surnomment les Français les keskydees.
Mais lorsque les veines de minerai aurifère les plus riches s’épuisent et que
les sentiments xénophobes refont surface, l’obstination des Français à parler
leur langue suscite méfiance et hostilité, parfois violence.
Les Français installés à San
Francisco sont suffisamment nombreux pour qu’un quartier français prospère. On
y trouve des cafés et des restaurants, et des institutions dont l’objet est
d’aider les Français qui ne parlent pas anglais à trouver les ressources dont
ils ont besoin.
Tiré d'un article d'Annick Foucrier (spécialiste des
Français en Californie et auteur en 1991 d'une thèse sur La France, les
Français et la Californie avant la ruée vers l’or, 1786-1848)
C'est marrant ce nom de "keskidees", surtout quand on sait qu'a Dunkerque on appelle les anglais des "wathyousaye"...
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