mercredi 13 mars 2013

Uniformes de l'armée Rouge pendant la guerre civile russe 1917-1922. 2ème partie.

Infanterie et cavalerie de l'armée rouge 1919-1920.

De gauche à droite. Officier de la 25 ème division de fusiliers, 1919-1920, coiffé d'un panama, plus ou moins courant au sein de certaines formations. Soldat hongrois de la division de cavalerie internationale, composé de hongrois, autrichiens, allemands etc… rallié à la révolution et dans ce cas, équipé d'effets russes et hongrois. Officier commandant de peloton (un carré rouge au-dessus de l’étoile) de la brigade Zavolzhsky des "Hussards rouges" 1921. Cavalier de la brigade Zavolzhsky des "Hussards rouges" de Vatman 1918-1919, équipée grâce aux uniformes des régiments Sumskov (bande écarlate sur la casquette comme l'officier ici) et Elisavertgradsky (bande blanche comme l'homme de troupe ici) de l'ex armée tsariste. Plusieurs autres régiments de cavalerie rouges furent ainsi vêtus.


En été il était courant pour les officiers de l’armée rouge de porter des chapeaux à larges bords, civils ou vaguement militaires. Au fur et à mesure de la guerre civile, les bolcheviks avaient mis le grappin sur nombres de wagons dans lesquels ils surent puisés du matériel britannique, de « l’excellent équipement anglais » selon le mot de Lénine. On peut penser à des chapeaux de type « boer » ou australiens. Ils en furent même qui se vêtirent en Bersagliers italiens en 1920, toute une division ! Mais les troupes de l’armée rouge (comme les blancs) appréciaient énormément le matériel anglais, qui pouvait durer plusieurs campagnes.


La 25 ème division.
C'est une unité emblématique de l'armée rouge. Elle a été formée en juillet 1918 à Nikolaevsk, dans la province de Samara, à partir d'un noyau de volontaires de la Division traditionnellement caserné dans cette ville. A noter que la ville, sous l'instigation de Tchapaïev, a vu son nom changée en Pougatchev (le célèbre insurgé cosaque du XVIII ème siècle, nom qu'elle a conservé jusqu'à aujourd'hui). La division a d'abord reçu le nom de 2eme Division soviétique "Nikolaïev" (du nom de l'ancienne division) . En septembre elle a pris le nom de 1ere division de fusiliers, en novembre celui de 25 ème division de fusiliers. En octobre 1919 elle prit définitivement le nom de 25 ème division de fusiliers "Tchapaïev", en l'honneur de son commandant, récemment disparu et dont le pouvoir bolchevik fit très rapidement une légende. Elle a combattu dès 1918 et en 1919 contre les tchèques et les Blancs de Koltchak, puis en 1920 contre les polonais et enfin en Ukraine, dans la région de Kiev.


Tchapaïev naquit dans une famille de paysans pauvres du village de Boudaïki, qui fait aujourd'hui partie de la ville de Tcheboksary (Tchouvachie). Durant la Première Guerre mondiale, il servit comme sous-officier et fut décoré à trois reprises de la Croix de Saint-Georges. En partant il avait laissé une femme et trois enfants. Femme, qui une fois n'est pas coutume, profita de son absence pour le tromper avec un voisin. Début 1917, il obtiendra le divorce et récupérera ses enfants qu'il placera d'abord chez ses parents. Peu de temps après, il prit soin de la veuve d'un de ses amis tombé sur le front des Carpates. 
En septembre 1917, il entra au Parti bolchevique  En décembre, il fut élu commandant du 138e Régiment d'infanterie par un vote des soldats du régiment. Il commanda ensuite la 2eme Division Nikolaïev et la 25e Division de fusiliers. 
Sa relation avec la veuve de son camarade mort lui causa beaucoup de souci. Pelagia Kamishkertsevoy, portait le même prénom que sa première épouse et semblait avoir le même genre de comportement infidèle.  Sans compter que Tchapaïev la soupçonna d'espionnage au profit des blancs. Il l'avait installée près de lui, avec ses propres enfants, dans un dépôt d'artillerie prêt du front. Cette région était acquis aux blancs Toujours est-il qu'un soir, il surprit Pelagia avec le chef du dépôt et de part et d'autres de nombreux coups de feux furent échangés. Il faut dire que Tchapaïev ne se privait pas non plus de son côté. Ainsi il eut des relations non-suivies avec quelques filles cosaques et surtout avec Anna Nikitichna Steshenko, la propre épouse d'un des commissaires politiques de la division, Furmanov. Ce qui fit qu'après la mort de Tchapaïev, ce dernier fut un temps soupçonné et mis en examen... Furmanov, de son vrai nom Furman était au printemps 1917 proche des maximalistes et des anarchistes, il avait servi come infirmier pendant la première guerre mondiale, où il rencontra sa femme. Ce n'est qu'en 1918 qu'il rallia le parti bolchevik et devint un commissaire au sein de l'armée rouge. Il a plus tard combattu sur le front du Turekstan, a été gravement blessé alors qu'il étai devenu commissaire politique pour la IX ème armée rouge du Kouban et décoré de l'ordre du drapeau rouge. Il a écrit plusieurs livres sur la guerre civile mais c'est son livre sur Tchapaïev, paru en 1923, qui remporta le plus de succès.


Le 5 septembre 1919, le quartier-général de la division, près de Lbichtchensk (Лбищенск) — nommée aujourd'hui Tchapaïevsk en son honneur — fut attaqué par des blancs. Il s'agissait en fait d'un raid mené par un détachement de cosaques blancs sous les ordres du général Borodine (1192 hommes, avec 9 mitrailleuses et deux canons. La ville de Lbichtchensk était pratiquement sans défense, à part quelques 600 hommes assignés à la défense du QG, le reste (2000 hommes environ) étaient disséminés dans les dépôts, le comité révolutionnaire, les bureaux etc. Il y avait aussi 2000 paysans sans armes, pas forcément acquis aux bolcheviks. Le gros de la division étant cantonné à 40 ou 70 kms plus loin selon les unités. De plus, les 4 avions de reconnaissance dont disposait Tchapaïev ne virent rien ou plutôt ne voulurent pas voir le raid cosaque blanc qui avait commencé depuis le 31 août. Aviateurs qui passèrent d'ailleurs du côté Blanc une fois la bataille terminée. En fait de bataille, ce fut plus une immense rafle (c'est le but d'un raid) qui vit les maigres forces de l'armée rouge complètement surprises et encerclées. Peu d'entre elles purent forcer l’encerclement. Les combats durèrent malgré tout 6 heures et furent acharnés tant que les soldats rouges pouvaient tenir des poches de résistance qu'organisait Tchapaïev. Le chef de la divison avait rassemblé 100 hommes autour d'une mitrailleuse. Blessé à mort, le corps de ce dernier fut emporté sur un radeau par deux hongrois rouges qui s’échappèrent. Une autre version affirme au contraire que Tchapaïev tenta de s'échapper en traversant à la nage le fleuve Oural, sous le feu des mitrailleuses ennemies, mais disparut. Son corps ne fut jamais retrouvé. Le sort des prisonniers fut celui de tout prisonnier dans cette guerre impitoyable. Ils furent tous fusillés par paquets de 100, dont le commissaire divisionnaire Buchanan qui avait tenté de se cacher dans un four
Certains ont affirmé que le rôle de Tchapaïev a été grossi pour la légende. C'est indéniable. Tout autant que ses actions militaires n'ont pas té négligeables et ont permis de prendre Samara, Oufa, Uralsk, Orenbourg et Aktobe, des noeuds de communications importants qui étaient alors aux mains des Blancs.

Tchapaïev et des officiers de la 25 ème division.

Tchapaïev

Tchapaïev à droite.

Tchapaïev

Tchapaïev

Tchapaïev, au centre, à l'hiver 1918-1919.



Le commissaire Furmanov et son épouse, Anna Nikitichna Steshenko, entouré d'officiers de la 25 ème division.

Furmanov

Le commissaire Furmanov  et son épouse, Anna Nikitichna Steshenko.

Les commandants et les commissaires politiques de la 25 ème division d'infanterie, après l'occupation de la ville d'Oufa. Juin 1919. Au centre de la , blessé, Tchapaïev commandant de division, à côté de lui sur sa gauche le commissaire D.A.Furmanov.



Tchapïev, à gauche debout, dans sa jeunesse.

Tchapaïev, alors qu'il est sous-officier dans l'armée impériale pendant le premier conflit mondial.

Tchapaïev en 1916 avec sa première épouse.

Au centre la deuxième femme de Tchapïev, dans les années 30 avec les enfants de ce dernier.

Les hongrois des unités internationales.

Pendant les quatre années de la Première Guerre Mondiale, plus de 600 000 Hongrois furent faits prisonniers en Russie. Près de 100 000 d'entre eux combattirent aux côtés des Bolcheviks et pour le maintien du pouvoir communiste. Ils contribuèrent au succès des Bolcheviks en aidant à réprimer l'insurrection des SR à Moscou, en renforçant les unités communistes à Jaroslavl' et en jouant le rôle de leaders dans les unités internationalistes de l'Armée rouge, pendant la guerre civile. Plusieurs raisons significatives déterminèrent l'aide hongroise aux Bolcheviks : une discrimination de classe trop rigide introduite dans la vie des camps de prisonniers, aboutissant à une tension particulière entre officiers et soldats ; l'attrait exercé par les promesses communistes d'un monde nouveau, plus juste ; l'habileté des Bolcheviks à utiliser tour à tour propagande et pression. Toutefois, bien que près de 100 000 hommes aient été prêts à se battre pour les Bolcheviks russes, seule une quantité négligeable était acquise à l'idéologie communiste et très peu d'entre eux devinrent membres des divers partis communistes.
À l'été 1919,  en prenant Kiev, les bolcheviks mirent la main sur d’importants stocks de fusils "Mannlicher", bottes, sous-vêtements, casquettes de hussard et culotte – laissés par les troupes d’occupation de l'armée austro-hongroise en Ukraine (1918). Les Hongrois, qui formaient la majorité de la division de cavalerie internationale, se virent donc équipés de chemises russes mais avec bonnet rouge de hussard et pour certains escadrons de pantalons du même type avec nœud hongrois sur la cuisse. Les autres avaient un simple pantalon kaki. Les coiffes étaient encore au chiffre de l’empereur d’Autriche-Hongrie et il fallut le recouvrir d’une étoile.

Prisnnoiers austro-hongrois en Russie.

Les hussards rouges.
Les bolcheviks eurent aussi l’opportunité de vider les arsenaux de l'ex armée impériale russe, et notamment   des régiments Sumskov (bande écarlate sur la casquette) et Elisavertgradsky (bande blanche).
Ces diverses récupérations de dolmans ou de pelisses de l'ex armée tsariste furent donnés en priorité à des unités qui formèrent la brigade Zavolzhsky des "Hussards rouges".  D'autres unités portèrent aussi ce type d'équipement mais de manière plus parsemée, au front, ou dans les unités de formation à l'arrière, pour les parades.


2 ème régiment de cavalerie de Moscou, 1918-19.



Premier Mai à Kharkov 1920.

Jeunes cavaliers rouges portant l'uniforme de l'ancien 13 ème régiment "Narva" en 1918 dans la province de Tambov.







Officier de "hussards rouges" avec la culotte rouge et les bottes caractéristiques.



Brigade des "Hussards rouges" 1919-1921, parfois le képi laisse la place à un bonnet de fourrure.


2 commentaires:

  1. Très bel article, magnifiquement illustré!
    Phil.

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    1. Merci, 2ème partie de "les uniformes de l'armée rouge"... A suivre, dessins, photos et précisions...

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