samedi 31 mars 2012

Mes ennemies mortelles...



La beauté... les choses belles...sont maintenant mes ennemies mortelles.

Yukio Mishima.

vendredi 30 mars 2012

THE MINSTREL BOY - Who fears to speak of 98?




"The Minstrel Boy" est un chant patriotique irlandais écrit par Thomas Moore (1779-1852) sur l'air d'une vieille mélodie "The Moreen". Cette chanson lui fut inspiré, par le sort de deux de ses amis rencontrés pendant ses études au Trinity College de Dublin. 


Thomas Moore.


 Ceux-ci s'étaient engagés dans la rébellion irlandaise de 1798. L'un est mort en prison, un autre a été blessé et fut plus tard pendu par les anglais. 



A l'époque Moore avait refusé de témoigner contre eux et a composé cette chanson, en souvenir et en hommage à ses deux amis morts pour une Irlande libre.




L'air s'est largement popularisé dans les milieux Fenians comme hymne de combat pour la liberté. Il le fut aussi grâce aux irlandais émigrés aux Etats-Unis qui l'entonnaient pendant la guerre civile américaine. Notamment au sein de la Irish Brigade.


J'ai pour la première fois entendu cet air dans le film "The man who would be king" de John Huston. Film inspiré de la nouvelle de Kipling et que je considère depuis l'enfance comme un des plus beaux films sur l'amitié. Sean Connery, roulant les R de la plus belle façon, chante The Minstrel Boy dans une des dernières scènes du film, sous les yeux de son ami Michael Caine qui la reprend à son tour. C'est une scène magnifiqte et d'une rare puissance.


The minstrel boy to the war is gone,
In the ranks of death ye will find him;
His father's sword he hath girded on,
And his wild harp slung behind him;
"Land of Song!" said the warrior bard,
"Tho' all the world betray thee,
One sword, at least, thy rights shall guard,
One faithful harp shall praise thee!"

The Minstrel fell! But the foeman's chain
Could not bring his proud soul under;
The harp he lov'd ne'er spoke again,
For he tore its chords asunder;
And said "No chains shall sully thee,
Thou soul of love and bravery!
Thy songs were made for the pure and free
They shall never sound in slavery!"


La tosserie...



Extrait du film "Les démons de Jésus" de Bonvoisin.

Le Grand métingue du métropolitain VS Plus de patrons !


La francisation du meeting en metingue est un délice de langage que l'on doit ici au grand parolier Maurice Mac-Nab, sans pour autant affirmer que l'expression soit de lui. Peut-être est-elle tout simplement argotique, car on la retrouve dans la chanson "Plus de patrons !" d'Aristide Bruant. 
La chanson de Mac-Nab s'inspire des grandes grèves de Vierzon, qui ont eu lieu en 1886. Zéphyrin Camélinat, ancien ouvrier graveur, "l'honneur du pays" dans la chanson est le même qui fut directeur de la Monnaie sous la Commune et élu député de la Seine en octobre 1885. Émile Basly était un ancien mineur, élu député du Pas-de-Calais en octobre 1885. 

Camélinat, ouvrier bronzeur sous le second empire.

Camélinat sous la IIIème république.

Cette version qui donne un peu dans le musette est beaucoup moins bonne que celle de Marc Ogeret dans son disque "Chansons contre". Jugez mes salauds !



Le Grand métingue du métropolitain.

C’était hier, samedi, jour de paie
Et le soleil se levait sur nos fronts ;
J’avais déjà vidé plus d’un’ bouteille
Si bien qu’ j’m’avais jamais trouvé si rond.
V’là la bourgeois’ qui rappliqu’ devant l’ zingue :
« Brigand, qu’ell’ dit, t’as donc lâché l’ turbin ? »
Oui, que j’ réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain !
Oui, que j’ réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain !

Les citoyens, dans un élan sublime,
Étaient venus guidés par la raison.
À la porte, on donnait vingt-cinq centimes,
Pour soutenir les grèves de Vierzon.
Bref, à part quat’ municipaux qui chlinguent
Et trois sergots déguisés en pékins,
J’ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !
J’ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !

Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l’orgueil du pays…
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis.
Mais tout à coup on entend du bastringue,
C’est un mouchard qui veut fair’ le malin,
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !

Moi j’ tomb’ dessus, et pendant qu’il proteste,
D’un grand coup d’poing j’y renfonc’ son chapeau ;
Il déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quat’ municipaux ;
À la faveur de c’que j’étais brind’zingue
On m’a conduit jusqu’au poste voisin…
Et c’est comm’ça qu’a fini le métingue,
Le grand métingue du métropolitain !
Et c’est comm’ça qu’a fini le métingue,
Le grand métingue du métropolitain !

Peuple français, la Bastille est détruite,
Et y a z’encor des cachots pour tes fils !…
Souviens-toi des géants de quarante-huit
Qu’étaient plus grands qu’ ceuss’ d’au jour d’aujourd’hui
Car c’est toujours l’pauvre ouvrier qui trinque,
Mêm’ qu’on le fourre au violon pour un rien…
C’était tout d’ même un bien chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !
C’était tout d’ même un bien chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !




"Plus de Patrons!" ici chanté par Marc Ogeret.


J'suis républicain socialisse,
Compagnon, radical ultra,
Revolutionnaire, anarchisse,
Eq' coetera... Eq' coetera...
Aussi j'vas ans tous les métingues,
jamais je n'rate un' réunion,
Et j'pass' mon temps chez les mann'zingues
Ousqu'on prêch' a révolution.

C'est vrai que j'comprends pas grand'chose
A tout c'qu'y dis'nt les orateurs,
Mais j'sais qu'i's parl'nt pour la bonne cause
Et qu'i's tap'nt su' les exploiteurs.
Pourvu qu'on chine l'ministère,
Quon engueule d'Aumale et Totor
Et qu'on parl' de fout' tout par terre! ..
J'applaudis d'achar et d'autor.

C'est d'un' simplicité biblique
D'abord faut pus d'gouvernement,
Pis faut pus non pus d'République,
Pus d'Sénat et pus d'Parlement,
Pus d'salauds qui vit à sa guise,
Pendant qu'nous ont un mal de chien...
Pus d'lois, pus d'armé', pus d'église,
Faut pus d'tout ça... faut pus de rien !

Alors c'est nous qui s'ra les maîtres,
C'est nous qui f'ra c'que nous voudrons,
Y'aura pus d'chefs, pus d'contremaîtres,
pus d'directeurs et pus d'patrons !
Minc' qu'on pourra tirer sa flemme,
On f'ra tous les jours el' lundi !
Oui... mais si n'y a pus d'latronspéme,
Qui qui f'ra la paye l'sam'di ?

Chansons pour haïr en grand.



Chanson chanté par RAVACHOL au moment de monter sur l'échafaud.


LA CHANSON DU PÈRE DUCHESNE

Né en nonante-deux nom de dieu mon nom est Père Duchesne
Marat fut généreux nom de dieu à qui lui porta haine sans dieux
Je veux parler sans gène nom de dieu

Coquin filou peureux nom de dieu vous m'appelez canaille
Dès que j'ouvre les yeux nom de dieu jusqu'au soir je travaille sans dieux
Et je couche sur la paille nom de dieu

On nous promet les cieux nom de dieu pour toute récompense
Tandis que ces messieurs nom de dieu s'arrondissent la panse sans dieux
Nous crevons d'abstinence nom de dieu

Pour mériter les cieux nom de dieu voyez vous ces bougresses
Au vicaire le moins vieux nom de dieu s'en aller à confesse sans dieux
Se faire peloter les fesses nom de dieu

Si tu veux être heureux nom de dieu pends ton propriétaire
Coupes les curés en deux nom de dieu fous les églises par terre sans dieux
Et le bon Dieu dans la merde nom de dieu

Peuples trop oublieux nom de dieu si jamais tu te lève
Ne soit pas généreux nom de dieu patrons bourgeois et prêtres sans dieux
Méritent la lanterne nom de dieu !



Chanson paru dans "Le Père Peinard" sur l'air de la carmagnole.

LA RAVACHOLE

Dans la grand'ville de Paris, (bis)
Il y a des bourgeois bien nourris, (bis)
Il y a les miséreux,
Qui ont le ventre creux :
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son, (bis)
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son
D'l'explosion !

Refrain :
Dansons la Ravachole,
Vive le son, (bis)
Dansons la Ravachole,
Vive le son
D'l'explosion !
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois goûteront d'la bombe,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois, on les saut'ra...

Il y a les magistrats vendus, (bis)
II y a les financiers ventrus, (bis)
II y a les argousins,
Mais pour tous ces coquins,
Il y a d'la dynamite,
Vive le son, (bis)
II y a d'la dynamite,
Vive le son
D'l'explosion !

Il y a les sénateurs gâteux, (bis)
II y a les députés véreux, (bis)
II y a les généraux,
Assassins et bourreaux,
Bouchers en uniforme,
Vive le son, (bis)
Bouchers en uniforme,
Vive le son
D'l'explosion !

Il y a les hôtels des richards, (bis)
Tandis que les pauvres dèchards, (bis)
A demi morts de froid
Et soufflant dans leurs doigts,
Refilent la comète,
Vive le son, (bis)
Refilent la comète,
Vive le son
D'l'explosion !

Ah ! nom de Dieu, faut en finir, (bis)
Assez longtemps geindre et souffrir, (bis)
Pas de guerre à moitié,
Plus de lâche pitié !
Mort à la bourgeoisie !
Vive le son, (bis)
Mort à la bourgeoisie !
Vive le son
D'l'explosion !


                                         


mercredi 28 mars 2012

LE "TRIANGLE DE LA COMMUNE."


Bien que cet insigne est tout l'air d'une médaille, il ne s'agit en rien d'une distinction honorifique. L'objet était représentatif d'une fonction.

Souvent appelé "triangle de la Commune", il s'agit plus vraisemblablement de l'insigne du comité central républicain de la garde nationale. Le dit "triangle" est comme il se doit d'origine maçonnique et orne à l'époque, dans les journaux, dessins, médailles, bien des représentations de la Libre Pensée ou des idéaux républicains.



Le triangle en argent émaillé noir porte à l'avers la devise "liberté égalité fraternité" ( manque le "ou la mort!")  et enfin au revers " COMITE CENTRAL 18 MARS 1871". Au centre du triangle un profil gauche de la Marianne. La barrette émaillé noire indique encore la date du 18 mars 1871 sur un ruban rouge à raie noire.


Malheureusement aucune source n'indique la quantité d'insignes fabriquées, ni de quelle manière elle fut distribuée et à qui. Outre, là c'est une certitude, aux membres du comité central. Cela dit, La gazette des tribunaux du 13 août 1873 rapporte que " la police a saisi un grand nombres de médailles commémoratives de la Commune, de formes et de modules divers, en argent, en métal argenté, doré, et en plomb, dont le triangle. La destruction des médailles et insignes saisis fût ordonnée par le jugement du Tribunal Correctionnel de la Seine (10°chambre) en date du 4 octobre 1873." 


Quelle dommage pour le collectionneur qui pour acquérir cette insigne doit de nos jours débourser plus de 3000 euros, quand la pièce de cinq francs frappé par Camélinat pendant la Commune coûte entre 400 et 500 euros au bas mot. De plus les machines et outils utilisées pour la fabrication des dites insignes avaient déjà été brisées à l'entrée des Versaillais dans Paris.

Dans la foulée avait été créer une écharpe rouge à glands d'or pour les membres élus de la Commune et autres fonctionnaires municipaux et une autre à glands d'argent destinés aux autres fonctions ( Ex-préfecture de police ? commissaires de quartiers ? ). Écharpe qui existait déjà pendant le siège contre les prussiens. Ainsi dans L'insurgé de Jules Vallès: Une dépêche vient d’arriver. Au maire du 19e. C’est moi le maire puisque j’ai l’écharpe.

Jules Bergeret portant l'insigne à triangle ainsi que que la ruban à franges d'or et rosette de membre élu de la Commune de Paris.
Arthur Arnould, élu au conseil de la Commune par le IVe et VIIe arrondissements. Le ruban à rosette est ici bien visible.


Adolphe Assi en tenue de commandant du 67ème bataillon de la garde nationale. Membre du comité central portant l'insigne à triangle et élu par le XIe arrondissement pour le conseil de la Commune dont il porte le ruban à rosette.


Toujours Adolphe Assi et non Eudes ou Ranvier comme on le trouve trop souvent. L’insigne ne semble pas comporter de barrette...
Georges Pilotell, dessinateur, caricaturiste et grand ami de Raoul Rigault qui l’appela aux fonctions de commissaire spéciale à "l'ex-pref". Il porte, en plus d'un imposant revolver (à broche?), une écharpe qui marque sa fonction. La couleur des glands est un mystère.

Il existe dans les collections de l'inévitable musée Carnavalet, d'autres insignes, dont le triangle est cette fois-ci tout en cuivre sans émail, portant au centre un bonnet phrygien et à l'envers "conseil communal du 5e ARR". Modèle paraissant neuf, donc sans doute jamais utilisé et qui existe aussi pour le VIe arrondissement.

Des triangles émaillés bleu foncé existent aussi mais semblent avoir été frappé après l'amnistie totale de juillet 1880. Evidemment les faux sont légion. Vuillaume en fait mention dans "Mes cahiers rouges", notamment quant à la fantaisiste insigne de képi du bataillon du Père Duchêne.


Proclamation de la Commune, le 28 mars 171 à l’Hôtel de Ville de Paris.

Source principale: La Commune en cent trente deux pages - Uniformes et histoire de la Commune - 130ème anniversaire de sa fin. Hors-série précieux édité par l'association UNIF-EUROP 19

mardi 27 mars 2012

Autant tout perdre.



Il y'a une certaine volupté à se laisser couler dans le désastre : quand il n'y a presque plus rien à perdre, autant tout perdre.

Jean Jacques Schull

L'anglais, j'en ai rien à cirer !




"L'anglais, j'en ai rien à cirer! J'irais jamais en Angleterre! Allez viens on va s'en griller une..."

Homper Simpson à Barney lors de leur jeunesse.

"La science, est un peu comme celui qui vous gâche un film en vous racontant la fin."

Ned Flanders



Du film historique et du film de guerre en particulier.


Rien que par cette scène, ce film vaut à lui tout seul tous les films "historiques" français qui s'empâtent dans les thèmes mille fois ressassés de l'occupation (on est passés du "tous résistants" au "tous collabos") 
D'accord! Pourquoi pas! 
Alors a quand un film sur le maquis des Glières? sur le mont Mouchet? sur le maquis Gingouin et même sur la bataille de France! 


L'Histoire de France est sûrement l'une des plus riche sinon la plus riche du monde. Il y a vraiment de quoi faire... Rien que la Commune mériterait autre chose que la daube anachronique de Peter Watkins, tourné dans des studios de boulards avec des acteurs bobos d'un collectif sans-pap' du XXème arr. Ceci dit,  dans le reste de son oeuvre, surtout son Culloden, y a rien a jeter.


Ici, les hussard ailées polonais se prennent une tannée de la part des cosaques zaporogues. Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit de la bataille de Berestechkola en 1651 (il y a de fortes chances), mais la qualité de reconstitution est exceptionnelle. Comme quoi en France, il suffirait juste en plus de bonnes volontés (qui doivent bien exister), de l'audace de quelques cinéastes ne rechignant pas à faire des films "de guerre" qui sont généralement soit minables, soit outrageusement didactiques. 


Une mort facile.



Les femmes, le plein air, la nuit sont les trois dimensions d'une mort facile.

Roger Nimier.


Voyez hurler tous les gens biens...


Chanson "60's french pop" de l'abbé Noel Colombier.

Il est trois heures à Jérusalem
Sur la place on vient de traîner
Une femme au visage blême
On dit qu'elle sera lapidée
Autour d'elle comme des chiens
Voyez hurler tous les gens biens
Mais qui donc jettera la pierre
Le premier sur la femme adultère?

Pourquoi pas toi Jacob son voisin de palier
Toi qui fut le complice de sa volupté
Parce que tu es un homme,tu n'es pas concerné
La femme dit la loi doit être lapidée
Et toi tu passeras sans baisser les paupières
Tant ses larmes et son sang colleront la poussière
Allez,jette la pierre
Sur la femme adultère

Toi qui te pose en juge et qui l'a condamnée
Aurais-tu oublié ce que fut ton passé
Ces filles qui souvent te furent hospitalières
Et qui savouraient la fraicheur de seize ans
Celle qui par ta faute devint fille-mère
Et que tu laissas seule élever ton enfant
Allez,jette la pierre
Sur la femme adultère

Et toi le pharisien,le dévot,le bigot
Qui regarde la scène derrière tes rideaux
Bien sûr tu n'as jamais commis un tel péché
Parce que l'occasion ne s'est pas présentée
Toutes tes ablutions ne purifieront pas
Ton cœur et tes pensées,Tartuffe de Sabbah
Qui de nous peut jeter la pierre
Le premier sur la femme adultère?

dimanche 25 mars 2012

15 février 1839.



Le 15 février 1839, à la Prison du Pied-du-Courant de Montréal, cinq hommes furent pendus par l'anglais. Cinq de nos frères d’Amérique du nord, cinq de nos frères du Québec. Ceux que qui restèrent dans l'histoire de ce peuple: "les patriotes". Des hommes tels que François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier, Pierre -Rémi Narbonne, François Nicolas, Amable Daunais ou Charles Hindelang. 
La veille, au petit matin, ceux-ci avaient appris leur condamnation à mort. Cela pour leur participation à la  prise d'armes contre l'occupant anglais en 1837-38 dans le Bas-Canada (aujourd'hui le Québec).
Le film sorti en 2001 et réalisé par Pierre Falardeau, raconte les vingt-quatre dernières heures de ce petit groupe de condamnés à morts et de leurs camarades, enfermés dans les geôles anglaises. La prison, l'angoisse, le souvenir des derniers moments de vie et d'amour bientôt perdus, de l'idéal qui reste intact malgré la défaite... tout cela est puissamment rendu dans ce film qui se passe entre quatre murs. Pas d'action. Pour cela et sur le même thème, regardez "Quand je serai parti... vous vivrez encore".


Parmi les 800 patriotes prisonniers dans la prison de Montréal, un seul français. Je veux dire un seul français de France. 
Il avait 29 ans. et s'appelait Charles Hindelang.
Hindelang, était né à Paris, en 1810. Apparemment issu d'une famille de commerçants suisse, il était calviniste et donc de religion protestante. Ainsi dans le film, alors qu'il a la corde au cou, il est le seul à ne pas embrasser le crucifix que lui tend un prêtre.
Hindelang avait prit part à la Révolution de juillet 1830, durant laquelle comme beaucoup d'autres il devint officier dans dans l'infanterie légère de l'armée française. 
En 1838, il pris part à la dernière bataille du conflit pour l'indépendance, la Bataille d'Odelltown au cours de laquelle les patriotes furent défait par les troupes anglaises.

Ses derniers mots furent : 

« La cause pour laquelle on me sacrifie est noble et grande [...] Canadiens, mon dernier adieu est le vieux cri de la France: Vive la liberté! »







L'insurrection de 1837. 
par Guillaume-Pierre Michaud

En 1814, Papineau est élu chef du parti Canadien, qui deviendra le parti des patriotes en 1826. De plus, en 1815, il devient président de l'assemblée législative. Débute alors une période de fortes tensions parlementaires.



    À partir de 1820, les britanniques de Montréal démontrent leur projet d'unifier les deux Canadas, dans le but d'assimiler. En effet la population du Bas-Canada est de 479,288 habitants, alors qu'au Haut-Canada, la population est de 157,923 habitants. Les francophones représentent alors 70% des Canadiens, d'où la hargne des Canadiens-Anglais. Bien sûr, les francophones sont en fort désaccord et ils le font savoir. Par exemple, en 1830, une simple manifestation pour une élection partielle tourne au drame. Les soldats anglais chargent la foule et tuent ainsi trois francophones. La situation devient de plus en plus critique entre Anglais et Français du Bas-Canada.
    Le principale problème est le contrôle des subsides. L'assemblée législative a le pouvoir d'instaurer des taxes à la population. Mais ironiquement, le gouverneur peut, à son loisir détourner les taxes et utiliser l'argent dans ce qu'il veut! Les patriotes réclament alors le contrôle des subsides, ce à quoi l'Angleterre s'oppose, car elle ne veut pas que des Canadiens-Français viennent contrôler les revenus de sa colonie.
    De nouvelles institutions en faveur du mouvement naissent alors. Ludger Duvernay, en 1834, fonde la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, une institution qui jouera un rôle important pour ce qui est de la souveraineté, et ce, tout au cours de l'évolution du Québec.
    C'est ainsi qu'en 1834, un événement important sonne le glas de la crise politique des patriotes. Ceux-ci, n'étant pas satisfait de l'attitude de Londres, votent les 92 résolutions, qui dénoncent les injustices du gouvernement britannique à l'égard de la population. Comme réplique, Londres, qui s'oppose à ces demandes, vote les 10 résolutions Russel. Ces résolutions sont tout le contraire de ce que souhaitaient les patriotes. Les Canadiens-Français sont outragés. Ces derniers apportent d'ailleurs leur total accord au patriotes qui en 1835, remportent une éclatante victoire aux élections.

La rebellion des Patriotes de 1837-1838

    L'affrontement est désormais inévitable entre les patriotes et les britanniques. Tout d'abord, une série de mesures est adoptée comme moyens de pressions. On décide alors de boycotter les produits anglais. On organise des assemblées populaires, dont la plus importante sera l'assemblée des six comtés à Saint-Charles sur le Richelieu, pour expliquer la situation. Ces assemblées deviennent de plus en plus nombreuses. L'église affiche alors son opposition à ces évènements, mais elle n'a, à cette époque, que très peu d'influence sur le peuple meurtri par toutes les injustices vécues au quotidien.

    C'est alors que l'atmosphère devient de plus en plus aigüe. En 1836, le gouverneur Gosford, prévoyant la crise, instaure le régime militaire à Québec ainsi qu'à Montréal. En 1837, il tente une dernière approche pour calmer les esprits. Il suspend les 10 résolutions Russel et il est prêt à nommer quelques-uns des Patriotes au conseil exécutif. Mais les Patriotes ne sont pas satisfaits de cette offre et refusent. Le gouverneur n'a alors d'autre choix que de dissoudre la chambre d'assemblée.


    Par la suite les manifestations verbales évoluent en violence et en affrontements. Les premières escarmouches ont lieu en 1837, dans les rues. Des batailles opposent alors deux clubs de militaires volontaires, le Doric Club (anglais) et les fils de la liberté (français), dans lequel fait partie, le légendaire Jos Montferland, un costaud qui fait figure de héros chez les Canadiens-Français. Voyant la situation dégénérer dangereusement le gouverneur lance des mandats d'arrêts contre 26 chefs patriotes, et il appelle des renforts armés du Haut-Canada. Le Québec est maintenant en état de guerre.
    Le 23 novembre 1837, à Saint-Denis sur le Richelieu, après un dur combat de six heures, les troupes anglaises battent en retraite devant la résistance acharnée des patriotes. Ceux-ci sont énormément encouragés par cette victoire inattendue qui sera malheureusement la seule grande victoire des patriotes. Partout, on déborde d'espoir et l'on crie des slogans tels " nous vaincrons ".
    Pourtant, à Saint-Charles, les patriotes sont repoussés par l'armée britannique. En effet, inférieurs en nombre, et mal organisés, ils sont défaits malgré une lutte courageuse. En guise de représailles, l'armée brûle des centaines de maisons dans les villages avoisinants. Les patriotes, malgré les défaites qui s'accumulent, persistent et reprennent la lutte à Saint-Eustache, sous le commandement du docteur Chénier. Ils font une fois de plus repoussés par l'armée, et 70 d'entre eux se cachent dans une église. L'armée les bombarde tout de même, et ils périssent alors brûlés, le docteur Chénier étant du nombre. L'armée fait alors plusieurs abus et brûle une fois de plus des centaines de maisons en guise de représailles.
    Pendant ce temps, la plupart des chefs rebelles se sont réfugiés aux Etats-Unis. C'est de là que l'un deux, Robert Nelson réorganise les troupes et en 1838, il proclame l'indépendance du Bas-Canada.
    Ses troupes partent alors pour libérer le Québec, mais malheureusement, ils échouent une fois de plus. En effet, lors des batailles de Lacolle et d'Odeltown, ils subissent la défaite, et près d'un millier de patriotes sont mis en arrestation. Encore une fois, l'armée incendie des villages entiers.
    C'est la fin de la révolte des patriotes. C'est alors que 108 d'entre-eux sont jugés au tribunal. Parmi eux, 58 seront déportés et 12 seront tragiquement pendus à la prison du Pied-du-Courant, à Montréal, le valeureux Chevalier De Lorimier étant de leur nombre, lui qui, juste avant son exécution, écrivit une lettre qui affirmait ses ferveurs indépendantistes.


Le rapport Durham (1838)

    Après ces évènements, l'Angleterre, décidée à régler pour de bon les problèmes qui subsistent dans sa colonie, dépêche sur les lieux Lord Durham, qui est chargé d'enquêter sur la situation.
    Six mois après les évènements de 1837-1838, Lord Durham dépose son rapport, le rapport Durham. Celui-ci affirme que le principal problème est le conflit ethnique qui subsiste à Montréal car, celui-ci a détourné une évolution politique naturelle en une guerre entre deux peuples. La solution est donc, selon lui, l'assimilation complète des Canadiens-Français, car l'Amérique du Nord est destinée à être britannique. Pour en arriver à cela, il faut, selon lui, unir les deux Canadas pour empêcher les Canadiens-Français de dominer à l'assemblée. Finalement, il propose de donner la responsabilité ministérielle à la population.
    Ce rapport très controversé provoque bien des réactions dans les deux camps. Les Canadiens-Français l'apprécient pour ce qui est de l'assimilation. En effet, Durham affirme que les Canadiens-Français sont un peuple sans histoire et sans culture, inférieur au peuple anglais. Cette déclaration est totalement fausse, raciste et inacceptable, et il est parfaitement normal que les Canadiens-Français s'insurgent face à ce rapport.
    Quant au gouvernement britannique, il n'est d'accord qu'en parti avec les idées de Durham. Il accepte ses propositions, sauf le gouvernement responsable.





"Quand je serai parti... vous vivrez encore."