« Dans mes dégoûts surtout, j’ai des goûts élégants ; Tu sais j’avais lâché la vie avec des gants. » Tristan Corbière
vendredi 31 janvier 2014
VERDUN 1916 1976
Un vétéran du 151ème régiment d'infanterie en 1976, 50 ans après la bataille de Verdun.
Photos de Bruno Barbey.
jeudi 30 janvier 2014
LE SUICIDE PAR LA CORDE
Il vaut mieux renoncer à tout que de lutter pour jouir.
BROUARDEL, Paul Camille Hippolyte - La pendaison, la
strangulation, la suffocation, la submersion. Edition : Paris: J.-B. Baillière
et fils, 1897
WEGELER, Franz Gerhard - Examen de quatre consultations
médico-légales, ayant pour objet de déterminer si un jeune homme trouvé pendu a
péri par assassinat ou par suicide. Coblenz : Pauli et Compagnie, 1812
mercredi 29 janvier 2014
LA GARDE NATIONALE en assiette.
Sous le second empire, la garde nationale parisienne est tellement insignifiante dans ses prérogatives qu'elle devient un des thèmes de prédilection pour les assiettes parlantes...
Voyez-donc...
- N't'échauffe pas Bobonne, on
n'inaugure pas les Boulevards tous les jours !!
- Si on nous faisait passer la
revue à Minuit, on n'attraperait pas de coups de soleil.........
- C'est clair !!!...
Mettez les palais en flammes !
"Si ceux qui produisent
toute la richesse n'ont pas le droit, conformément à la parole de Dieu, de
cueillir les doux fruits de la terre que, selon la parole de Dieu, ils ont
récolté à la sueur de leur front, alors qu'ils combattent au couteau leurs ennemis,
qui sont les ennemis de Dieu. Si le fusil et le pistolet, si l'épée et la pique
ne suffisent pas, que les femmes prennent leurs ciseaux et les enfants
l'épingle ou l'aiguille. Si tout échoue, alors le tison enflammé, oui, le tison
enflammé (tonnerre d'applaudissements), le tison enflammé, je le répète. Mettez
les palais en flammes !"
Révérend J.-R. Stephens (meeting
de Newcastle du 1er janvier 1838).
Plutôt les Turcs que les papistes
« Liver turcx dan paus »
«
Plutôt les Turcs que les papistes »
Médaille de gueux en forme de
croissant des insurgés protestants de Hollande en 1570.
dimanche 26 janvier 2014
LE CITOYEN EN ARME - Garde nationale, garde mobile, garde républicaine et gardes révolutionnaires en 1848.
LE CITOYEN EN ARME
Garde nationale, garde mobile, garde républicaine et gardes révolutionnaires
de février à juin 1848.
"Qui règne à Paris commande à la France"
Alexis de Tocqueville
"Qui règne à Paris commande à la France"
Alexis de Tocqueville
LA GARDE NATIONALE
Au lendemain de la révolution de février 1848, la garde nationale (qui s'était désolidarisée de la monarchie de Juillet ou du moins était restée passive au contraire de la garde municipale) prend en charge la police des rues. Comme l'écrit Maxime du Camp, elle remplace à la fois l'armée, la police en uniforme et les "cipaux".
Sur cette gravure de Granger (dont les couleurs sont douteuses), les trois grands acteurs de la révolution de février 1848, le garde national, l'étudiant et l'ouvrier. |
La Garde nationale était
théoriquement composée de tous les Français âgés de 20 à 60 ans. Mais la loi
distinguait le service ordinaire et le service de réserve, la répartition entre
les deux étant faite par le conseil de recrutement, qui n'appelait au service
ordinaire que ceux qui avaient les moyens de supporter les frais d'habillement
et d'armement et disposaient du temps nécessaire pour le service. Aussi ne
trouvait-t-on dans le service ordinaire, sous la monarchie de Juillet et aux
premiers jours de la révolution de Février, le seul qui soit effectif, que des
hommes aisés. Ceci donnait à la garde son caractère de milice bourgeoise,
rempart des propriétaires contre le désordre.
Cavalier (lancier) de la garde nationale en 1848. |
Maréchal des logis de l'artillerie de la Garde nationale. |
Le 27 février, lors de la proclamation officielle de la République, la garde nationale avait déployée son décorum. Mais dans ses rangs se mêlaient déjà aux uniformes de la Monarchie de Juillet, les vestes et les blouses des nouveaux incorporés. Dans certains arrondissements les nouveaux effectifs étaient le triple des anciens, voir le quintuple dans le très révolutionnaire XIIème arrondissement (actuel Vème) Le gouvernement s'attendait à ce que l'euphorie patriotique passe, que la crise aidant, les effectifs de la garde nationale retomberait et que les ouvriers, finiraient par refuser un service trop lourd. Ce fut presque l'inverse qui se produisit. La gravité de la crise économique et surtout l'existence des ateliers nationaux faussèrent le processus habituel. Les 110 00 chômeurs qui y étaient inscrits figuraient également sur les rôles de la garde nationale. A noter que si ces nouveaux venus furent armés, ils ne furent jamais habillés complètement.
Gardes nationaux en 1848. |
C’est ainsi que les premières
élections populaires ont été celles de ces cadres locaux de la Garde nationale,
du 5 au 9 avril, première expérience du scrutin, et d’importance dans les
quartiers populaires, le vote se faisant par compagnie. Ceux qu’on désignait
alors étaient des proches, non ces lointains représentants comme qu’on nommera
le 23 avril. Dans la discussion, ce n’est pas d’ailleurs nécessairement
l’autorité de cet officier qui emporte la décision. Quand des gardes nationaux
de La Chapelle décident de descendre sur Paris, rue du Faubourg Poissonnière, “pour empêcher qu’on proclame un roi”, il paraît bien que ce sont les hommes
qui entraînent leur capitaine, et non l’inverse. “ Le capitaine Legénissel fit
arrêter la compagnie devant sa maison et demanda aux gardes nationaux s’ils
voulaient toujours aller à Paris. Sur leur réponse affirmative, il se mit à
leur tête, franchit la barrière Poissonnière. ” Selon la déclaration de
Legénissel lui-même, les hommes lui auraient dit : “ Nous voulons aller à Paris
pour empêcher qu’on ne proclame un roi. Si c’est pour cela, ai-je répondu, je
suis prêt, marchons (...). J’ai crié "Vive la République démocratique
", on m’a imité. ”
Le 14 mars 1848, le gouvernement provisoire avait rendu un décret supprimant les compagnies d'élite, grenadiers et voltigeurs, qui se trouvaient ainsi fondues dans la garde nationale. L'émotion fut grande parmi les bourgeois que touchait cette mesure égalitaire ; aussi, le surlendemain 16 mars, plusieurs légions de la garde nationale s'assemblèrent et se rendirent à l'Hôtel de ville, au nombre de cinq à six mille hommes, pour faire entendre leurs plaintes aux membres du gouvernement, qui les régalèrent de quelques morceaux d'éloquence officielle. Cette manifestation émanant de la classe aisée est connue sous le nom de « Manifestation des bonnets à poil » ou « des manchons »... surnom peu élégant qui désignait l'imposant couvre-chef que portaient les hommes des compagnies d'élite.
Un grenadier de la garde nationale en 1848. |
C’était si bien une revendication d’inégalité que, ce jour-là, retentit un cri qui n’avait pas de rapport avec les "bonnets à poi"l : « A bas les communistes ! » En fait les compagnies d'élites héritiers du régime précédent, étaient exaspérés par ce qu'ils estimaient être une manœuvre de l’extrême-gauche. Ces mêmes hommes, soucieux de ne pas être mêlés à la racaille, avaient insulté leur commandant en chef qui s’intitulait : « le général du peuple » ; ils lui avaient arraché son épée, ses épaulettes. Maxime Du Camp avoue qu’il avait une vague envie de jeter par les fenêtres une partie du Gouvernement.
Les gardes favorables à la république et notamment les nouveaux incorporés manifestèrent le lendemain. Ils furent plus de 100 000, sous les yeux consternés des "bonnets à poils" conservateurs.
Amable de Courtais. |
Jacques-Léon Clément-Thomas |
En mai, le général commandant la garde nationale, Amable de Coutrais fut arrêté et destitué. On le remplace par Clément-Thomas, ancien colonel de la IIème légion. Pendant les journées de Juin, plus de 22 000 gardes nationaux environs rejoignirent l’insurrection. Ils étaient pour la plupart des quartiers centraux de Paris et des banlieues attenants aux faubourgs saint-Antoine, saint-Martin et saint-Marcel. Seules 2 légions des quartiers ouest combattirent le soulèvement et les renforts des gardes nationales de province n'arrivèrent qu'une fois les combats terminées.
Le 2ème bataillon de la Xème légion de la garde nationale faisant le coup de feu contre les insurgés de Juin au pont saint-michel. |
Le général Clément-Thomas, commandant la garde nationale à la prise de la barricade culture sainte-catherine le 24 juin 1848. |
L'insurrection de Juin vaincue avec la prise de la barricade du faubourg saint-antoine. Au premier plan, un cavalier de la garde nationale. |
"Rifolard est plus charmé que jamais de ne s'être pas fait tuer dans les journées de juin..." |
LES GARDES RÉVOLUTIONNAIRES
Montagnards et Lyonnais.
A l'Hotel de Ville, ce ne sont pas moins de 600 hommes ouvriers, bourgeois et quelques polytechniciens, 4 pièce d'artillerie, plus un nombre indéterminé de cavaliers qui occupent la place. Le but de cette garde est clairement énoncé: "Surveiller les premiers actes de ce nouveau pouvoir, afin que le peuple ne se vît point, comme en 1830, la dupe des ambitieux qui l'avaient mis en avant." D'autres "gardes populaires" occupent alors nombre de bâtiment officiels. Elles seront progressivement relevées par des troupes de lignes ou par la garde nationale, organisée en douze légions qui correspondent aux douze arrondissements si peu homogènes.
Marc Caussidière à la tête de ses Montagnards. |
A côté de la garde de l'Hotel de Ville, une troupe armée se constitue auprès d'un autre lieu du pouvoir à Paris: la préfecture de police. Le 24 février 1848, Caussidière, Cahaigne et Sobrier s'emparent de l'édifice abandonné par ses défenseurs. Très vite, on forme une garde composée d'insurgés, d'ouvriers sans travail, d'anciens détenus politiques et de républicains des anciennes société secrètes. Ils deviennent "les Montagnards", nom qui évoque volontairement la révolution de 1793. Ces hommes sont pour la plupart dévoués à Caussidière. Ce qui fait dire à certains que le préfet de police s'est constitué une sorte de garde personnelle.
L'entrée de la préfecture de police en 1848. Tourelle au coin de la rue de Jérusalem et du quai des orfèvres. |
Pour les encadrer on fait appel à des gardes nationaux de la XIème légion (XIème arr, actuel VIème) ainsi qu'à quelques soldats réguliers comme le sergent Bedeau du 1er Léger, tout particulièrement assigné à donner une instruction militaire à cette unité populaire.
Le préfet de police Caussidière tente d'uniformisé au maximum sa petite troupe. Pour cela, il ordonne le port d'une cravate et d'une ceinture rouge. A ceux qui montaient la garde en sabot, il fait donner des souliers ou des bottes. Au final, "les Montagnards" ne porteront jamais d'uniformes spécifiques à part ces attributs de couleur rouges. Ils continueront de porter casquettes, chapeaux, bonnets phrygiens, paletots, blouses, en fait des effets civils, mélangés à quelques pièces d'équipement militaires, comme les gibernes, baudrier et quelques fois des képis.
En fait, à l'époque, les appellations génériques de "Montagnards" et même de "garde républicaine" englobent de nombreuses compagnies indépendantes et dispersées dans Paris. Elles sont en général composées de vétérans des barricades, d'anciens prisonniers politiques, d'activistes révolutionnaires et des éternels ouvriers sans travail, dévouant tous leur force et leur sang à la défense de la république. Ces petites unités locales portaient des noms comme "Saint-Just", "Montparnasse", "de la Révolution", "de la Liberté", "du Mont Saint-Michel", "des Éclaireurs", "des Enfants de Paris", "du 24 février", "de Lyon". Il existe aussi une compagnie dite "des Gravilliers", formée autour de la barricade de la rue du même nom.
"Les Lyonnais" constituent une des unités les plus importantes car elle compte plusieurs compagnies casernées dans les bâtiments du Temple, près de la préfecture de police. D'après La Gazette des Tribunaux du 22 avril 1848, l'unité tirerait son nom de l’origine de ses membres, groupés autour d'un autre lyonnais... Caussidière lui-même. Si certains volontaires étaient effectivement des lyonnais travaillant à Paris, on peut supposer qu'il s'agit d'un surnom englobant tous les membres de cette unité, particulièrement dévoué au lyonnais d'origine qu'était Marc Caussidière.
Ces troupes irrégulières qui ne sont pas reconnues officiellement, constituent pourtant l'embryon d'une première idée de "garde républicaine". En collaboration avec la garde nationale, ils font le service des prisons, protègent la Banque de France et d'autres édifices publics. "Les Montagnards" défendent en outre les presse d'Emile de Girardin et reprennent le service des théâtres, ancienne attribution des gardes municipaux.
La garde urbaine de Caussidière intervient aussi en banlieue contre des incendiaires, des saboteurs. A Paris, elle poursuit les repris de justice, les déserteurs, ferme les maisons de jeu clandestines, contrôle la prostitution et surveille les garnis. Selon les mots de Caussidière lui-même, il est en fait question de "faire de l'ordre avec du désordre."
Si l'opinion conservatrice reconnaît les mérites des Montagnards, leur allure "très 1793", foulard rouge et bonnet phrygien, indispose le personnel du Palais de justice. On se méfie également de les voir faire des demandes d'échantillons de bombes d'une nouvelle espèce et d'accumuler des armes.
Enfin, l'enthousiasme des gardes nationaux s'érode. D'un côté, dans les quartiers aisés, le bourgeois en uniforme s'est vite fatigué d'un service contraignant et demande le retour de l'armée à Paris. De l'autre, le garde national des quartiers populaires s'échauffe. Dans ce Paris héroïque et fiévreux, la misère reste extrême. Pour le gouvernement, il est temps de disposer d'une ou de plusieurs troupes permanentes.
DE LA GARDE CIVIQUE A LA GARDE RÉPUBLICAINE.
Le 28 mars 1848, le gouvernement ordonne la création d'une "Garde civique" recrutée parmi les combattants des barricades de Février. Nomé "garde civique", elle prendra rapidement le nom de "garde républicaine". La structure de cette garde, mêle infanterie et cavalerie. Son rôle est d'assurer la sûreté publique de la capitale, ce qui n'est pas sans rappeler l'ancienne garde municipale licenciée au début de la révolution. L'ouvrier Albert, faire-valoir ouvrier du gouvernement provisoire proteste contre ce qu'il assimile comme une reconstitution de l'ancienne institution tant honni par le peuple.
Comme le rapport de force n'est pas encore favorable aux conservateurs, on cherche encore à donner une couleur authentiquement républicaine à cette unité. D'abord parce les officiers y sont élus, ensuite parce qu'elle recrute au sein des divers gardes révolutionnaires, dans le dessein évident de les contrôler. Les Lyonnais, soit 700 hommes sont assimilé à la garde. Il en est de même pour les gardes de l'Hôtel de Ville, qui vont constituer un bataillon spécial. A la mi-avril, la garde républicaine compte 2800 hommes et 300 cavaliers répartis en 3 escadrons. Lors de la fête de la Fraternité du 20 avril 1848, ils reçoivent un étendard rouge et bleue.
Les blanquistes présents au sein de la garde sont épurés, notamment ceux du "poste des morts" (près de la salle saint-jean où furent entreposés les morts de Février). En outre avec la nouvelle organisation, apparaît de nouvelles tenues.
Cependant, une bonne partie des "Montagnards" qui ont rejoints la garde républicaine restent très proche du journal La Commune de Paris de Sobrier et fréquentent le Club des clubs. En bref, à la veille du 15 mai 1848, divisée entre partisans de Sobrier, Caussidière, Marrast et Blanqui, la garde républicaine est au bord de l'implosion.
Pendant les journées de Juin, la garde républicaine est à peine en mesure d'intervenir. Les hommes connaissent peu ou pas leurs nouveaux officiers, nommés cette-fois-ci et arrivés quelques jours avant. Tous les hommes ne sont pas équipés et surtout la troupe manque de cohésion et l'esprit de corps fait défaut. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la garde républicaine, comme la garde nationale, sera gravement divisée pendant l'insurrection. Des gardes récemment licenciés vont défendre le gouvernement, alors que d'autres, conservés dans la nouvelle organisation, se trouveront derrière les barricades.
Des officiers participent à l'assaut des barricades avec d'autres troupes, alors que leurs propres hommes de la garde républicaine qui ont reconnus des Montagnards en face, préfèrent se disperser. Contrairement à la garde mobile connu pour sa férocité, les insurgés font preuve de bonne disposition envers les gardes républicains, qu'ils connaissent parfois. Cela ne fait qu'affaiblir la combativité de certains éléments.
Seuls des éléments isolés, participent à la lutte avec d'autres corps (notamment la garde mobile). Quant aux autres, ils prétextent le manque de munitions (avéré) ou se "perdent".
A la barricade du Petit-Pont, la situation est confuse. Encore une fois la garde républicaine fait face à d'anciens gardes licenciés récemment ou à des Montagnards. Des fraternisations ont lieu, des défections également. Certains gardes qui sont passés aux insurgés se retournent contre eux, la lutte est acharnée et finalement la plupart des défenseurs de la barricade sont massacrés.
Ceux de la gardes républicaines qui tiennent des postes ou des bâtiments, les livrent parfois aux insurgés ou dans d'autres cas, négocient pour que les insurgés se replient. En fait la garde républicaine agit en ordre dispersé.
En février 1849, la garde républicaine passera dans le giron de la gendarmerie. Elle sera fortement épuré et deviendra "garde de Paris" sous le second empire, bien que l'ancien nom honni de "cipaux" leur restera jusqu'en 1870.
René Merle insiste sur cet autre point:
Depuis 1830, l'artillerie de la garde national a toujours eu l'uniforme de l'artillerie de ligne, à deux détails près: le collet écarlate au lieu de bleu et les parements. Le Carnet de la Sabretache sur la garde nationale indique qu'ils devraient être en pointe écarlate passepoilé de blanc comme le montre une photo d'époque montré au début d l'article. Hors l'artillerie de la ligne possédait aussi ce type de parement en pointe et les illustrations d'époque ci-dessous nous montre les artilleurs de la garde nationale avec des parement certes écarlates avec pattes de parements en accolades et donc pas en pointe..
Sources:
En fait, à l'époque, les appellations génériques de "Montagnards" et même de "garde républicaine" englobent de nombreuses compagnies indépendantes et dispersées dans Paris. Elles sont en général composées de vétérans des barricades, d'anciens prisonniers politiques, d'activistes révolutionnaires et des éternels ouvriers sans travail, dévouant tous leur force et leur sang à la défense de la république. Ces petites unités locales portaient des noms comme "Saint-Just", "Montparnasse", "de la Révolution", "de la Liberté", "du Mont Saint-Michel", "des Éclaireurs", "des Enfants de Paris", "du 24 février", "de Lyon". Il existe aussi une compagnie dite "des Gravilliers", formée autour de la barricade de la rue du même nom.
"Les Lyonnais" constituent une des unités les plus importantes car elle compte plusieurs compagnies casernées dans les bâtiments du Temple, près de la préfecture de police. D'après La Gazette des Tribunaux du 22 avril 1848, l'unité tirerait son nom de l’origine de ses membres, groupés autour d'un autre lyonnais... Caussidière lui-même. Si certains volontaires étaient effectivement des lyonnais travaillant à Paris, on peut supposer qu'il s'agit d'un surnom englobant tous les membres de cette unité, particulièrement dévoué au lyonnais d'origine qu'était Marc Caussidière.
Caussidière, délégué au département de la police en 1848. |
Ces troupes irrégulières qui ne sont pas reconnues officiellement, constituent pourtant l'embryon d'une première idée de "garde républicaine". En collaboration avec la garde nationale, ils font le service des prisons, protègent la Banque de France et d'autres édifices publics. "Les Montagnards" défendent en outre les presse d'Emile de Girardin et reprennent le service des théâtres, ancienne attribution des gardes municipaux.
Garde municipale à cheval sous la Monarchie de Juillet. Les "cipaux" étaient détestés par le peuple de Paris. |
La garde urbaine de Caussidière intervient aussi en banlieue contre des incendiaires, des saboteurs. A Paris, elle poursuit les repris de justice, les déserteurs, ferme les maisons de jeu clandestines, contrôle la prostitution et surveille les garnis. Selon les mots de Caussidière lui-même, il est en fait question de "faire de l'ordre avec du désordre."
Si l'opinion conservatrice reconnaît les mérites des Montagnards, leur allure "très 1793", foulard rouge et bonnet phrygien, indispose le personnel du Palais de justice. On se méfie également de les voir faire des demandes d'échantillons de bombes d'une nouvelle espèce et d'accumuler des armes.
Enfin, l'enthousiasme des gardes nationaux s'érode. D'un côté, dans les quartiers aisés, le bourgeois en uniforme s'est vite fatigué d'un service contraignant et demande le retour de l'armée à Paris. De l'autre, le garde national des quartiers populaires s'échauffe. Dans ce Paris héroïque et fiévreux, la misère reste extrême. Pour le gouvernement, il est temps de disposer d'une ou de plusieurs troupes permanentes.
DE LA GARDE CIVIQUE A LA GARDE RÉPUBLICAINE.
Le 28 mars 1848, le gouvernement ordonne la création d'une "Garde civique" recrutée parmi les combattants des barricades de Février. Nomé "garde civique", elle prendra rapidement le nom de "garde républicaine". La structure de cette garde, mêle infanterie et cavalerie. Son rôle est d'assurer la sûreté publique de la capitale, ce qui n'est pas sans rappeler l'ancienne garde municipale licenciée au début de la révolution. L'ouvrier Albert, faire-valoir ouvrier du gouvernement provisoire proteste contre ce qu'il assimile comme une reconstitution de l'ancienne institution tant honni par le peuple.
Comme le rapport de force n'est pas encore favorable aux conservateurs, on cherche encore à donner une couleur authentiquement républicaine à cette unité. D'abord parce les officiers y sont élus, ensuite parce qu'elle recrute au sein des divers gardes révolutionnaires, dans le dessein évident de les contrôler. Les Lyonnais, soit 700 hommes sont assimilé à la garde. Il en est de même pour les gardes de l'Hôtel de Ville, qui vont constituer un bataillon spécial. A la mi-avril, la garde républicaine compte 2800 hommes et 300 cavaliers répartis en 3 escadrons. Lors de la fête de la Fraternité du 20 avril 1848, ils reçoivent un étendard rouge et bleue.
La fête de la Fraternité. |
Les blanquistes présents au sein de la garde sont épurés, notamment ceux du "poste des morts" (près de la salle saint-jean où furent entreposés les morts de Février). En outre avec la nouvelle organisation, apparaît de nouvelles tenues.
Cependant, une bonne partie des "Montagnards" qui ont rejoints la garde républicaine restent très proche du journal La Commune de Paris de Sobrier et fréquentent le Club des clubs. En bref, à la veille du 15 mai 1848, divisée entre partisans de Sobrier, Caussidière, Marrast et Blanqui, la garde républicaine est au bord de l'implosion.
Sobrier. |
Pendant les journées de Juin, la garde républicaine est à peine en mesure d'intervenir. Les hommes connaissent peu ou pas leurs nouveaux officiers, nommés cette-fois-ci et arrivés quelques jours avant. Tous les hommes ne sont pas équipés et surtout la troupe manque de cohésion et l'esprit de corps fait défaut. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la garde républicaine, comme la garde nationale, sera gravement divisée pendant l'insurrection. Des gardes récemment licenciés vont défendre le gouvernement, alors que d'autres, conservés dans la nouvelle organisation, se trouveront derrière les barricades.
Des officiers participent à l'assaut des barricades avec d'autres troupes, alors que leurs propres hommes de la garde républicaine qui ont reconnus des Montagnards en face, préfèrent se disperser. Contrairement à la garde mobile connu pour sa férocité, les insurgés font preuve de bonne disposition envers les gardes républicains, qu'ils connaissent parfois. Cela ne fait qu'affaiblir la combativité de certains éléments.
A la barricade du Petit-Pont, la situation est confuse. Encore une fois la garde républicaine fait face à d'anciens gardes licenciés récemment ou à des Montagnards. Des fraternisations ont lieu, des défections également. Certains gardes qui sont passés aux insurgés se retournent contre eux, la lutte est acharnée et finalement la plupart des défenseurs de la barricade sont massacrés.
Ceux de la gardes républicaines qui tiennent des postes ou des bâtiments, les livrent parfois aux insurgés ou dans d'autres cas, négocient pour que les insurgés se replient. En fait la garde républicaine agit en ordre dispersé.
En février 1849, la garde républicaine passera dans le giron de la gendarmerie. Elle sera fortement épuré et deviendra "garde de Paris" sous le second empire, bien que l'ancien nom honni de "cipaux" leur restera jusqu'en 1870.
LA GARDE MOBILE.
Au lendemain immédiat de la Révolution
de Février 1848, au mois de mars précisément, alors que l'armée, compromise et discréditée par son rôle de
défenseur de la Monarchie, était mise (provisoirement) à l'écart, le
Gouvernement provisoire improvisa pour Paris la création d'une Garde mobile,
24, puis 25 bataillons (le dernier étant celui dit de la garde marine mobile) de
1038 hommes chacun, formés d'engagés pour un an et un jour, dans la tranche
d'âge 16 ans - 30 ans. A la veille des journées de Juin, elle comptera jusqu'à 14 000 parisiens désœuvrés.
Placée sous l'autorité du Ministère de l'Intérieur, elle
était dotée d'un encadrement militaire (initialement élu par les gardes). En
cette période de chômage massif, cette provisoire sécurité de l'emploi, jointe
à une solde non négligeable de 1 franc et 50 centimes ("les trente sous par
jour"), ne manqua pas d'aspirer une partie de la jeunesse populaire. En comparaison, la solde de la garde républicaine était de 2 francs et 25 centimes par jour, qui fit que de nombreux gardes mobiles cherchèrent à s'y engager. Il s'agissait aussi pour le gouvernement d'éponger une partie de l'afflux des nouveau effectifs populaires de la garde nationale, tout en se dotant d'une force permanente (donc "mobile") et soldée.
Quatre mois plus tard, la garde
mobile était le fer de lance de la répression de l'insurrection ouvrière de
Juin.
Voici ce qu'en écrivent à chaud
Marx et Engels, dans leur journal Neue Rheinische Zeitung, 29 juin 1848 :
"C'est la garde républicaine
et la garde mobile qui se sont comportées le plus mal. La garde républicaine,
réorganisée et épurée comme elle l'était, se battit avec un grand acharnement
contre les ouvriers, gagnant contre eux ses éperons de garde municipale
républicaine.
La garde mobile, qui est
recrutée, dans sa plus grande partie, dans le lumpenproletariat parisien, s'est
déjà beaucoup transformée, dans le peu de temps de son existence, grâce à une
bonne solde, en une garde prétorienne de tous les gens au pouvoir. Le
lumpenprolétariat organisé a livré sa bataille au prolétariat travailleur non
organisé. Comme il fallait s'y attendre, il s'est mis au service de la
bourgeoisie, exactement comme les lazzaroni à Naples se sont mis à la
disposition de Ferdinand. Seuls, les détachements de la garde mobile qui
étaient composés de vrais ouvriers passèrent de l'autre côté.
Mais comme tout le remue-ménage
actuel à Paris semble méprisable quand on voit comment ces anciens mendiants,
vagabonds, escrocs, gamins et petits voleurs de la garde mobile que tous les
bourgeois traitaient en mars et avril de bande de brigands capables des actes
les plus répréhensibles, de coquins qu'on ne pouvait supporter longtemps, sont
maintenant choyés, vantés, récompensés, décorés parce que ces "jeunes
héros", ces "enfants de Paris" dont la bravoure est
incomparable, qui escaladaient les barricades avec le courage le plus brillant,
etc., parce que ces étourdis de combattants des barricades de Février tirent
maintenant tout aussi étourdiment sur le prolétariat travailleur qu'ils
tiraient auparavant sur les soldats, parce qu'ils se sont laissés soudoyer pour
massacrer leurs frères à raison de 30 sous par jour ils ont abattu la partie la
meilleure, la plus révolutionnaire des ouvriers parisiens ! "
C'est le même point de vue que
reprend Marx dans l'étude (Les luttes de classes en France) qu'il publie en
1850 dans sa revue Neue Rheinische Zeitung, (qui porte le même nom que le
journal de 1848-1849).
"La révolution de Février
avait rejeté l'armée hors de Paris. La garde nationale, c'est-à-dire la
bourgeoisie dans ses différentes couches, constituait l'unique force.
Cependant, seule, elle ne se sentait pas de taille à se mesurer avec le
prolétariat. En outre, elle était obligée, non sans avoir opposé la résistance
la plus acharnée et cent obstacles divers, d'ouvrir progressivement et
partiellement ses rangs pour y laisser entrer des prolétaires armés. Il ne
restait donc qu'une seule issue : opposer une partie du prolétariat à l'autre.
À cette fin, le gouvernement
provisoire forma vingt-quatre bataillons de gardes mobiles, de mille hommes
chacun, composés de jeunes gens de quinze à vingt ans. [en fait seize à trente
ans, mais la plupart des gardes étaient très jeunes, et certains même avaient
moins de seize ans] Ceux-ci appartenaient pour la plupart au lumpenproletariat,
qui dans toutes les grandes villes constitue une masse très distincte du
prolétariat industriel, pépinière de voleurs et de criminels de toute sorte,
vivant des déchets de la société, individus sans métier précis, vagabonds,
"gens sans feu et aveu" [en français dans le texte], différents selon
le degré de culture de la nation à laquelle ils appartiennent, ne reniant
jamais leur caractère de lazzarones ; vu le jeune âge auquel le Gouvernement
provisoire les recrutait, ils étaient très malléables, capables des plus hauts
faits d'héroïsme et des sacrifices les plus exaltés comme du banditisme le plus
vil et de la vénalité la plus sordide. Le Gouvernement provisoire les payait un
franc cinquante par jour, ce qui revient à dire qu'il les achetait. Il leur
donnait un uniforme particulier, autrement dit il les distinguait
extérieurement de la blouse. Pour les commander, on leur affecta en partie des
officiers de l'armée permanente ; en partie, ils élisaient eux-mêmes des jeunes
fils de bourgeois dont les rodomontades sur la mort pour la patrie et le
dévouement à la République les séduisaient.
C'est ainsi que se dressait face
au prolétariat de Paris une armée tirée de son propre milieu, fort de vingt
quatre mille hommes, jeunes, robustes et hardis. Le prolétariat salua la garde
mobile de ses vivats au cours de ses marches à travers Paris. Il reconnaissait
en elle son élite combattante des barricades [de février]. Il la considérait
comme la garde prolétarienne par opposition à la garde nationale bourgeoise.
Son erreur était pardonnable. "
Il est fort possible que certains de ses portraits naïfs ait été faits d'après photographie... que sont-elles devenues ? |
L'accès aux sources d'archives,
et le travail des historiens, ont permis d'autres regards sur la composition et
les motivations de la garde mobile parisienne de 1848, que Marx et Engels
rejetaient du côté du lumpenprolerariat, un lumpenproletariat dont ils ne
cesseront de se méfier.
Voici ce que l'on pouvait lire
dans, La IIe République, Fayard, 1987 d'Inès Murat:
"Or l'étude désormais classique
de Pierre Gaspard contredit formellement sur ce point l'analyse de Marx et
Engels. La plupart des gardes mobiles, bien que très jeunes, ont déjà plusieurs
années de vie professionnelle derrière eux. Mais l'apprentissage est long, les
salaires sont moindres que ceux des ouvriers plus âgés. De plus, les anciens
ouvriers doivent payer eux-mêmes leurs aides ; les vieux ouvriers sont furieux
contre ces jeunes qui cassent leurs salaires. Et la crise a commencé par jeter
au chômage les plus jeunes. Les mobiles sont en majorité originaires de la
province. Ouvriers qualifiés, contrairement aux affirmations d'Engels, ils ont
été surexploités par leurs patrons, et surtout par leurs aînés. Il s'agit donc
essentiellement d'un antagonisme de générations, et non de classes, antagonisme
qui s'exprime violemment au cours des 'journées de juin' "
On peut lire aujourd'hui sur le
net cette étude de Pierre Gaspard, "Les aspects de la lutte des classes en
1848 : le recrutement de la garde mobile" (Revue Historique, T 152, fasc.1,
juin 1974).
En arrivant aux mêmes conclusions
sur la composition de la garde mobile, où dominent les jeunes ouvriers, le
sociologue américain Mark Traugott a donné une autre interprétation de leur
comportement en Juin. Cf. Armies of the
poor. Determinants of working-class participation in the Parisian insurrection
of June 1848, Princeton University Press, 1985. On peut lire sur le net son
article "Une étude critique des facteurs déterminants des choix politiques
lors des insurrections de février et juin 1848", Revue française de
sociologie, 1989, vol.30, n°30-3-4.
Prenant toutes leurs distances
avec l'hypothèse du conflit de générations, Mark Traugott et ses continuateurs
pointent l'hypothèse organisationnelle dans le ralliement de cette garde mobile
populaire au camp du pouvoir. Quatre mois d'une expérience collective de vie en
commun, de communauté à part, mise sous influence de leur encadrement, ont
transformé ce corps constitué de très jeunes hommes en véritable garde
prétorienne. On peut prendre comme exemple inverse la garde républicaine, qui elle, de mars à juin 1848, resta caserné dans Paris, resta en contact constant avec la population, les clubs, les militants politiques. Les mobiles, confinés en banlieue, ne subirent pas cette influence et développèrent une très puissant esprit de corps qui dépassé finalement le réflexe de classe.
Sur les nombreuses études et les
discussions relatives à ces études et interprétations, on se reportera, par
exemple, à la récente mise au point (lisible sur le net) de Laurent Clavier,
Louis Hincker, Jacques Rougerie, "Juin 48, l'insurrection", 1848,
Actes du colloque international du cent cinquantenaire, CREAPHIS, 2002.
Victorine Charlemagne, cantinière et "héroïne" de la garde mobile en juin 1848. |
René Merle insiste sur cet autre point:
Il ne faudrait pas, comme ont pu
le faire certaines études, en arriver à opposer la jeunesse (rangée du côté du
pouvoir) et les adultes politisés ou/et poussés par la misère et le désespoir à
s'insurger. Que tous les gardes mobiles soient jeunes, qui s'en étonnerait, vus
les critères de recrutement. Mais il y avait aussi des jeunes dans le camp des
insurgés, il y avait des jeunes parmi les condamnés et les transportés de Juin,
y compris des jeunes gardes mobiles rangés du côté des insurgés. On consultera
à ce sujet l'étude de Louis-José Barbançon
(http://criminocorpus.revue.org/148).
Il ne faudrait pas non plus, en
constatant que ce sont deux fractions de la classe ouvrière qui se sont
physiquement combattues, en arriver à oublier que l'une était au service du
pouvoir, et que cet affrontement était bel et bien un affrontement, même par
garde mobile interposée, entre les ouvriers parisiens désespérés et la
"classe bourgeoise".
Sur tous ces thèmes, il n'est
sans doute pas inutile de revenir sur une étude à peine mentionnée dans les
bibliographies (mais consultable sur le net), celle du commandant P.Chalmin :
"Une institution militaire de la Seconde République, la Garde nationale
mobile", Études d'histoire moderne et contemporaine, T. II, Études sur la
Révolution de 1848, Paris, Hatier, 1948.
Que dit-il de la composition de
la garde mobile ? "Les formalités furent réduites au minimum et nul ne
songea à scruter trop profondément le passé des candidats. De sorte que l'on
trouve dans leurs rangs des hommes provenant d'un peu tous les milieux : gens
d'aventure, déserteurs, matelots et soldats de l'armée ou des bataillons
disciplinaires fort discrets sur leur passé, ouvriers en chômage, désœuvrés
turbulents, gamins parisiens, étudiants abandonnant leurs études, jeunes gens
heureux de jouer au soldat et de toucher un fusil. parmi eux vint s'inscrire le
jeune Ponson du Terrail, futur romancier populaire...". Bien que Chalmin
ne reprenne pas totalement à son compte la vision de Marx sur le
lumpenproletariat, on n'en est pas ici bien loin...
Dès mars 1848, ces bataillons se
taillent une vraie réputation de dangerosité : ces jeunes sont indisciplinés,
portés sur le chapardage, voire le vol, ils sont violents, vandalisent leurs
lieux d'hébergement, font fleurir la prostitution et pratiquent à l'occasion
l'agression sexuelle. "A la veille des journées de Juin, les autorités de
la ville de Paris signalent précipitamment que des gardes mobiles ont projeté
d'enlever des jeunes filles placées dans un ouvroir de la rue de Grenelle.
Mises au courant du complot et affolées, les religieuses qui le dirigent
demandent que l'on fasse échouer le projet", (P.Chalmin).Le discrédit est
bien sûr jeté aussitôt par les conservateurs sur cette canaille, en des termes
que ne renieraient pas aujourd'hui les disciples de Mr. Finkielkraut lorsqu'ils
traitent de la jeunesse des cités. Discrédit d'autant plus affirmé qu'il se
fonde d'une interrogation sur l'attitude qu'aurait la garde mobile en cas
d'insurrection.
Mais le gouvernement et
"l'ordre" y trouvent bien vite leur compte : "Aussi n'était-il
pas étonnant qu'en certains quartiers, notamment faubourg Saint-Antoine, les
propriétaires n'osassent plus réclamer leur terme, ils risquaient de se faire
rosser. Chaque jour, des manifestants parcouraient les rues avec des mannequins
représentant les propriétaires voués à a vindicte publique pour avoir commis le
délit de vouloir se faire payer. A partir d'avril, la Garde mobile mit fin à
ces pratiques. A coups de crosse elle dispersait les manifestants et le calme
renaissait jusqu'au lendemain. C'était tout de même un résultat appréciable
auquel n'était pas parvenue la force morale de la parole lamartinienne.",
(P.Chalmin)
En juin, montre P.Chalmin, ces
très jeunes gens combattent par jeu, par goût du combat, ce qui rejoint le
point de vue de Tocqueville dans ses Souvenirs : "Les plus vifs étaient,
sans contredit, ces mêmes gardes mobiles dont nous nous étions tant défiés, et
je dis encore, malgré l'événement, avec tant de raison, car il tint à fort peu
qu'ils ne se décidassent contre nous au lieu de tourner de notre côté ; mais, jusqu'à
la fin, ils firent voir que c'était bien plus le combat qu'ils aimaient que la
cause pour laquelle ils combattaient."
Ils combattent aussi par instinct
de conservation. Leur violence, leur cruauté, sont vite connus des insurgés, et
les gardes savent dorénavant qu'en cas de victoire de l'insurrection ils
n'auront droit à aucune indulgence. Le camp de l'Ordre d'ailleurs ne se prive
pas de diffuser de fausses informations sur les tortures infligées aux gardes
capturés par les "émeutiers".
Mais aussi et surtout, plus
prosaïquement, les gardes mobiles
combattent pour eux. "Leur intérêt bien compris les retient dans
les rangs du parti de celui qui les paye, celui de la légalité.",
(P.Chalmin)
LES UNIFORMES:
La garde nationale de la Seine - Infanterie 1848
Types de gardes nationaux de province accourus à la fin de l'insurrection de Juin. Ils portent des pantalons civils et de larges blouses militarisées et aux couleurs nationales. |
Shako d'officier. |
Shako d'officier |
Shako d'homme de troupe. |
Uniforme bien défraîchi de la garde nationale en 1848. |
La garde nationale de la Seine - Cavalerie et artillerie en 1848.
Depuis 1830, l'artillerie de la garde national a toujours eu l'uniforme de l'artillerie de ligne, à deux détails près: le collet écarlate au lieu de bleu et les parements. Le Carnet de la Sabretache sur la garde nationale indique qu'ils devraient être en pointe écarlate passepoilé de blanc comme le montre une photo d'époque montré au début d l'article. Hors l'artillerie de la ligne possédait aussi ce type de parement en pointe et les illustrations d'époque ci-dessous nous montre les artilleurs de la garde nationale avec des parement certes écarlates avec pattes de parements en accolades et donc pas en pointe..
Artilleur de la garde nationale 1848. |
Cavalier, pompier et artilleur et la garde nationale rurale 1848. |
Garde nationale à cheval 1848. |
Garde nationale à cheval 1848. |
Chapska d'officier supérieur de la cavalerie de la garde nationale en 1848. |
LES GARDES RÉVOLUTIONNAIRES
MONTAGNARDS ET LYONNAIS.
MONTAGNARDS ET LYONNAIS.
Montagnards avec le premier uniforme qui sera celui de la garde civique futur garde républicaine. |
Montagnard avec son uniforme propre, qui versé dans la garde civique futur garde républicaine, sera la première tenue de cette formation. |
GARDE CIVIQUE ET GARDE RÉPUBLICAINE EN 1848.
Projet pour l'uniforme de la garde civique par Ledru-Rollin. Cela fait très Landwehr prussienne... |
Projet pour l'uniforme de la garde civique par Ledru-Rollin. |
LA GARDE MOBILE.
Infanterie de la garde mobile en 1848.
Garde mobile à la formation. Redingotes, habits, blouses et paletots voisinent avec l'uniforme choisi. |
Officiers de la garde mobile 1848. |
Chef de bataillon en petite tenue et lieutenant en grande tenue. L'officier de gauche porte une sorte de képi inspirée de celui de l'armée d’Afrique. |
Muisque et cantinière de la garde mobile en 1848. |
Planche d'Eugène Leliepvre paru issu des Carnets de la Sabretache. Un cavalier de la garde mobile, deux cantinières et un fantassin. |
Officier de la garde marine mobile en 1848. |
Cavalerie de la garde mobile en 1848.
Autres troupes en 1848.
Pour remplacer les sergents de ville, on créa les "gardiens de Paris", sorte de police municipale des rues. |
Officier d'état-major servant d'estafette. Garde nationale ? |
La Garde Nationale 1814-1871, Louis Girard
La Garde nationale, 1789-1872, Roger Dupuy
Citoyens-combattants à Paris, 1848-1851, Louis Hincker
La garde républicaine, d’une
République à l’autre. Un régiment de gendarmes à Paris 1848-1871, Fabien
Cardoni
Mémoires de Caussidière: ex-préfet de police et représentant du peuple,
Marc Caussidière.
Les Montagnards de 1848, Adolphe Chenu
Blog de René Merle :
http://rene.merle.charles.antonin.over-blog.com/article-marx-et-la-garde-mobile-juin-1848-87715735.html
http://rene.merle.charles.antonin.over-blog.com/article-juin-1848-encore-sur-la-garde-mobile-87780934.html