La dernière barricade de la Commune
où il est question de Paul Déroulède.
Dessin de Robida: Le 28 Mai 1871, 2 heures, prise de la dernière barricade située à l'angle des rue de Tourtille et Ramponneau, malgré la défense désespérée des insurgés. |
"Rue Ramponeau [angle de la
rue de Tourtille ]s’élève la dernière barricade de la Commune. Un seul fédéré
la défend. Trois fois, par un tir ajusté, il casse la hampe du drapeau
tricolore des versaillais, qui occupent la barricade de la rue de Paris. Grâce
à son courage, le dernier défenseur de l’insurrection parisienne parvient à
s’échapper."
C'est du moins ce qu'en dit
Lissagaray dans sa légendaire mais non pas infaillible Histoire de la Commune
de 1871"
Mais ce fut peut-être celle de la
rue de la Fontaine-au-Roi : sur celle-là, tenaient encore Jean-Baptiste
Clément, Théophile Ferré, délégué à la Sûreté générale et son frère Hippolyte,
Varlin, un garibaldien... « Au moment où vont partir leurs derniers coups, une
jeune fille venant de la barricade de la rue Saint-Maur arrive, leur offrant
ses services. Ils voulaient l’éloigner de cet endroit de mort, elle resta
malgré eux. A l’ambulancière de la dernière barricade et de la dernière heure,
Jean-Baptiste Clément dédia longtemps après la chanson des Cerises », écrira
Louise Michel.
On a encore l’hypothèse de celle
de la rue Oberkampf ? De celle de la rue Rébeval dans le 19e mitoyen ? En tous
cas, elle se situa dans le périmètre du croisement des rue et boulevard de
Belleville, "dernier carré" de la Commune.
Le 30 ème bataillon de chasseurs
à pieds qui participe aux opérations de l'armée de Versailles contre la Commune
est sous le commandement de Louis Joseph Marc Bernard LANES. Né en 1839, Lanes
est Saint Cyrien. Affecté au 3e régiment de Zouaves, il a servi en Algérie, en
Italie, avant de rejoindre le Mexique. Passé comme capitaine au régiment
étranger, il rejoint le 3e bataillon de Cazadores comme commandant en second en
juin 1866. (Photo)
Il va poursuive une carrière brillante, qui le conduira au grade de général de corps d'armée, grand officier de la Légion d'Honneur. Contrairement à Déroulède, ce dernier n'a rien d'un républicain...
Il va poursuive une carrière brillante, qui le conduira au grade de général de corps d'armée, grand officier de la Légion d'Honneur. Contrairement à Déroulède, ce dernier n'a rien d'un républicain...
LANES au Mexique. Photo du site: http://www.military-photos.com/3cazad.htm |
Pour en revenir à la barricade de la rue de Tourtille/ramponneau, voilà ce qu'en dit le journal de marche du 30 ème bataillon de chasseurs à pieds.
"- Le 28 mai, le bataillon se porte par la rue Lafayette et la rue Secrétant aux Buttes-Chaumont, s'empare vers 10 heures de la barricade de la rue Est-Pradier (Rue de l'Équerre. S'appela rue de l'Est-Pradier avant 1877. Doit son nom à sa forme. Cette rue nous mène rue Bolivar), où il perd 2 hommes.
Vers 2 heures du soir, la 6èmec ompagnie, envoyée par ordre du Général DUMONT pour amener un convoi de chevaux pris aux insurgés rue Julien Lacroix, trouve cette rue barrée.
En descendant plus bas pour trouver un passage, elle débouche rue de Courtille, en face d'une barricade garnie de pièces d'artillerie.
Le sous-lieutenant DEROULEDE avec 3 sous-officiers et 11 chasseurs volontaires se jette énergiquement sur cet obstacle, et, malgré une blessure grave au bras
gauche, s'empare de cette barricade dont il enlève le drapeau.
Le sous-lieutenant DEROULEDE, le sergent LARMIGNAT, et le caporal BENETIERE, s'étaient signalés d'une manière toute particulière par leur entrain et leur belle conduite.
C’était la dernière résistance de Belleville qui put être désarmée ensuite par le bataillon.
- Le 14 juin, le Bataillon voit citer à l’ordre de l'armée n° 26, pour leur belle conduite pendant les opérations contre la Commune insurrectionnelle :
Messieurs :
LANES, Chef de bataillon commandant,
DEROUIEDE, Sous-lieutenant,
LARMIGNAT,Sergent-major,
PAQUIER, Caporal,
AUBERTIN, Chasseur."
Déroulède en officier de chasseur
à pieds. Portrait par Jean-François Portaels (1877).
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Jusqu'à la Guerre de 1870, Paul
Déroulède est un versificateur qui fréquente les milieux littéraires
républicains. La déclaration de guerre lui fait abandonner son pacifisme. Sur
le conseil d'un de ses anciens professeurs, il s'engage dans les gardes mobiles
de la Seine qui végètent au camp de Chalons. Rejoignant illégalement un
régiment de zouave avec son jeune frère, il se bat et est fait prisonnier à
Sedan. Il ne tarde pas à s'évader pour rejoindre Gambetta qui le nomme officier
des tirailleurs algériens, à la tête desquels il se distingue lors de la
bataille de Montbéliard. Après l'armistice, il décide de prendre "le képi
comme on prend le voile" et rejoint le 30 ème bataillon de chasseurs à
pieds.
A l'inverse d'un Rossel, patriote
et républicain comme lui, Déroulède choisit le camp de "l'ordre".
Pour lui la Commune n'aurait pas éclose sans l'attitude vaniteuse d'un Trochu.
S'il se bat dans l'armée Versaillaise, Déroulède le fait sans haine envers le
peuple de Paris et les "insurgés [qui] ont, eux du moins, le courage de
l'insurrection". Il n'en déteste pas moins les meneurs qui ne sont pas sur
les barricades. C'est donc à contrecœur que Déroulède s'engage dans la guerre
civile, pour préparer la revanche, et non pour punir la "vil
multitude".
Le 28 mai 1871 (vers 18h selon
Robert Tombs), dernier jour de la Commune, alors que les combats ont cessés,
Déroulède et une corvée du 30 ème BCP tombent sur une barricade rue de
Tourtille. Le drapeau rouge y flotte encore. Derrière, quelques fédérés se
tiennent le fusil au poing. Déroulède fait donner l'assaut, durant lequel il
est grièvement blessé. La barricade est prise. La guerre civile est terminée.
Paul Déroulède en 1874, il est lieutenant de chasseur à pied. A ses côtés, son frère, lieutenant d'artillerie. |
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